Au Québec, n’importe qui peut ouvrir une école privée pour préposés aux bénéficiaires. Ces usines à diplômes visent surtout les nouveaux arrivants, qui ignorent souvent que les formations ne sont pas reconnues. Et les autres victimes sont les aînés, révèle La facture.
Le marché parallèle des écoles de préposés aux bénéficiaires
Texte : Natasha MacDonald-Dupuis Photographies : Ivanoh Demers
Ils viennent d’Algérie, d'Haïti, de pays francophones d’Afrique. Certains sont demandeurs d’asile ou étudiants étrangers, d’autres sont détenteurs d’un visa de touriste. De bouche à oreille ou sur les médias sociaux, parfois même de leur pays d’origine, ils entendent parler d’un métier très demandé au Québec : celui de préposé aux bénéficiaires.
Pour des centaines, voire des milliers de dollars, des écoles non reconnues leur font miroiter une formation express et la possibilité d’obtenir un emploi. L’inscription ne nécessite pas de permis d’études ni de travail. Mais plusieurs omettent de dire que leurs diplômes n’ont aucune valeur aux yeux du ministère de l’Éducation.
Ce marché parallèle, un secret de polichinelle dans le milieu, a bondi depuis la pandémie. À Montréal seulement, onze écoles ont pignon sur rue. La province ne vérifie pas la qualité de leurs formations.
Parfois des versions très écourtées de celles données dans les centres de services scolaires, ces formations ne permettent pas, à elles seules, d’être embauché comme préposé aux bénéficiaires dans les CHSLD, par exemple.
Mais au niveau des RPA, il existe une zone grise : les préposés aux bénéficiaires des écoles non reconnues, de même que les préposés qui n’ont aucune formation du tout, ont une période d’un an après l’embauche pour obtenir des formations en règle. En 2022, le gouvernement Legault avait annoncé qu'un diplôme en règle serait exigé dès l'embauche, avant de faire marche arrière récemment.
Le président du Regroupement québécois des résidences pour aînés, Marc Fortin, estime que cette exception d’un an est vitale pour la survie de bien des RPA, mais il critique du même souffle les écoles non reconnues.
Malheureusement, les Québécois, on ne veut pas s'occuper des aînés. Donc, on a des immigrants qui viennent habiter et travailler au Québec, qui veulent s'occuper de nos aînés, puis qui se font flouer et se retrouvent à payer trois, cinq ou dix mille dollars pour des formations qui ne sont pas reconnues
, affirme-t-il.
« L’image qu'ils ont du Québec, c'est une bande de bandits. »
Nombre de diplômés de ces écoles l'ont appris à leurs dépens dans la dernière année, puisque plusieurs RPA avaient cessé de les embaucher en raison du règlement annoncé en 2022. Ceux que nous avons identifiés n'ont pas voulu témoigner publiquement, notamment pour ne pas mettre en danger leurs perspectives d'emploi.
Marc Fortin estime que les RPA sont d'ailleurs mal informées sur les exigences de formation. Ça fait plusieurs fois qu'on demande [à Québec] de mettre un site web en place qui répertorie toutes les écoles accréditées, mais on se fait dire que c'est compliqué
, dit-il.
Et la province est au courant depuis longtemps. Dès 2010, dans des lettres envoyées au gouvernement du Québec, la Fédération des préposés aux bénéficiaires dénonçait l’existence de formations douteuses
qui engendraient beaucoup d’accidents pouvant mettre en danger les résidents
.
Au fil des ans, les normes de formation ont été resserrées, mais ces écoles ont continué d’exister. Si bien que, l’an dernier, 40 % des RPA inspectées au Québec ont reçu des avis de non-conformité sur la formation de leurs préposés.
Ni le ministre de l’Éducation, Bernard Drainville, ni la ministre déléguée aux Aînés, Sonia Bélanger, n'ont voulu nous accorder une entrevue. Le MSSS prend au sérieux ces allégations
, écrit par courriel le cabinet de cette dernière.

Deux ans d’horreur
Les yeux de Roger L’Heureux se crispent en écoutant Lise, parce que la douleur évoquée dans son récit est encore vive.
Son épouse nous raconte les deux années difficiles qu’ils ont vécues au Manoir Louisiane, dans le quartier Hochelaga, à Montréal. Ils y ont emménagé en 2020 parce que Roger, atteint d’alzheimer, avait besoin de soins quotidiens. Un choix que le couple a très vite regretté.
Sévère infestation de punaises de lit, couches souillées au sol, fortes odeurs d’urine : les octogénaires décrivent un milieu de vie insalubre et une gestion déficiente. Mais ce qui les a particulièrement touchés, c’est que plusieurs préposés peinaient à prodiguer des soins.
Tu voyais qu'elles n'avaient pas de technique. Rien que de redresser une personne dans le lit, si t'as pas la technique, tu vas te blesser. Il y en a même qui avaient des difficultés à mettre une culotte d'aisance à une personne
, explique Lise, elle-même préposée aux bénéficiaires à la retraite.
« Je trouvais qu'elles faisaient pitié, dans le fond. Elles travaillaient très fort, toute la journée. Mais elles ne pouvaient pas donner leur plein rendement, elles n’avaient pas la formation. »
La santé de Roger s’est vite détériorée. Mon mari était traumatisé. Il est allergique aux punaises de lit et a fait trois hospitalisations. Sa crainte était qu'à un moment donné, le cœur s'arrête
, ajoute-t-elle.
Onguents, compresses d’eau froide, Lise traitait elle-même les piqûres de son mari. Un jour, en grande douleur, Roger s’est écroulé et les préposées étaient, une fois de plus, impuissantes. Elles ne l'ont pas touché, c'est moi qui lui ai mis un oreiller en attendant les ambulanciers. Je n’en revenais pas
, lance-t-elle.
Des familles d’autres ex-résidents nous ont rapporté des expériences similaires au Manoir Louisiane, en plus d’erreurs dans l'administration de médicaments. La RPA embauche depuis des années des employés ayant des diplômes non reconnus.
C’est ce que confirment des rapports d'inspection du ministère de la Santé du Québec, qui notent des infractions dans la formation de préposés et des lacunes en soins et en sécurité. Même les permis d'exercice des infirmières auxiliaires étaient parfois absents des dossiers.
Jointe au téléphone, la propriétaire, Rose Renzo, qui possède plusieurs RPA au Québec, soutient que les conditions se sont améliorées et que l’infestation de punaises serait contrôlée.
Malheureusement, il y a encore des cicatrices de la pandémie. Il y a des longues listes d’attente en soins de longue durée qui nous forcent à prendre des cas de plus en plus lourds et on n’a pas les capacités pour ça
, soutient-elle.
Comme bien d’autres RPA, souligne-t-elle, le Manoir Louisiane n’a pas le choix d’embaucher des préposées d’écoles non reconnues en raison de la pénurie de personnel, et ce, même si elle reconnaît des lacunes dans la qualité des formations. Environ la moitié des préposées qui y travaillent, confirme-t-elle, sont des travailleuses à statut précaire.
C'est sûr que si on avait des préposés qui avaient des connaissances adéquates, on les engagerait, mais on ne peut pas les trouver! C'est pour ça qu'on va dans ces écoles qui fournissent des gens avec des formations de base. Le gouvernement sait qu’on fait ça
, assure-t-elle.
Mme Renzo ne compte pas changer ses pratiques d'embauche et dit se tourner vers des écoles privées parce que les listes d’attente dans les centres de services scolaires seraient trop longues. Récemment, le CIUSSS de l'Est-de-l'Île-de-Montréal est intervenu pour mettre à niveau la formation de certains employés.
Selon le Protecteur du citoyen, le gouvernement hésite à sévir contre des RPA en faute, de crainte d’accentuer la vague de fermetures qui frappe le Québec. Plus de 500 résidences privées pour aînés ont fermé depuis cinq ans.
D’autant plus que même les RPA qui veulent suivre les règles se font flouer.
Une dirigeante d’une RPA de Québec, qui a demandé l’anonymat, nous a raconté avoir embauché une préposée par l’entremise du Programme des travailleurs étrangers temporaires, en croyant que sa formation était en règle. À son arrivée, l’employée avait des lacunes dans ses connaissances quant aux situations d’urgence, pour l’administration de médicaments et sur la façon d’offrir les soins d’hygiène.
Sa patronne dit s’être rendu compte que la formation de l’employée, obtenue au centre Belvédère de Montréal, une école non reconnue, n'avait duré que trois semaines, avec stage, selon l’employée.
Son dossier avait été accepté à l’immigration, on s’était fiés à eux!
s’indigne la dirigeante. On s’est fait avoir. Notre employée a eu peur
, ajoute-t-elle.
La RPA a dû investir pour reformer l’employée, qui a pu conserver son contrat de travail fermé. De son côté, l’employée, originaire du Maghreb, aurait perdu environ 1000 $ pour ce diplôme non reconnu.
Difficile de savoir combien de travailleurs étrangers sont dans cette situation. Chose certaine, leur nombre a explosé depuis la pandémie. En 2019, seuls 15 permis de travail temporaires ont été délivrés au Québec pour des préposés aux bénéficiaires. Jusqu’ici cette année, 755 permis ont été accordés.

Incursion chez Formation Bonsecours
Ce ne sont pas uniquement les nouveaux arrivants qui se font berner. En 2020, Louise, qui préfère taire son nom de famille, s’est inscrite à une formation sur les soins invasifs et l’administration de médicaments chez Formation Bonsecours, dans l'arrondissement Saint-Léonard, à Montréal.
La formation, communément appelée loi 90 dans le milieu, s’adresse aux préposés qui travaillent en RPA et elle doit être donnée par une infirmière-enseignante. Sur place, toutefois, Louise s’est vite rendu compte que la version de Formation Bonsecours n’était pas le curriculum officiel.
Ce n'était pas une formation comme telle. L’instructeur lisait un questionnaire sur une feuille et ne s'est pas levé une seule fois pour nous montrer quelque chose au tableau, comme utiliser un inhalateur ou administrer l’insuline
, se souvient-elle.
Outrée, Louise a quitté les lieux sans payer. L’instructeur n’a pas protesté, raconte-t-elle, mais les autres étudiants, tous issus de l’immigration, auraient paru perplexes devant l’indignation apparente de Louise.
« Tu voyais que ces personnes croyaient à cette formation. J’avais envie de leur dire : "Ce n’est pas une bonne formation! Le monsieur vous exploite!" »
L’instructeur en question, Mohamed Rahmoun, n’est pas infirmier au Québec et son école, un établissement privé non subventionné, n'a pas le droit de donner la Formation loi 90.
Sur son site web, Formation Bonsecours offre une formation express de deux à trois semaines pour devenir préposé aux bénéficiaires, qui inclut notamment la Formation loi 90 et un cours de secourisme et de réanimation cardiorespiratoire. En vertu de la Réglementation sur les RPA, un préposé doit suivre une formation de secourisme d’une durée de 16 heures.
La facture a toutefois pu déterminer, à l’aide d’une caméra cachée, que la version de Formation Bonsecours est loin de respecter la durée prévue. Mohamed Rahmoun s’est contenté de faire jouer une ancienne vidéo de la Fondation des maladies du cœur et a offert moins de sept minutes d'exercices pratiques. D’importantes parties du curriculum n’ont pas été abordées et il a accordé la note de passage à notre collaborateur après une heure de formation, au lieu de 16.
Bien que le site web de Formation Bonsecours promettait une formation accréditée par la Fondation des maladies du cœur
, notre collaborateur a reçu un certificat maison au lieu d’une carte officielle de Cœur et AVC.
Mais il y a une autre zone grise. Formation Bonsecours et la plupart de ces écoles n’offrent pas que des certificats non reconnus. Elles collaborent aussi avec des instructeurs accrédités, notamment pour l’enseignement d’une autre formation requise par la réglementation sur les RPA : le Principe de déplacement sécuritaire d’une personne (PDSP).
D’une durée de deux jours, la formation PDSP permet de minimiser les risques de blessures lors du déplacement de patients, tant chez le préposé que chez les aînés. Au Québec, cette formation est accréditée par l’Association paritaire pour la santé et la sécurité du travail du secteur affaires sociales (ASSTSAS).
L’organisme paritaire a cependant radié deux formateurs de PDSP qui ont travaillé chez Formation Bonsecours à la suite d'infractions sérieuses. L’un de ces formateurs, Jean-François Turmel, a délivré des certificats de PDSP à des élèves qui n'avaient suivi qu’une portion de la formation.
Joint au téléphone, M. Turmel a refusé une entrevue à la caméra, mais il a dit avoir enfreint les règles sans le savoir, pour le compte de M. Rahmoun. Quand j’évaluais les élèves, je m'apercevais qu'il y avait de gros manquements. Et là, M. Rahmoun me mettait de la pression pour que j’émette des cartes tout de même. Ce n'était que l'argent qui comptait pour lui
, déclare-t-il.
De son côté, M. Rahmoun a aussi décliné notre demande d’entrevue à la caméra. Au téléphone, il a admis offrir des formations non reconnues, mais il a nié avoir menti à ses élèves. On ne leur dit pas qu’ils vont être acceptés partout, mais il y en a qui les embauchent. J'en ai même qui travaillent maintenant dans des hôpitaux et dans des CHSLD
, indique-t-il.
Il a depuis modifié son site web pour préciser que la formation n’est pas reconnue.
Les écoles comme la sienne, dit-il, sont une bouée de sauvetage pour bien des nouveaux arrivants. Un grand pourcentage de ces personnes n'avaient aucune chance de travailler. Ils étaient sur un visa [de touriste]. Et maintenant, ils sont bien payés. On a permis au gouvernement de remplir ses rangs de préposés
, plaide-t-il.
Mais à quel prix? Selon le directeur général de l’ASSTSAS, Pascal Tanguay, des milliers de préposés formés de manière inadéquate chez Formation Bonsecours ont reçu des certifications, alors qu’ils n’auraient pas dû les recevoir. On parle d'un phénomène qui a explosé depuis la pandémie
, constate-t-il.
Et c’est loin d’être la seule dans la ligne de mire de l’ASSTSAS. Récemment, d’autres formateurs de PDSP d’écoles non reconnues, dont le Centre Belvédère, ont été radiés pour avoir certifié des élèves sans que la formation soit suivie au complet. L’organisme a toutefois des pouvoirs limités et ne peut sévir directement envers les écoles.
Je crois que, d'une manière ou d'une autre, [ces écoles] vont devoir rendre des comptes
, estime Pascal Tanguay.

Que fait le gouvernement?
Le ministère de l'Éducation a besoin de se réveiller, de comprendre ce qui se passe
, martèle Marc Fortin du Regroupement québécois des résidences pour aînés (RQRA).
Il manque actuellement 11 000 préposés aux bénéficiaires au Québec, et pourtant, selon lui, les centres de services scolaires retardent ou annulent souvent des cohortes du programme d’études Assistance à la personne en résidence privée pour aînés, tout simplement parce qu’elles n’affichent pas complet.
D’une durée de 180 heures, c’est pourtant la formation minimale reconnue pour les préposés en RPA, mais elle n’est pas aussi populaire que la formation accélérée en CHSLD, qui comprend une généreuse bourse d’études.
Un non-sens bureaucratique, selon Marc Fortin : Trouvez une solution, s'il vous plaît, parce qu'on a des RPA qui veulent faire former leurs préposés. Mais on a des cohortes en Gaspésie, à Rimouski, au Lac-Saint-Jean qui se font annuler constamment. D'où l'opportunité de partir des écoles comme ça
.
Impossible de chiffrer le problème avancé par M. Fortin. Le ministère de l’Éducation ne collige pas ces données et n’a donc aucune idée du nombre de cohortes annulées annuellement.
Les écoles non reconnues, souligne Marc Fortin, profitent aussi du fait que les nouveaux arrivants n’ont pas accès à la gratuité scolaire dans le réseau public.
Québec doit faire cesser ce marché parallèle, croit-il, en subventionnant la formation des immigrants et en légiférant pour faire fermer ces écoles. Des pistes de solution qu’il aurait suggérées à la province, sans succès.
« Ce sont des escrocs. Ça prend une législation punitive envers les propriétaires de ces écoles, que ce soit l'incarcération ou des amendes vraiment salées, ou les deux. [...] Les policiers et la cour n'ont pas tous les outils. »
Pour l’instant, les sanctions imposées contre ces écoles sont rares et minimes. Prenons le cas du Centre accès-emploi, une école non reconnue qui était ouverte dans le quartier Saint-Michel pendant une décennie.
En mai, son propriétaire Youssef Bencheikh a été déclaré coupable de fraude et de production de faux documents pour avoir vendu des certificats de préposé aux bénéficiaires attestant faussement une formation de 750 heures. Il a reçu 100 heures de travaux communautaires et une absolution conditionnelle, en plus d’être radié de l’ASSTSAS.
Des conséquences bien peu dissuasives. La Couronne a retiré les accusations visant son épouse et coaccusée, Nissrine Sabri, qui avait plaidé non coupable. Elle a depuis ouvert une nouvelle école, le Centre Soleil des préposés aux bénéficiaires, qui est située à la même adresse que le Centre accès-emploi et qui continue d'offrir des formations non reconnues. L’école a même placé des stagiaires cet été dans une RPA à Laval.
De son côté, entre 2017 et 2019, le Collège Essor a été condamné à des amendes totalisant 9580 $ en vertu de la Loi sur la protection du consommateur, entre autres pour avoir faussement soutenu que ses diplômes étaient reconnus. L’école est toujours en activité. Par message texte, son directeur Samir Slimani a affirmé à Radio-Canada qu’il n’induit plus ses élèves en erreur.
Nos formations répondent à un besoin criant, dans la mesure où la majorité de nos clients ne remplissent pas les conditions d'accès aux formations reconnues par le ministère et nos formations ont permis à la plupart d'entre eux de trouver un emploi
, fait savoir le directeur d’Essor.
Il ajoute avoir demandé « plusieurs fois un permis auprès du ministère, sans succès ». Ce dernier est au courant que nous offrons des formations non reconnues. Nous cesserons d'en offrir le jour où le ministère décidera que les formations non reconnues seront interdites
, avise-t-il.
Par courriel, le cabinet du ministre Bernard Drainville s’est dit évidemment très préoccupé par la situation
.
Conformément aux pouvoirs prévus à la Loi sur l’enseignement privé, des vérifications ont été entreprises dès que le ministère de l’Éducation a été mis au fait d’allégations concernant de possibles contraventions à la loi. Rappelons que des dispositions pénales sont prévues à la Loi sur l’enseignement privé et qu’elles seront utilisées si nécessaire.
Son cabinet n’a pas précisé quelles actions avaient été intentées ni le nombre d’établissements visés.

Roger et Lise L’Heureux tournent la page
De leur côté, Lise et Roger L’Heureux ont retrouvé leur qualité de vie cette année en quittant le Manoir Louisiane pour une autre RPA de Montréal.
C'est le jour et la nuit. Mon mari était bien stressé, puis j'ai retrouvé l'homme qu'il était avant. On se rend compte que vivre dans un endroit où les gens sont formés, comme ici, ça fait toute une différence. Il faudrait que le gouvernement réalise que c'est des personnes humaines qu'il y a au bout de ça, des personnes souffrantes
, témoigne-t-elle.
Le couple dit avoir incité d’autres résidents à quitter le Manoir Louisiane, mais s’inquiète pour ceux qui restent derrière.
Nos enfants nous ont aidés à sortir de là, mais il y a des gens là-bas qui sont seuls et qui n'ont pas d'enfants. Ils n'ont personne, mais ils méritent quand même, eux aussi, d'être bien.