Journaliste : Florence Reinson

Mise à jour le dimanche 20 novembre 2011 à 19 h

Où vont vos dons ?

« Aujourd’hui, on n’a plus le droit ni d’avoir faim ni d’avoir froid » chante depuis 1986 un regroupement d’artistes français, Les Enfoirés, au profit des Restos du cœur`.

Sans les organismes d’aide aux sans-abri et la générosité de monsieur et madame Tout-le-Monde, les itinérants seraient encore plus démunis. « À tous les recalés de l'âge et du chômage, les privés du gâteau, les exclus du partage, si nous pensons à vous, c'est en fait égoïste, demain, nos noms, peut-être grossiront la liste (Jean-Jacques Goldman) ».

Un couplet qui n’a pas pris une ride 25 ans plus tard, car le phénomène de l’itinérance reste bien présent dans toutes les sociétés, même les plus développées. Malgré le dévouement de certains pour leur prochain, plusieurs démunis ne sont pas facile à atteindre. C’est le cas des sans-abri. Si nombre d’entre eux se rendent à la soupe populaire, peu fréquentent les locaux de l’Armée du Salut et autre Moisson Winnipeg.

Quoi qu'il en soit, pour remplir les ventres des moins nantis, les dons en nourriture sont d’un grand secours. Toutefois, l’argent reste le nerf de la guerre.

Quel cheminement prendra votre contribution ? Un don financier, par carte de crédit, chèque ou argent comptant, arrive directement dans les caisses de l’organisme privilégié, en contrepartie duquel un reçu sera remis pour les impôts.

À l’Armée du Salut, les dons en argent reçus sont envoyés au bureau central, enregistrés et un reçu est remis dans les dix jours. « Par dollar reçu, 86 cents sont injectés dans les programmes sociaux des services sociaux et 14 cents sont utilisés pour les frais de gestion », explique Michel Tassé, secrétaire divisionnaire des relations publiques et du développement pour le Québec de l’Armée du Salut.

L’argent amassé durant une année sera utilisé l’année suivante. Au Québec, ce sont quelque 10 millions de dollars qui sont injectés par an dans les programmes sociaux (hébergement, dépannage alimentaire, programmes pour toxicomanes…) de l’Armée du Salut.

Nourrir les bouches

Quant aux dons alimentaires, apportés directement à l’organisme de charité ou collectés sur place, ils sont acheminés à l’entrepôt central de l’Armée du Salut avant d’être redistribués, la journée même, dans ses différentes unités. En cas de surplus de nourriture, celle-ci procède à des échanges avec d’autres organismes.

Puisque les sans-abri ne vont pas à l’Armée du Salut, c’est elle qui va à leur rencontre en leur distribuant dans la rue, quatre soirs par semaine, un sandwich et une soupe. L’organisme religieux fournit ainsi 200 repas par jour à Montréal.

Le processus n’est guère différent du côté de Moisson Winnipeg qui enregistre chaque don en nourriture comme elle le fait pour un don financier. L’an dernier, Moisson Winnipeg a reçu 10 millions de livres de nourriture.

« La nourriture provient des particuliers, mais aussi d’entreprises, d’églises, de supermarchés, de fermes ou d’autres organisations », explique Meghan Pesclovitch, codirectrice du département des bénévoles de Moisson Winnipeg. « 49 000 personnes sont venues chercher de l’aide auprès de Moisson Winnipeg en 2010, soit près de 10 000 de plus qu’en 2009 », indique la codirectrice.

Parmi ces personnes, seuls trois sans-abri se sont présentés à Moisson Winnipeg, mais beaucoup de personnes qui sont proches de se retrouver à la rue viennent chercher de quoi subvenir à leur faim auprès de l’organisme.

Cela prend environ une semaine pour distribuer les aliments non périssables et un ou deux jours pour les aliments frais, indique Mme Pesclovitch, avant d’insister sur l’importance des dons en monnaie sonnante et trébuchante. « Pour chaque dollar versé, on peut fournir pour 20 $ de nourriture. Cependant, la plupart des dons financiers sont utilisés pour couvrir les frais de fonctionnement », précise-t-elle.

Un peu de chaleur

Nombre d’oeuvres de charité collectent et distribuent également des vêtements. À l’Armée du Salut, les conteneurs à vêtements sont relevés en général tous les jours, en fonction des secteurs où ils se trouvent. Leur contenu est livré à l’entrepôt de l’organisme où des personnes effectuent le tri, cinq jours par semaine.

Les sans-abri ne se déplaçant généralement pas pour trouver à se vêtir, c’est l’Armée du Salut qui se déplace dans la rue pour leur apporter des bas neufs et des couvertures.

À la veille de l’hiver et des Fêtes de fin d’année, les bénévoles s’activent à mettre un peu de baume au coeur des sans-logis et à apporter un peu de chaleur dans leurs abris de fortune. Plus que les dons financiers et alimentaires, faire cadeau d’un peu de temps n’a pas de prix.