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Illustration d'une main avec un pinceau traçant : « L'art de se rajeunir le portrait ».
Radio-Canada / Francis Desharnais

Un texte de Tanya Beaumont Illustration par Francis Desharnais

Rien ni personne n’échappe au passage du temps. Encore moins les œuvres d'art datant d'il y a 50, 100 ou même parfois plus de 200 ans. Les musées et leurs équipes de restaurateurs prennent soin de retoucher, raviver et solidifier le travail des artistes pour le plus grand plaisir des amateurs d’art.

Le Musée national des beaux-arts du Québec (MNBAQ) a laissé – sous supervision – le bédéiste Francis Desharnais et la journaliste culturelle Tanya Beaumont se glisser dans les coulisses de la restauration.

Une peinture dans un entrepôt du musée, il est écrit : « Dans une salle du Musée national des beaux-arts du Québec... »Agrandir l'image Case 1Photo : Radio-Canada / Francis Desharnais
Illustration d'une peinture qui craque, on lit : « Une œuvre subit l'outrage du temps! »Agrandir l'image Case 2Photo : Radio-Canada / Francis Desharnais
La toile dit : « C'est fâcheux car j'ai une sortie de prévue prochainement! »Agrandir l'image Case 3Photo : Radio-Canada / Francis Desharnais
La journaliste Tanya Beaumont et l'illustrateur Francis Desharnais regarde l'œuvre.
Tanya demande à la peinture : « En effet, on vous attend à la Fondation Maeght, à Saint-Paul-de-Vence, en France, pour le 30 juin. Vous n'êtes pas trop inquiète? »Agrandir l'image Case 4Photo : Radio-Canada / Francis Desharnais
La toile répond : « Pas tant, en fait. Je sais que l'équipe de restauration du MNBAQ va s'occuper de moi sous peu! »
La toile est Pangnirtung de Jean-Paul Riopelle, huile sur toile, 1977.Agrandir l'image Case 5 Jean Paul Riopelle, Pangnirtung, 1977 Huile sur toile, 200 x 560 cm (ensemble) Collection du Musée national des beaux-arts du Québec Achat grâce à une contribution spéciale de la Société des loteries du Québec (1997.113) © Succession Jean Paul Riopelle Photographe : MNBAQ, Idra LabriePhoto : Radio-Canada / Francis Desharnais
Une autre œuvre s'approche et dit : « Moi aussi, je suis due. »Agrandir l'image Case 5Photo : Radio-Canada / Francis Desharnais
La seconde oeuvre est Ferdinand, le panda facteur, de l'ensemble Museum Circus, Pierre Ayot, 1992-1993. C'est une sérigraphie marouflée sur bois, acrylique, échelle de corde et cordage.
Elle dit : « Je suis sur la liste des rotations potentielles de l'exposition Nous qui vient de commencer au pavillon Pierre Lassonde, ici au Musée. »Agrandir l'image Case 7 Pierre Ayot, Ferdinand, le panda facteur, de l'ensemble Museum Circus, 1992-1993 Sérigraphie marouflée sur bois, acrylique, échelle de corde et cordage, 209,5 x 47 x 11,6 cm Collection du Musée national des beaux-arts du Québec Don de Madeleine Forcier (2016.73) © Succession P. Ayot Photographe : MNBAQ, Pierre AyotPhoto : Radio-Canada / Francis Desharnais
Les deux restaurateurs arrivent. La restauratrice dit : « Messieurs Riopelle et Ayot, c'est votre tour! »
La toile répond : « Enfin! »
Tanya demande : « On peut vous suivre? »
La restauratrice répond : « Bien sûr! »Agrandir l'image Case 8Photo : Radio-Canada / Francis Desharnais
Les deux restaurateurs disent : « Pour des raisons de sécurité, nous ne pouvons révéler l'endroit exact où se trouve la salle de restauration. »
L'illustrateur, Francis Desharnais, répond : « Pfff! On peut quand même dire que nous empruntons ce corridor. Et que nous tournons dans cette direction, pour finalement ouvrir cette porte. »
Le chemin tracé dans la case est incompréhensible.Agrandir l'image Case 9Photo : Radio-Canada / Francis Desharnais
Les quatre arrivent dans une salle avec une table et un gros appareil ressemblant à une balayeuse accrochée au plafond. La restauratrice dit : « Vous pouvez entrez! »
Tanya s'étonne : « On se croirait presque dans une chambre d'hôpital! »Agrandir l'image Case 10Photo : Radio-Canada / Francis Desharnais
Mélanie Cloutier, restauratrice et responsable de la conservation préventive, spécialisée en peinture, dit : « C'est sûr qu'il y a des liens à faire. »
Jérôme Paquet, restaurateur et spécialiste du papier et de la photographie, ajoute : « On soigne des œuvres en quelque sorte. »Agrandir l'image Case 11Photo : Radio-Canada / Francis Desharnais
Tanya et Francis se penchent au-dessus du Riopelle.
La journaliste demande : « Et qu'est-ce qu'il y a à "soigner" dans l'oeuvre de Riopelle? »
Mélanie répond : Il peignait beaucoup par empâtements. Les petites crêtes s'abîment fréquemment. Et souvent, les blancs sont craquelés. »Agrandir l'image Case 12Photo : Radio-Canada / Francis Desharnais
Francis regarde l'autre œuvre. Il demande : « Et pour le Pierre Ayot? »
Les restaurateurs répondent : « Un morceau s'est détaché ici. Et la couche picturale est décollée et déchirée ici. »Agrandir l'image Case 13Photo : Radio-Canada / Francis Desharnais
Mélanie porte un casque-loupe et pointe une lampe de poche UV sur la toile. Elle permet de voir les interventions du passé.
Une voix à l'extérieur du cadre demande : «Qu'est-ce qui explique qu'une œuvre se dégrade? »
La restauratrice répond : « Oh, beaucoup de choses. »Agrandir l'image Case 14Photo : Radio-Canada / Francis Desharnais
Mélanie ajoute : « Ça peut être le transport, les conditions d'entreposage... »
Le faisceau de la lampe de poche révèle des traces d'ancien vernis.Agrandir l'image Case 15Photo : Radio-Canada / Francis Desharnais
La restauratrice poursuit : « Il arrive aussi que des collectionneurs accrochent leurs œuvres à des endroits qui ne sont pas optimisés pour la conservation... »
Dans la case, une silhouette prend sa douche dans une pièce adjacente à celle où elle a accroché des tableaux. Des la vapeur rempli la pièce.
La figure chante : « J'aurais voulu être un artiste! La la la! »Agrandir l'image Case 16Photo : Radio-Canada / Francis Desharnais
La case est pratiquement vide à l'exception d'un petit calendrier. Il est écrit au-dessus : « Les œuvres en papier, comme celle de Pierre Ayot sont exposées entre 6 et 12 mois. Ensuite, elles retournent en réserve pour une période de trois à cinq ans afin d'éviter la dégradation. »Agrandir l'image Case 17Photo : Radio-Canada / Francis Desharnais
La case est complètement noire avec une petite ampoule au milieu. Le texte explique : « Cette étape s'appelle le retour dans le noir. Dans la réserve, l'éclairage est tamisé à 50 lux puisque les pigments sont sensibles à la lumière. »Agrandir l'image Case 18Photo : Radio-Canada / Francis Desharnais
Samuel pinceau à la main fait une réparation sur l'œuvre d'Ayot. Il recolle un morceau. Une voix hors cadre demande : « Et comment on s'y prend pour restaurer une œuvre? »
Il dit : « Le plus important c'est que la retouche soit réversible. »Agrandir l'image Case 19Photo : Radio-Canada / Francis Desharnais
Le restaurateur ajoute en recollant la pièce : « Comme ça, si les techniques de restauration évoluent, on peut revenir à l'état précédent. »Agrandir l'image Case 20Photo : Radio-Canada / Francis Desharnais
Mélanie, portant des gants, passe un film adhésif sur la toile de Riopelle. Elle poursuit en disant : « Aussi, il est parfois plus important de solidifier la structure en général de la toile que d'essayer de faire disparaître chaque fissure. »Agrandir l'image Case 21Photo : Radio-Canada / Francis Desharnais
Mélanie est maintenant vêtu d'une jaquette similaire à celle d'une infirmière. Elle utilise un petit fer chaud sur la toile qui sert à réactiver l'adhésif inséré il y a quelques heures.
La restauratrice affirme : « Par exemple, cette craque va rester apparente. Les Riopelles sont souvent comme ça. Les signes du temps font aussi partie de l'histoire de l'œuvre. »Agrandir l'image Case 22Photo : Radio-Canada / Francis Desharnais
Samuel utilise maintenant de la peinture aquarelle qu'il mélange tranquillement pour recréer la teinte voulu pour la retouche sur la pièce. Il dit : « C'est aussi important d'utiliser des produits non toxiques pour les restaurateurs. »Agrandir l'image Case 23Photo : Radio-Canada / Francis Desharnais
Francis remarque : « D'où l'utilisation du gros aspirateur? »
Mélanie utilise l'appareil accroché au plafond qui fait un bruit infernal. 
Elle crie : « QUOI? »Agrandir l'image Case 24Photo : Radio-Canada / Francis Desharnais
Francis regarde au-dessus de l'épaule de Samuel qui recolle encore minutieusement une pièce. Il lui demande : « Et retoucher l'œuvre d'un artiste, ça ne fait pas bizarre? »
Le restaurateur répond : « Oui, c'est étrange, mais on vient renforcer l'œuvre et lui permettre de vivre plus longtemps. »Agrandir l'image Case 25Photo : Radio-Canada / Francis Desharnais
Francis observe un gros appareil avec un bras, une lunette à l'extrémité. Une voix à l'extérieur du cadre lui demande : « Ça va, Francis? »Agrandir l'image Case 26Photo : Radio-Canada / Francis Desharnais
L'illustrateur répond : « Oui, oui, c'est juste... que je me demandais... Ça, c'est un microscope super puissant? »Agrandir l'image Case 27Photo : Radio-Canada / Francis Desharnais
Mélanie, pinceau à la main, devant la toile qu'elle restaure, lui répond : « Oui je n'en ai pas besoin pour la retouche actuelle, mais je peux l'installer pour que vous puissiez voir comment ça agrandit! »
Francis souriant répond : « Yé! »Agrandir l'image Case 28Photo : Radio-Canada / Francis Desharnais
Francis regarde la toile de Riopelle dans le microscope. Tanya est derrière lui et s'écrie : « Et puis? Moi aussi je veux voir! »Agrandir l'image Case 29Photo : Radio-Canada / Francis Desharnais
La vue très rapprochée de la peinture, on y voit les détails topographiques de la surface. L'observateur dit : « On dirait une vue du Grand Canyon! (On n'aura jamais vu un Riopelle d'aussi proche!) »Agrandir l'image Case 30Photo : Radio-Canada / Francis Desharnais
Tanya et Francis admire l'Ayot restauré.
La journaliste lui demande : « Et puis, comment on se sent après une restauration? »
L'œuvre répond : « Presque comme une œuvre fraichement réalisée! En plus, ça détend! »Agrandir l'image Case 31Photo : Radio-Canada / Francis Desharnais
Ils se tournent vers la toile de Riopelle qui leur dit : « Et moi, je me sens prête à être expédiée en France! Il me manque seulement ma carte d'embarquement! »Agrandir l'image Case 32Photo : Radio-Canada / Francis Desharnais

Pierre Ayot, Ferdinand, le panda facteur, de l'ensemble Museum Circus, 1992-1993. Sérigraphie marouflée sur bois, acrylique, échelle de corde et cordage, 209,5 x 47 x 11,6 cm. Collection du Musée national des beaux-arts du Québec. Don de Madeleine Forcier (2016.73) © Succession P. Ayot. Photographe : MNBAQ, Pierre Ayot

Jean Paul Riopelle, Pangnirtung, 1977. Huile sur toile, 200 x 560 cm (ensemble). Collection du Musée national des beaux-arts du Québec. Achat grâce à une contribution spéciale de la Société des loteries du Québec (1997.113) © Succession Jean Paul Riopelle. Photographe : MNBAQ, Idra Labrie

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