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Une équipe de hockey unie. Des jeunes qui avaient l’avenir devant eux. Un terrible accident qui a marqué le pays tout entier.

Le récit qui suit est basé sur des informations publiées dans plusieurs grands médias canadiens pendant les mois qui ont suivi l’accident de Humboldt et sur les déclarations d’impact des victimes. Les illustrations sont une interprétation des événements.

Il y a de ces journées qui marquent profondément une ville, un pays, une communauté, une nation. Certaines que l'on aimerait revivre pour l'éternité. Et d'autres que l'on souhaiterait effacer à jamais. Comme ce jour sombre du 6 avril 2018, à Humboldt, une petite ville de quelque 6000 habitants en plein cœur de la Saskatchewan.

Une équipe de hockey qui se rend en autobus dans une ville avoisinante pour un match. Un conducteur de poids lourd inexpérimenté et brouillon. Une série de hasards. Un arrêt obligatoire ignoré, suivi d’une collision affreusement violente.

Une scène de fin du monde.

Résultat : 16 morts, 13 blessés. Et des dizaines de vies brisées.

C’est un matin clair et frais d’avril.

Comme prévu, les joueurs des Broncos de Humboldt, des jeunes âgés de 16 à 21 ans qui forment l’équipe de hockey junior locale, se présentent à l’aréna Elgar Peterson pour l’entraînement matinal. Ils sont souriants malgré le fait qu’ils viennent, deux jours plus tôt, de perdre le quatrième match de la série demi-finale contre les Hawks de Nipawin – une cruelle défaite de 6-5 en troisième période de prolongation. Ils font maintenant face à l’élimination. Toutefois, le groupe de jeunes hommes fougueux et athlétiques, soudés par leur amitié, leurs chevelures temporairement teintes en blond et leurs barbes des séries, demeure confiant.

L’équipe des Broncos de Humboldt compte 24 joueurs originaires de l’ouest du Canada, âgés de 16 à 21 ans.
Une collision entre un semi-remorque et le bus de l'équipe de hockey des Broncos de Humboldt a tué 16 personnes, dont plusieurs joueurs, et l'entraîneur-chef, le 6 avril dernier.Photo : Twitter / Humboldt Broncos

En plus d’être le maire de Humboldt, Rob Muench est photographe. Le soir de la défaite crève-cœur, sans raison particulière, il avait pris beaucoup de photos du match et de la foule. 1 Il en avait inexplicablement ressenti l'envie.

À Humboldt, la passion pour les Broncos se transmet d’une génération à l’autre. En moyenne, c’est presque 20 % de la population de la ville qui assiste aux matchs. Les joueurs sont sollicités de partout : ils visitent les équipes de hockey mineur pendant leurs entraînements et vont parfois jusqu’à servir des repas chauds dans les écoles.

Les citoyens sont en symbiose avec les Broncos et leur offrent leur soutien inconditionnel.

Les joueurs enfilent comme prévu leur équipement en ce vendredi matin pour un léger entraînement en prévision du match qui doit se tenir en soirée chez leurs grands rivaux, à un peu plus de deux heures de route.

L’entraîneur adjoint Chris Beaudry est persuadé que l’équipe est encore dans le coup et qu’elle remportera cette série. Après tout, les Broncos n’étaient même pas censés remporter leur série précédente.

Fidèles à leurs habitudes, les joueurs se rendent ensuite au restaurant Johnny’s Bistro 1 , dont l’une des propriétaires héberge trois joueurs de l’équipe, pour casser la croûte. Ils passent l’heure à consulter leur téléphone et à parler de tout et de rien.

Après le repas, ils retournent à l’aréna, ramassent leurs choses, puis visionnent quelques vidéos. La routine habituelle des jours de match.

En milieu d’après-midi, dans le stationnement de l’aréna, joueurs et membres du personnel de l’équipe – en tout, 29 personnes – montent dans l’autobus.

L’entraîneur-chef Darcy Haugan, 42 ans, originaire de Peace River, en Alberta, est marié et père de deux garçons. Pour lui, les Broncos ne se bornent pas à produire des joueurs de hockey; ils forment surtout d’extraordinaires jeunes citoyens.

Jeune fille qui tient une pancarte en soutien aux Broncos de Humboldt
Famille de Xavier Labelle
En prévision du match du 6 avril 2018, la sœur de Xavier LaBelle, Viviana, âgée de 9 ans, avait préparé une pancarte d'encouragement pour le match de son frère. Photo fournie par la famille LaBelle. Photo : Famille de Xavier Labelle
En prévision du match du 6 avril 2018, la sœur de Xavier LaBelle, Viviana, âgée de 9 ans, avait préparé une pancarte d'encouragement pour le match de son frère. Photo fournie par la famille LaBelle. Photo : Famille de Xavier Labelle

À proximité, il y a l’entraîneur adjoint Mark Cross, 27 ans, un ex-joueur de la Ligue de hockey junior de la Saskatchewan qui a aussi joué cinq ans à Toronto, pour l’Université York.

Seule femme à bord, Dayna Brons, 24 ans, thérapeute de l’équipe. Née à une trentaine de kilomètres de Humboldt, elle est diplômée en kinésiologie et en études de la santé de l’Université de Regina.

Tyler Bieber, 29 ans, descripteur des matchs des Broncos et journaliste à la station de radio Bolt FM de Humboldt, laisse un message à sa mère pour lui dire qu’il se trouve à bord de l’autobus, question de la rassurer. Bieber en est à sa première saison comme descripteur. Il prend souvent sa propre voiture pour se rendre aux matchs. Mais pour sa mère, comme pour plusieurs, l’autobus semble plus sécuritaire.

Bieber est accompagné d’un jeune collègue, Brody Hinz, 18 ans. Statisticien bénévole, il connaît sur le bout de ses doigts les moindres détails des Broncos.

Dans le siège du conducteur se trouve Glen Doerksen, 59 ans, un routier expérimenté. Un mordu de hockey qualifié d’excellent chauffeur. Au fil des ans, il a souvent ramené des équipes saines et sauves chez elles dans de mauvaises conditions climatiques.

L’entraîneur adjoint Chris Beaudry, lui, n’est pas dans l’autobus. 2 Il ne voyage pas avec l’équipe pour les matchs qui ont lieu à l’est de Humboldt. Il vit à Saint-Front. Se rendre vers l’ouest, à Humboldt, pour monter dans un bus qui repassera plus tard pratiquement devant chez lui, en route vers Nipawin, n’aurait aucun sens. Ce jour-là, il prend donc sa propre voiture.

Malade, l’attaquant Mitchell Girolami ne fait pas le voyage.

Vers 15 h, c’est le grand départ : le conducteur Doerksen, originaire du petit village de Carrot River, lance l’autobus sur la route en direction de Nipawin.

C’est justement à Carrot River, à quelque 200 km de Humboldt, que Jaskirat Singh Sidhu démarre son camion poids lourd à deux remorques remplies de tourbe, après une pause d’environ cinq heures. Direction Alberta.

Sidhu, 30 ans, est nouveau dans le métier. Il a été embauché à peine trois semaines plus tôt par l’entreprise Adesh Deol Trucking, de Calgary, et en est à sa toute première semaine seul au volant de son mastodonte. Il n’est aucunement familier avec la Saskatchewan et ses routes.

À 50 km de l’accident, il s’arrête pour consulter une carte routière, puis reprend la route.

Plus tard, il s’arrête une fois de plus pour resserrer les bâches à l’arrière du semi-remorque, puis continue son chemin.

Peu avant 17 h, dans sa maison de Tisdale, Myles Shumlanski voit passer devant chez lui l’autobus qui transporte son fils Nick et le reste des Broncos. Il en informe sa femme Vivian, qui se prépare à aller voir le match. 3

Illustration des joueurs des Broncos de Humboldt dans un autobus
Radio-Canada
Photo: Les Broncos de Humboldt  Crédit: Radio-Canada

Dans l’autobus, l’attaquant Nick Shumlanski montre à son coéquipier Kaleb Dahlgren sa maison familiale. Deux rangées devant eux, Parker Tobin se retourne et leur lance à la blague : « Tout le monde s’en fiche! » Tous les gars éclatent de rire. 4

Tobin, un gardien de but de 18 ans originaire de Stony Plain, en Alberta, avait commencé la saison avec les Saints de Spruce Grove avant d’être échangé aux Broncos en novembre. Articulé, vif d’esprit et souriant de nature, il avait vite fait sa place dans le groupe.

La veille, son père, Edward Tobin, lui avait envoyé un message texte lui souhaitant bonne chance pour ce match crucial. Parker avait simplement répondu : « Merci papa. » 5

Dahlgren, un attaquant, se dit alors qu’il doit se concentrer pour le match. Il enfile ses écouteurs et baisse la tête.

L’autobus, qui file vers le nord, s’approche de l’intersection de la route A-335.

Le camion, qui roule vers l’ouest, s’approche de l’intersection de la route A-35.

Il fait soleil, le ciel est clair. Il est près de 17 h. Le semi-remorque fonce à une vitesse située entre 86 et 96 km/h. Rien n’empêche le conducteur de voir les quatre panneaux successifs précédant l’intersection, le prévenant d’un arrêt obligatoire imminent. Plus loin, le panneau d’arrêt, surdimensionné (1,2 mètre de diamètre), est bien visible et accroché à un poteau surplombé d’une lumière clignotante rouge.

Mais le camion ne s’arrête pas, pas plus qu’il ne ralentit.

L’autobus, lui, qui n’est plus qu’à une vingtaine de minutes de sa destination, roule vers le nord à une vitesse semblable et n’a pas à s’arrêter à cette intersection appelée Armley Corner, à une trentaine de kilomètres au nord de Tisdale.

Pascale Nadeau annonce la tragédie des Broncos

Matthieu Gomercic, un attaquant de 20 ans, sommeille à l’arrière de l’autobus1 quand le conducteur lance un grand « Whoa! » qui fait sursauter les passagers.

Le véhicule est à 24 mètres de l’intersection quand Glen Doerksen appuie aussitôt, brusquement et désespérément, sur les freins.

Quelques joueurs ont le réflexe de se lever pour voir ce qui se passe devant l’autocar. Gomercic entend crisser les pneus, mais se dit que le conducteur tente sûrement d’éviter un animal, comme cela arrive souvent. Il n’en fait pas de cas.

Le poids lourd obstrue complètement l’intersection quand l’autobus entre en collision de plein fouet avec la première des deux remorques.

L’impact est d’une violence inouïe.

L’espace d’une fraction de seconde, Gomercic entend comme un bruit d’explosion, puis perd conscience.

La partie avant de l’autobus se désintègre sous la force du choc. La remorque du camion est pulvérisée. Chargement et débris sont répandus sur des dizaines de mètres. Des fragments de toutes sortes pleuvent sur une voiture qui venait de faire son arrêt obligatoire du côté ouest.

Les carcasses des deux véhicules s’immobilisent en bordure nord-ouest de l’intersection, parmi les paquets de tourbe.

La vie de 29 familles liées au Broncos de Humboldt vient de basculer à jamais.

vue aérienne du lieux de l'accident de la route des Broncos de Humboldt
La Presse canadienne / JONATHAN HAYWARD
Photo: La cargaison transportée par le semi-remorque s’est répandue sur le sol à la suite de l’impact.   Crédit: La Presse canadienne / JONATHAN HAYWARD

Assise dans sa Buick Century rouge immobilisée à l’intersection, Kelsey Fiddler a tout vu. Sous le choc, elle tremble en réalisant que le fait d’avoir réussi à déplacer légèrement, d’un vif coup de volant, sa voiture pour éviter les deux mastodontes a sauvé non seulement sa propre vie, celles de ses fils de 7 et 11 ans, qui l’accompagnent, mais aussi celle du bébé de 28 semaines qu’elle porte en elle. 6

Elle prend une profonde respiration et compose le 911. « Des gens sont blessés. Pouvez-vous venir immédiatement? »

Elle interdit à ses deux fils de regarder en direction de ce qu’il reste des deux véhicules.

Peu après, le téléphone sonne chez Myles Shumlanski, qui a vu passer l’autocar quelques minutes plus tôt. Au bout du fil, son fils Nick crie, paniqué : « Nous avons eu un accident! »5

Myles et la mère de Nick sautent aussitôt dans l’auto et filent vers les lieux de la collision. Ils s’attendent simplement à y trouver un autobus dans le fossé.

Mais en arrivant sur place, ils saisissent toute l’ampleur du drame.

Nick les voit et se dirige vers eux. Miraculeusement, il peut marcher. Ses parents l’assoient dans l’auto et vont s’occuper des autres, gravement blessés. Les automobiles s’arrêtent une à une, et leurs occupants en sortent pour venir en aide aux victimes. « Le chaos », dira Myles.

Jessica Brost, ambulancière de carrière, est nouvelle propriétaire du service de techniciens ambulanciers North-East EMS, à Nipawin, depuis six jours. Elle s’apprête à aller chercher ses enfants à la garderie quand elle reçoit un appel de la centrale 1. « Semi-remorque contre autobus. Trente-cinq patients. » Elle demande immédiatement à ce qu’on appelle tous ses employés. Plusieurs croient mal entendre le nombre de victimes.

Jessica Brost craint d’abord un accident impliquant un autobus scolaire, mais se ravise aussitôt en réalisant que les écoles sont fermées ce jour-là.

En route vers la scène, elle et son partenaire Barry se rappellent qu’un match de hockey est prévu à Nipawin en soirée, et songent alors à un autobus de partisans. « Ou… les Broncos de Humboldt », lance Barry. 7

Sur le trajet, Jessica prévient les hôpitaux de Nipawin et de Tisdale de se préparer au pire.

« À l’école, on rêvait de travailler lors de graves accidents, racontera-t-elle. Mais une fois qu’on le vit, une fois sur place… Cet accident dépassait tous les scénarios horribles ou dramatiques qu’on avait pu imaginer. »

Jessica et Barry arrivent à l’intersection et sont consternés devant l’état des lieux. Ambulanciers, policiers, pompiers et témoins sont déjà sur place.

Mes collègues ont dit qu’ils n’entendaient rien, tandis que d’autres ont affirmé que le bruit était assourdissant, se souviendra-t-elle. Nous, nous n’entendions rien : étrangement silencieux et concentrés, nous nous étions isolés de tout ce qui se passait à l’extérieur.

Matthieu Gomercic, allongé au sol après avoir été éjecté de l’autocar, reprend connaissance. « Je me souviens de m’être relevé, je regardais autour de moi », se rappellera-t-il. Il peut bouger ses jambes. Son visage est couvert de sang et il lui manque une dent. Il aperçoit trois coéquipiers qui marchent eux aussi.

Un premier répondant le prend alors par les épaules, lui dit qu’il ferait mieux de ne pas marcher, puis le conduit vers un véhicule.

Pendant sa marche, il se croit en train de dormir. Une pensée martèle sans cesse son esprit : « Quand vais-je me réveiller? » 8

Je pensais que c’était un rêve... un cauchemar, racontera-t-il plus tard. À chaque pas, je me posais la question : Mais quand est-ce que je vais me réveiller?

À un certain moment, il se retourne en entendant les cris de coéquipiers. « Je savais que je ne pouvais rien faire pour les aider », dira-t-il.

Il s’assoit alors dans le véhicule et on lui remet un téléphone pour qu’il appelle ses parents. Après quelques minutes, Matthieu Gomercic se met à pleurer.

Un hélicoptère se pose sur les lieux d'un accident de la route
650 CKOM/980 CJME
Photo: Le 6 avril 2018, des blessés ont dû être transportés par hélicoptère.  Crédit: 650 CKOM/980 CJME

Le capitaine des Hawks, Carter Doerksen, est toujours l’un des premiers à se présenter à l’aréna Centennial de Nipawin les soirs de match, vers 17 h : « Des gars qui arrivaient à l’aréna disaient avoir été dépassés par quatre ou cinq voitures de police, ambulances et camions de pompiers. Nous savions que quelque chose se passait, mais il fallait quand même essayer de nous concentrer sur le hockey. Après tout, l’équipe de Humboldt devait débarquer sous peu. » 1

Dans sa voiture, l’entraîneur adjoint Chris Beaudry arrive sur les lieux une quinzaine de minutes après l’impact. « Je ne pouvais pas comprendre rationnellement ce que je voyais » 5, avouera-t-il.

Sept ans auparavant, Beaudry avait été impliqué dans l’accident de l’autobus de son équipe de hockey sénior. Aucun membre de l’équipe n’avait perdu la vie, mais les deux occupants de la voiture qui avait embouti l’arrière de l’autobus étaient morts. Beaudry avait été sérieusement blessé à une jambe.

Toutefois, ce qu’il a sous les yeux cette fois-ci est d’un tout autre ordre.

Tenu à l’écart du lieu de l’impact par les autorités, il monte dans un camion de pompiers et, impuissant, regarde la scène pendant une vingtaine de minutes.

Le portrait est horrible. Ambulanciers et sauveteurs improvisés tentent de venir en aide aux victimes du mieux qu’ils le peuvent. Plusieurs sont mortes sur le coup. Le fait que les joueurs soient presque tous teints en blond rend difficile leur identification.

Il fait froid. « Des gens qui sont arrivés très tôt sur les lieux, des gens des alentours j’imagine, ont amené des couvertures, se rappellera plus tard Jessica Brost. Je me suis dit : “Mais qui possède autant de couvertures à la maison?” Nous étions sur un code 4, avec les sirènes, et les victimes étaient déjà recouvertes quand nous sommes arrivés. J’ignore comment ils ont fait pour être là avant nous. Il y avait 20 couvertures. Je ne sais pas d’où elles venaient. » 1

Les premiers répondants utilisent un système d’étiquettes de couleurs pour afficher l’état des victimes : une étiquette verte ou jaune sur les blessés légers, une étiquette rouge pour les blessés graves et une étiquette noire pour ceux qui n’ont pas survécu. Ce soir-là, l’étiquette fixée à la plupart des victimes est rouge ou noire.

Certains accidentés sont envoyés à l’Hôpital de Nipawin, d’autres à celui de Tisdale.

Dans les hôpitaux, la réaction est immédiate et les secours s’organisent. Médecins, infirmières et autres membres du personnel qui ne sont pas au travail sont appelés en renfort ou se présentent au boulot d’eux-mêmes.

Bernadine et Toby Boulet suivent d’une quinzaine de minutes l’autobus dans lequel se trouve leur fils Logan, un défenseur de 21 ans.

Arrivés sur les lieux du drame, ils s’arrêtent, paniqués, et le cherchent partout, sans succès. Puis, ils apprennent qu’il a été transporté à Nipawin. Une fois sur place, on les informera que Logan a, depuis, été transféré à Saskatoon. 9

Durant leur trajet de trois heures, ils apprendront que leur fils est blessé à la colonne vertébrale et qu’il a subi un important traumatisme crânien.

À Nipawin, les joueurs des Hawks sont en train de se préparer pour le match quand leur entraîneur, Doug Johnson, les réunit pour leur annoncer que l’équipe de Humboldt a eu un accident et que le match est annulé.

Dans ce coin de pays, la communauté de hockey est tissée serrée. Les joueurs des différentes équipes se connaissent bien. Le capitaine Carter Doerksen invite donc les joueurs intéressés à se réunir dans le vestiaire pour prier.

"Ils sont tous venus, racontera-t-il plus tard. Nous nous sommes assis et avons prié. Des gars pleuraient. Nous ne pouvions faire rien d’autre." 1

Rapidement, des bribes d’information se répandent à travers l’Ouest canadien, d’où proviennent tous les occupants de l’autobus.

Peu après 17 h, le frère du défenseur Xavier LaBelle, Isaac, en panique, appelle ses parents, qui se rendent aussi à Nipawin pour le match, pour les informer de l’accident. Sa mère, Tanya, tente de joindre Xavier, en vain. Elle téléphone immédiatement à la mère de pension de Xavier, Rene Cannon, qui héberge aussi deux autres joueurs de l’équipe, Adam Herold et Logan Hunter, question de savoir si elle est au courant de ce qui se passe. Elle n’en sait malheureusement pas davantage. 1

Peu après 18 h, le Dr Paul LaBelle, sa femme Tanya et leur fille de 9 ans Viviana arrivent près de la scène de l’accident. Instinctivement, l’urgentologue à Saskatoon empoigne son sac médical dans sa voiture et court en direction de la carcasse de l’autocar.

« Rien ne peut préparer un parent pour le carnage déchirant qui se trouvait devant moi », affirmera-t-il après coup. 5

Immobilisé devant les restes de l’autocar et du semi-remorque, il est approché par un agent de la Gendarmerie royale du Canada (GRC) qui l’empêche d’aller plus loin, lui conseillant plutôt d’aller rejoindre sa femme et sa fille, puis de se rendre à l’église de Nipawin.

« Les visages. Les voix. Les bruits. Les véhicules. Les ambulances et les hélicoptères. La panique. L’agonie. L’horreur », sera la description des lieux que fera Tanya LaBelle. 5

Un véhicule d'urgence qui bloque la route
Getty Images / KYMBER RAE
Photo: Un périmètre de sécurité a été érigé autour de la scène de l’accident pour limiter l’accès à celle-ci  Crédit: Getty Images / KYMBER RAE

Le pasteur des Broncos Sean Brandow a déjà reçu des messages textes lui annonçant qu’il y avait eu un accident quand il arrive sur les lieux de la collision.

« Nous sommes arrivés… et avons marché jusqu’à une scène que je ne veux plus jamais voir, jusqu’à des sons que je ne veux plus jamais entendre, dira-t-il lors d’une vigile qui se tiendra deux jours après l’accident. 10

Dès le premier moment, ce fut le chaos. Tout ce que j’ai pu faire, c’est toucher un gars que l’on plaçait sur une civière. Je savais que je ne pouvais rien faire là. Je devais me rendre à l’hôpital.

Un périmètre de sécurité est érigé autour des restes des deux véhicules.

Scott Thomas, père du joueur de 18 ans des Broncos Evan Thomas, se trouve dans la voiture de la famille du gardien partant des Hawks, Declan Hobbs, en route vers Nipawin en provenance de Saskatoon pour assister au match.10 Les deux jeunes adversaires se connaissent bien pour avoir joué au hockey mineur ensemble, au point où leurs parents sont devenus amis.

Soudain, un téléphone sonne. C’est Declan. La conversation est mise sur le haut-parleur. Ne sachant pas que M. Thomas est dans la voiture, le joueur dit à ses parents qu’ils feraient mieux de rebrousser chemin et de retourner à la maison. Il les informe que l’autobus des Broncos a été impliqué dans un grave accident avec un semi-remorque.

« Pendant que nous roulions, une ambulance est passée, une deuxième ambulance est passée, une troisième ambulance est passée, racontera Scott Thomas. Alors nous savions que c’était de mauvais augure. »

M. Thomas arrive sur les lieux du drame. Lui-même un ancien hockeyeur, il connaît l’ordre hiérarchique qui dicte l’emplacement des joueurs dans l’autobus d’une équipe de hockey junior.

Son fils Evan, un ailier droit, en est à sa première saison avec les Broncos.

« Quand nous nous sommes arrêtés et que nous avons vu que l’avant de l’autocar était parti, ma tête savait, à ce moment-là », avouera-t-il.

Nous avons couru pour nous approcher, mais des agents de la GRC nous ont arrêtés; un policier a dit que nous ne pouvions aller plus loin et qu’il y avait eu des victimes, se souviendra Scott Thomas. Nous sommes restés là aussi longtemps que nous avons pu, aussi près que possible.

Un agent les dirige finalement vers l’église de Nipawin.

Le téléphone sonne chez Rob et Joanne Gomercic, à Winnipeg. C’est leur fils Matthieu. Ce qu’il leur raconte est un peu flou et incomplet. Il les informe qu’il y a eu un accident, qu’il s’en est tiré et que, selon lui, c’est le cas aussi de ses coéquipiers.

Peu après, un autre parent téléphone aux Gomercic pour leur dire que Matthieu a été transporté à l’Hôpital de Tisdale par ambulance. Il n’en sait pas plus.

Rob et Joanne, accompagnés par leur fille Danica et par la copine de Matthieu, Jessica, sautent alors dans leur voiture en direction de Tisdale. Pendant le trajet de huit heures, ils apprendront que Matthieu a été transféré à l’Hôpital de Saskatoon, sans savoir ce qu’ils devraient déduire de ce transfert.

À Edmonton, un peu avant 18 h, la famille de Jaxon Joseph reçoit aussi un appel lui annonçant que l’autobus des Broncos a eu un accident. Le père, Chris, qui a joué au-delà d’une décennie dans la Ligue nationale de hockey, tente aussitôt de joindre son fils sur son cellulaire quatre fois, sans succès. Devant ce silence, il saute dans son camion, avec sa femme Andrea, pour faire la route de leur résidence albertaine vers Nipawin. Un trajet de plus de cinq heures.

Jaxon Joseph avait été échangé aux Broncos au début du mois de novembre. Nous avons couru pour nous approcher, mais des agents de la GRC nous ont arrêtés; un policier a dit que nous ne pouvions aller plus loin et qu’il y avait des victimes, se souviendra Scott Thomas. Nous sommes restés là aussi longtemps que nous avons pu, aussi près que possible.

Des parents de joueurs des Hawks de Nipawin attendent pour offrir du soutien
Kymber Rae
Photo: Dans la nuit du 6 au 7 avril, des parents de joueurs des Hawks de Nipawin attendaient dans l’espoir de pouvoir offrir du soutien aux familles des joueurs des Broncos.  Crédit: Kymber Rae

Vers 18 h, la GRC publie un communiqué annonçant que des officiers sont sur les lieux d’un « sérieux accident de la route » à l’intersection des routes 35 et 335 et demande aux automobilistes d’éviter ce secteur. Moins d’une heure et demie plus tard, le corps policier confirme qu’il s’agit bel et bien d’un autobus transportant une équipe de hockey et qu’il y a des morts et des blessés, sans en confirmer le nombre.

En début de soirée, l’église apostolique de Nipawin devient le lieu de regroupement pour les familles des victimes, où du soutien psychologique les attend.

Chaque parent tente tant bien que mal de contenir ses émotions malgré le chaos, l’inquiétude et l’information qui se fait attendre. « Des mères pleuraient et faisaient les cent pas, racontera le pasteur de l’endroit, Jordan Gadsby. Elles ne parvenaient pas à savoir si leur fils était vivant ou non. » 11

Les parents qui se trouvent à l’Hôpital de Tisdale sont invités à se rendre dans une salle de réunion en attendant qu’on puisse les informer davantage. La mère de l’attaquant de 20 ans et capitaine des Broncos Logan Schatz voit des parents sortir de la salle, parler aux médecins, puis revenir en larmes. Elle entend ensuite son nom. Elle sait ce qu’on s’apprête à lui annoncer.

Ses autres enfants l’appellent sans cesse. Elle n’a d’autre choix que de leur annoncer la terrible nouvelle au téléphone.

En ce 6 avril 2018, la sœur de Logan Schatz, Meagan Hartley, célèbre son vingt-quatrième anniversaire. « Maintenant, chaque fois que je vais célébrer mon anniversaire, je vais avoir l’horrible sentiment que c’est une année de plus dans ma vie où il n’a pas été avec moi, dira-t-elle plus tard. Une année de plus avec des conversations impossibles à avoir, des souvenirs impossibles à créer, sans avoir vu ou entendu son sourire et son rire contagieux. » 5

Peu après 20 h, le premier ministre de la Saskatchewan Scott Moe publie un message de condoléances sur son compte Facebook : « Les mots ne peuvent décrire l’ampleur de notre perte ce soir. »

Le premier ministre du Canada Justin Trudeau réagit sur Twitter à 21 h 33 : « Je ne peux imaginer ce que ces parents traversent. »

À mesure que les informations se propagent, des dizaines de résidents de Humboldt se rendent instinctivement à l’aréna des Broncos pour encaisser le coup et se recueillir, en groupe.

« Il y a des gens, assis dans les gradins, sous le choc, affirme alors le maire Muench. Ils ne savaient pas quoi faire. [...] C’est une tragédie non seulement pour Humboldt, mais pour le monde du hockey partout. Plusieurs joueurs provenaient des provinces avoisinantes, et de partout au pays. C’est très, très difficile à encaisser. » 3

Un casque de hockey
Un casque de hockeyPhoto : Radio-Canada

Peu après leur arrivée à l’Hôpital de Saskatoon, Bernadine et Toby Boulet sont amenés dans une petite salle de l’unité des soins intensifs où on leur annonce un terrible constat : tout indique que leur fils Logan ne s’en tirera pas.

Après avoir encaissé le choc initial, Bernadine Boulet se tourne vers le médecin : « Et s’il donnait ses organes? Serait-ce possible? » Son mari réagit immédiatement : « C’est ce que Logan voulait! » 10

Toby Boulet n’en avait jamais parlé, mais lui et son fils avaient eu une conversation à ce sujet un soir, l’été précédent. Logan avait décidé de poser ce geste en l’honneur d’un ex-entraîneur disparu.
Il avait finalement signé sa carte de don d’organes le jour de son vingt et unième anniversaire, le 2 mars, cinq semaines avant l’accident.

Pendant la soirée, la mère de Parker Tobin publie un mot sur Twitter, qu’elle qualifie de l’une des plus difficiles publications qu’elle ait jamais faites. « Parker est présentement dans un état stable et est transporté par hélicoptère à l’Hôpital de Saskatoon. Merci à tous pour vos gentils messages. S’il vous plaît, continuez de prier pour sa famille de Humboldt. »

Sylvie Kellington est styliste au Jenga’z Salon, à Humboldt, là où les joueurs des Broncos se sont fait teindre les cheveux. C’est son mari, qui est au travail et avec qui elle échange des messages textes, qui lui apprend qu’il y a eu un accident. Ébranlée, elle contacte une amie, Cailin Hergott, par Facebook. Secouées par l’ampleur du drame, les deux femmes veulent absolument venir en aide aux proches des victimes qu’elles imaginent dévastés.

En utilisant son téléphone, Sylvie Kellington crée alors une collecte de fonds sur le site GoFundMe. Les deux femmes fixent l’objectif à 10 000 $, mais songent à le réduire de moitié pour ne pas paraître gourmandes. « Notre but était de payer le café, le stationnement à l’hôpital, et peut-être les repas, expliquera plus tard Cailin Hergott. Nos objectifs étaient limités parce que nous ne pensions pas que ça irait très loin. » 12

Vingt-quatre heures plus tard, elles auront déjà amassé 2,2 millions de dollars.

Scott Thomas et son groupe arrivent à l’église de Nipawin, comme la famille de plusieurs autres joueurs des Broncos.

« Tous les parents des vétérans ont commencé à recevoir des appels : “Nous avons votre garçon, venez à l’hôpital”, se rappellera M. Thomas. Le temps passe et à la fin de la soirée, ce sont principalement les parents des joueurs recrues qui restent. Ensuite, évidemment, la police a eu la conversation avec nous. » 10

Vers 23 h 15, les Broncos de Humboldt publient une courte déclaration. « La famille des Broncos est sous le choc tandis que nous tentons d’accepter notre immense perte. »

La soirée s’étire jusqu’à la nuit.

Un véhicule d'urgence la nuit qui bloque la route
La Presse canadienne / Matthew Smith
Photo: Plusieurs heures après la collision mortelle, les services d’urgence étaient toujours sur place.   Crédit: La Presse canadienne / Matthew Smith

Après plus de cinq heures de route, la famille de Jaxon Joseph arrive à l’Hôpital royal universitaire de Saskatoon. On lui annonce qu’elle doit aller jeter un œil aux corps pour déterminer si l’un d’eux est Jaxon. Chris Joseph enlève les bas des pieds de son fils et les met dans sa poche. Neuf mois plus tard, lors de la déclaration d’impact des victimes de l’accident, en cour, les bas s’y trouveront encore. 10

Peu après 3 h, le père de l’attaquant Derek Patter, R.J., publie sur Twitter une photo qui deviendra vite virale. On y voit Derek et ses coéquipiers Graysen Cameron et Nick Shumlanski éveillés, couchés dans leur lit d’hôpital et se tenant la main. La photo suscitera des messages d’appui immédiats de partout au Canada, des États-Unis, de Grande-Bretagne, d’Irlande, d’Allemagne, du Danemark.


Vers 5 h, les proches de Matthieu Gomercic arrivent enfin à l’Hôpital de Saskatoon. Ils croisent les parents d’un autre joueur, qui apprendront bientôt que leur fils n’a pas survécu.
Peu après, une infirmière informe les Gomercic que Matthieu va s’en tirer.

« Nous n’étions pas certains à 100 % tant que nous ne l’avions pas touché, dira son père. Quand je l’ai vu sourire, j’ai su qu’il était correct. J’étais heureux de pouvoir le serrer contre moi. Je ne peux mettre des mots sur ce que je ressentais. Un soulagement. Juste à le voir sourire. » 8

Quelques jours plus tard, Matthieu Gomercic, qui a subi une commotion cérébrale et une séparation de l’épaule dans l’accident, continuera parfois à envoyer des messages textes à ses coéquipiers décédés « dans l’espoir que, peut-être, je recevrai une réponse. Qu’ils sont peut-être là, quelque part. Vous savez, comme si tout ça n’était qu’un rêve dont quelqu’un a réussi à se tirer et qu’on vient de le retrouver. Quelque chose comme ça ». 8

Au milieu de la nuit, le téléphone de l’entraîneur adjoint Chris Beaudry sonne. Le coroner a besoin de son aide pour commencer à identifier les corps des défunts. Sur le coup, il refuse. Le coroner insiste. « Tu es le seul qui puisse le faire », lui dit-il. Beaudry accepte alors de se rendre dans un salon funéraire de Saskatoon le lendemain. 5

Une rondelle de hockey
Une rondelle de hockeyPhoto : Radio-Canada

Le matin du samedi 7 avril 2018 se lève sur Humboldt. Toute la communauté est abasourdie.

Un peu plus de 48 heures après avoir pris des dizaines de photos lors du fameux quatrième match de la série à l’aréna Elgar Peterson, le maire Rob Muench s’y rend à nouveau, cette fois pour déposer une gerbe de fleurs sur les marches menant aux gradins. Des dizaines de personnes l’imiteront dans les heures qui vont suivre.

Les réactions arrivent de partout. Le président des États-Unis, Donald Trump, publie un message de soutien sur Twitter après avoir offert ses condoléances à Justin Trudeau.

Vers midi, Chris Beaudry arrive au salon funéraire à Saskatoon et procède à l’identification des corps. Une tâche qui lui causera de l’insomnie pendant plusieurs mois. « Je me réveillais en sueurs et ne pouvais me rendormir », dira-t-il.4

Peu après, 14 familles ont une lourde tâche devant elles : voir à leur tour le corps du proche qu’elles ont perdu dans l’accident.

Scott Thomas identifie son fils Evan grâce à une petite marque de naissance sur la joue droite. « Je l’ai embrassé, je lui ai dit sans arrêt que je l’aimais. C’est probablement tout ce que je lui ai dit. » 10

En début d’après-midi, le nombre de 14 morts et 15 blessés est confirmé.

À 13 h, dans une conférence de presse, la GRC indique que le conducteur du poids lourd était le seul occupant de son véhicule et qu’il n’a pas été blessé. On apprend qu’il a d’abord été détenu, puis relâché. On lui a fourni du soutien psychologique et une enquête est en cours pour déterminer les causes de l’accident.

À 15 h, la GRC porte le nombre de décès à 15. Il y a 14 blessés.

La jeune thérapeute Dayna Brons rendra l’âme le mercredi suivant. Elle était une belle et douce personne, dira d’elle sa tante, Audrey Hupfner. C’était plaisant d’être en sa compagnie. Elle riait facilement. Elle était tout simplement une personne très spéciale.  10

En début d’après-midi samedi, Rene Cannon, qui hébergeait Logan Hunter, Xavier LaBelle et Adam Herold, publie sur Twitter une photo de ses trois pensionnaires, ses « fils », dont elle vient d’apprendre le décès. La famille LaBelle commencera lentement, au cours de la fin de semaine, à faire le deuil de Xavier. Paul LaBelle dira même avoir entrepris la tâche inimaginable de planifier les funérailles de notre fils5

Le lendemain, les LaBelle apprendront qu’il y a eu erreur sur la personne. Xavier est en vie. Il a été confondu avec Parker Tobin. Autant tous se réjouiront pour les proches de LaBelle, autant ils partageront la douleur cruelle qui frappera ceux de Tobin, qui le croyaient parmi les blessés. Le moment de gratitude à la suite de cette erreur qui nous redonne l’un de nos gars est le moment de tragédie accablant de quelqu’un d’autre, soulignera Rene Cannon. Je suis reconnaissante envers la mère de pension de Parker Tobin, qui croyait tenir la main de son propre fils de pension, mais qui, au fond, tenait le mien.  10

En soirée, Bernadine et Toby Boulet passent de longues minutes à écouter battre le cœur de leur fils jusqu’au dernier moment. Au bout du compte, son don d’organes permettra de prolonger ou d'améliorer la vie de six personnes. Plus tard, le président de la Ligue de hockey junior de la Saskatchewan, Bill Chow, fondra en larmes en donnant sa conférence de presse : Je n’ai rien d’autre à dire que le pire des cauchemars s’est produit. 

Le maire de Humboldt, Rob Muench dépose des fleurs sur un escaliers menant aux gradins.
La Presse canadienne / Liam Richards
Photo: Comme plusieurs citoyens, le maire de Humboldt, Rob Muench, s’est rendu au domicile des Broncos le samedi matin pour déposer des fleurs sur un escaliers menant aux gradins.  Crédit: La Presse canadienne / Liam Richards

Le geste posé par Logan Boulet sera à l’origine d’un mouvement appelé l’« effet Logan » : en avril 2018 seulement, 99 742 personnes enregistrent leur volonté de donner leurs organes. Ce nombre n’inclut que les provinces permettant de s’enregistrer en ligne (Colombie-Britannique, Alberta, Manitoba, Ontario, Québec et Île-du-Prince-Édouard).

La campagne GoFundMe lancée le soir du drame, fermée le 18 avril à minuit, aura permis d’amasser 15 172 000 $. Elle deviendra alors la deuxième campagne la plus lucrative de cette plateforme dans le monde.

Près de deux mois plus tard, le 4 juin, Kelsey Fiddler, conductrice de la Buick Century rouge, donnera naissance à la petite Logan Humble Strong, prénommée en l’honneur de Logan Boulet, avec l’accord de ses parents.

« C’est un honneur, dira Bernadine Boulet. Ça nous dit à quel point sa vie a eu un impact sur les autres. C’est une sorte d’héritage. »

Kelsey Fiddler avec son fils Logan Humble Strong Fiddler lors de la naissance
Courtoisie
Photo: Kelsey Fiddler a nommé son fils Logan Humble Strong Fiddler en l’honneur de Logan Boulet.   Crédit: Courtoisie

En souvenir d'une équipe unie

Un sac de hockey des Broncos de Humboldt
Un sac de hockey des Broncos de HumboldtPhoto : Radio-Canada

#3 | Xavier LaBelle
#5 | Adam Herold (16 ans)
#6 | Mitchell Girolami
#7 | Stephen Wack (21 ans)
#8 | Reagan Poncelet
#9 | Graysen Cameron
#10 | Ryan Straschnitzki
#11 | Jacob Leicht (19 ans)
#12 | Conner Lukan (21 ans)
#13 | Jaxon Joseph (20 ans)
#14 | Bryce Fiske
#15 | Tyler Smith
#16 | Kaleb Dahlgren
#17 | Evan Thomas (18 ans)
#18 | Logan Hunter (18 ans)
#19 | Matthieu Gomercic
#20 | Logan Schatz (20 ans)
#21 | Nick Shumlanski
#23 | Derek Patter
#24 | Morgan Gobeil
#25 | Blake Berschiminsky

#26 | Brayden Camrud
#27 | Logan Boulet (21 ans)
#28 | Layne Matechuk
#30 | Parker Tobin (18 ans)
#31 | Jacob Wassermann

Dayna Brons, thérapeute sportive (24 ans)
Tyler Bieber, descripteur (29 ans)
Mark Cross, entraîneur adjoint (27 ans)
Glen Doerksen, conducteur (59 ans)
Darcy Haugan, directeur général et entraîneur-chef (42 ans)
Brody Hinz, statisticien (18 ans)
Chris Beaudry, entraîneur adjoint
Jason Neville, assistant au directeur général
Kevin Garinger , président des Broncos
Randy MacLean, vice-président
Darrin Duell, trésorier

Illustration de bâtons de hockey en forme de croix
Radio-Canada
Photo: Bâtons de hockey en forme de croix  Crédit: Radio-Canada

Références :

1.
Maclean's : ‘It was the last time we saw him’: an oral history of the Humboldt tragedy (Nouvelle fenêtre)

2.
Saskatoon StarPhoenix : Humboldt Broncos bus crash: Coach, player missed fatal ride (Nouvelle fenêtre)

3.
National Post : You close your eyes and you still see the accident': The story of the tragic Humboldt Broncos bus crash (Nouvelle fenêtre)
National Post : Humboldt mayor Rob Muench made his way to the arena. What he saw broke his heart even more (Nouvelle fenêtre)

4.
CTV : Humboldt Broncos bus crash survivor commits to York University (Nouvelle fenêtre)

5.
Déclarations d’impact des victimes

6.
Radio-Canada : Une femme enceinte raconte avoir assisté à l'accident des Broncos

7.
Journal of Paramedic Practice : A paramedic's story of the Humboldt Broncos bus crash (Nouvelle fenêtre)

8.
Winnipeg Free Press : 'I thought it was... a nightmare'
Winnipegger hurt in horrific bus crash was trying to sleep, woke up to screams (Nouvelle fenêtre)

9.
The Globe and Mail : The Logan Boulet effect: Death of player in Humboldt Broncos bus crash spurs a national movement (Nouvelle fenêtre)

10.
CBC : Moving through the valley of darkness (Nouvelle fenêtre)
CBC : A father goes to watch his son play for Humboldt. Then, a phone call (Nouvelle fenêtre)
CBC : Logan Boulet Effect: Death of player in Broncos crash highlighted organ donation (Nouvelle fenêtre)
CBC : His final socks, her last necklace: Humboldt Broncos' parents detail emotional connection to objects in court (Nouvelle fenêtre)
CBC : Humboldt Broncos bus crash claims 16th victim, as athletic therapist dies in hospital (Nouvelle fenêtre)
CBC : Families 'grieving together' after Humboldt coroner mixup (Nouvelle fenêtre)

11.
Toronto Star :  The day that changed a Saskatchewan hockey town forever (Nouvelle fenêtre)

12.
Discover Humboldt : Support For GoFundMe Campaign "Mind-Blowing" (Nouvelle fenêtre)

Équipe

François Foisy
Texte

Charles Lalande et Emmanuelle Poisson
Recherche

Sophie Leclerc
Illustrations

Martin Labbé
Designer intéractif

Mykaël Adam
Premier développeur, développement numérique

Annie Trudel
Révision

Martin Bruyère
Édimestre

Katherine Domingue
Chef de projet, développement numérique

Émilie Larivée-Tourangeau
Conseillère aux formats numériques

Chantal Léveillé
Rédactrice en chef, Sports

Éric Langlois
Premier chef de production numérique

Yannick Pinel
Directeur, stratégie éditoriale numérique

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