La vie va faire une femme de toi. La vie va faire une femme de toi. La vie va faire une femme de toi...
, retentit la voix d'Angèle Arsenault. Dès les premières notes du spectacle, l'Acadie se reconnaît.
D'un seul élan, la foule s'avance et entoure la scène comme si elle lui faisait un gros câlin. Ce mouvement naturel et chaleureux se ressent jusque dans les coulisses.
C'est le First Ever Drag Ball acadien.
Sous les applaudissements et les cris du public, Chiquita Mare (tchi qué ta mére), le personnage drag de Xavier Gould, émerge de derrière le rideau et se balade gracieusement d’un bout à l’autre de la scène en robe de mariée déjantée. Son animation et sa démarche laissent entendre que tout sera permis lors de cette soirée.
Et le public n’est pas déçu. Ça vibre jusqu’au fond des tripes, effet combiné du volume des haut-parleurs, du choix musical 100 % acadien et d’un abandon partagé par tous.
De La bastringue, d’Édith Butler, aux Hay Babies en passant par 1755, Cayouche et Sugar Daddy, de Patsy Gallant, chaque nouvelle chanson apporte une nouvelle prestation aux couleurs acadiennes. C’est la rencontre de l’identité sexuelle et de l’identité culturelle.
Ça fait longtemps que Xavier Gould y songeait. Son premier personnage, Jass-Sainte Bourque, a été le début du croisement de ses deux identités : acadienne et queer. Et la popularité du personnage a confirmé qu’il y a une place et un besoin pour ce type d'expression artistique.
C’est une rencontre informelle avec un petit groupe de la communauté LGBTQ+ de Moncton, conscient de ce besoin, qui a catalysé l’idée de créer la maison de drag Maison de ménage et d’organiser ce spectacle pour faire rayonner l’art du drag en Acadie.