Les patients ont leurs habitudes, les infirmières, le sourire. Ils sont plus d’une vingtaine sous dialyse. D’autres suivront dans l’après-midi.
De l’extérieur, Laurel Highlands ressemble à la plupart des prisons avec ses rangées de barbelés. Mais l’intérieur de cet ancien hôpital permet de découvrir une autre dimension du système carcéral qui tranche avec l’image américaine du tough on crime
.
En fait, on finit presque par oublier, après quelques minutes, que les patients sont des prisonniers.
L’endroit contraste aussi avec les infrastructures correctionnelles canadiennes qui peinent à fournir des soins et des services aux détenus vieillissants et malades, un segment de la population carcérale vulnérable et en forte croissance.
Des prisons plus adaptées comme Laurel Highlands ont fait leur apparition un peu partout aux États-Unis. Plusieurs infirmières et membres du personnel médical servent de gardiens.
En Pennsylvanie, ils sont environ 550 prisonniers à avoir obtenu un transfert ici. Ils y reçoivent des soins spécialisés et de longue durée. Laurel Highlands dispose aussi d’une unité de soins gériatriques.
Il est courant de voir des prisonniers branchés à des bonbonnes d'oxygène ou à d'autres équipements médicaux. Les plus âgés et les plus mal en point ne sont plus logés dans des cellules. Leurs chambres sont plus spacieuses.
« C’est le jour et la nuit. Avant, j’avais le sentiment d’être abandonné. Ici, on a l’impression d’être un peu en liberté, même si on ne l’est pas. Ici, les fenêtres sont beaucoup plus grandes. »
Les autorités correctionnelles de la Pennsylvanie ont permis cette visite des installations à condition de ne pas dévoiler le nom de famille des prisonniers et les crimes qu’ils ont commis.
La vie carcérale nous a tous usés
, raconte Roger. À 53 ans, cet autre détenu doit déjà se déplacer en fauteuil roulant en raison de multiples problèmes de santé. Je souffre d’insuffisance rénale, je suis dialysé trois fois par semaine. Le diabète me fait aussi perdre la vue. Je ne vois presque plus.
C’est beaucoup plus facile que là où j’étais avant. On tient davantage compte de notre état de santé et de nos besoins
, ajoute Roger, qui sera admissible à la libération conditionnelle en 2026. Il dit faire partie des chanceux
. D’autres finiront leurs jours ici.