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« Assez, c’est assez », disent de nombreux jeunes Franco-Manitobains noirs lorsqu’on parle de racisme ou de discrimination.
Ainsi, alors que des écoles ont formé des comités pour lutter contre le racisme et promouvoir la diversité en milieu scolaire, des jeunes n’ont pas hésité à se joindre au combat pour un avenir meilleur.
Radio-Canada / Gavin Boutroy
Photo: Sirai Heller, en 11e année au Collège Louis-Riel. Crédit: Radio-Canada / Gavin Boutroy
Sirai Heller 11e année au Collège Louis-Riel
Quand Sirai était plus jeune, des camarades de classe lui ont demandé si les Noirs se lavaient les cheveux en gardant leurs tresses. Une autre fois, une inconnue a vaporisé du gaz poivré sur le visage de son grand-père alors qu’il se promenait dans son quartier.
Pour Sirai Heller, ce sont tous les deux des gestes racistes se présentant sous des formes différentes.
« Le racisme, c’est l’ignorance dans tes mots et tes actions. Ça peut se régler en s’informant. »
Selon elle, le comité de justice sociale, antiracisme, inclusion, diversité culturelle et équité du Collège Louis-Riel peut être une clé pour encourager les gens à prendre conscience des réalités que vivent les personnes de couleur.
Pense à tes actions. Ça semble cliché, mais cette réflexion est importante pour le changement.
Elle se bat pour que ni son frère, ni ses sœurs, ni elle ne vivent les mêmes choses que son grand-père. Mais il y a encore du chemin à faire. Je crois que ça va aller plus mal avant d’aller mieux, dit-elle d’un ton résigné.
Elle reste toutefois optimiste pour l’avenir et est convaincue que sa génération détient les outils nécessaires pour sensibiliser la population à la diversité, à l'inclusion et au respect. Avec les médias sociaux, on peut mieux informer plus de gens.
Radio-Canada / Gavin Boutroy
Photo: Fiyin Familusi, en 12e année du Collège Jeanne-Sauvé.
Crédit: Radio-Canada / Gavin Boutroy
Fiyin Familusi 12e année au Collège Jeanne-Sauvé
Un jour, Fiyin était en compagnie de ses amis lorsqu’ils ont été interpellés par un agent de sécurité au centre commercial. Il y avait eu un vol dans un magasin, et l’agent leur a demandé d’ouvrir leurs sacs, disant qu’ils étaient suspects.
Ils se sont pliés à cette demande, mais Fiyin Familusi se rappelle du sentiment de frustration qu’il a ressenti à ce moment-là.
Pourquoi, nous, des Afro-Canadiens, mais pas les autres groupes de jeunes Blancs, se demande-t-il encore aujourd'hui.
Il ne pouvait pas réagir, et encore moins se fâcher, s'il voulait éviter que la situation ne s’envenime. Je dois être la meilleure personne dans ce genre de situation, dit-il, comme le lui répètent régulièrement ses parents.
Il ne vit pas tout le temps des situations de racisme aussi flagrantes, mais il dit avoir l’habitude de se sentir jugé en raison de la couleur de sa peau.
C’est pour cela qu’il fait partie du comité. Il veut sensibiliser les gens et les informer au sujet des événements du passé, contribuer à forger un avenir meilleur et faire partie du changement.
En raison du plus grand nombre de jeunes qui participent à des comités de ce genre et les mouvements sociaux comme Black Lives Matter, Fiyin Familusi pense que l’horizon s’éclaircira. Ça montre qu’il y a des personnes qui font des efforts pour avoir [une union entre les communautés].
Fiyin Familusi estime que le remède contre les maux de la société est à la portée de tous.
« Vous pouvez gagner plus en étant simplement gentil avec tout le monde. »
Radio-Canada / Gavin Boutroy
Photo: Tunteya Stoller, en 11e année Collège Béliveau. Crédit: Radio-Canada / Gavin Boutroy
Tunteya Stoller 11e année au Collège Béliveau
Tunteya n’avait encore jamais subi de microagression, jusqu'à tout récemment. Alors qu’elle travaillait dans un magasin, un client lui a touché les cheveux sans sa permission, tout en les montrant à sa fille.
« J’étais inconfortable, je ne pouvais pas bouger. Personne n’a vu, et je ne savais pas quoi penser. »
Elle se dit chanceuse quand elle se compare à d’autres personnes de couleur qui subissent des gestes plus forts ou plus violents. Mais depuis ce moment, elle veut prendre position contre le racisme.
Tunteya Stoller se souvient aussi du conseil de sa mère, qui lui a dit d'éviter de mettre son capuchon sur la tête quand elle est dehors, pour ne pas avoir l’air suspect. « Ce commentaire est resté avec moi jusqu’à aujourd'hui, parce que je me sens confortable, je me sens moi avec mon capuchon », dit-elle.
Elle veut faire faire sa part pour changer les choses, mais avant la création du comité BIPOC et ALLIÉ.ES dans son école secondaire, elle ne savait pas par où commencer. Mais, avec un groupe comme celui-ci, où les membres ont le même intérêt, ensemble, on peut faire de grandes choses.
Le sigle BIPOC signifie Black, Indigenous and people of colour, qui se traduit en français par « personnes autochtones, noires et de couleur », qu’on désigne parfois par le sigle PANDC.
Elle sait que le combat contre le racisme passe par l’éducation. J’aime beaucoup m’informer à ce sujet, regarder des vidéos et des documentaires en ligne.
Tunteya Stoller espère que la lutte contre le racisme donnera des résultats. Même s’il y a encore plusieurs événements racistes qui se passent, en 2022 et en 2023, dit-elle, on devrait avancer.
Radio-Canada / Gavin Boutroy
Photo: Ian Ogweno, en 12e année au Collège Jeanne-Sauvé. Crédit: Radio-Canada / Gavin Boutroy
Ian Ogweno 12e année au Collège Jeanne-Sauvé
Ian Ogweno est engagé dans différentes équipes sportives de l’école, car c’est une des nombreuses manières, selon lui, de pouvoir changer les choses.
Le sport lui permet de fraterniser avec différentes personnes et, ainsi, d’entamer des discussions nécessaires qui peuvent parfois être difficiles.
J’essaie d’être attentif à ce que disent les gens et à ce qu’ils pensent. Et moi, quand j’entends des blagues ou des commentaires déplacés, je vais toujours en parler de manière à ce que l’on comprenne [le problème] tout en m’assurant que tout le monde est à l’aise, explique-t-il.
Pour lui, le racisme peut être subtil. S’il dit ne pas avoir été victime d’actes de racisme flagrants, il ne cache pas qu’il s’est senti négligé à plusieurs reprises en raison de la couleur de sa peau.
« Par exemple, des fois, je sors avec mes amis pour manger et tu peux voir comment tu es traité différemment. Tu peux percevoir le sentiment négatif qui vient des serveurs ou des caissiers. »
Malgré tout, cela ne l’empêche pas de vouloir faire du bien. Il s’implique dans le comité pour changer les choses, organiser des activités et s’assurer que tout le monde se sent inclus dans l’école. J’aime m’engager dans différentes discussions, et c’est ce qu’on fait dans ce groupe.
Radio-Canada / Gavin Boutroy
Photo: Stella Dijeh, en 9e année Collège Béliveau. Crédit: Radio-Canada / Gavin Boutroy
Stella Dijeh 9e année au Collège Béliveau
« Quand une amie m’a fait un compliment sur mes cheveux tressés, une camarade de classe a répondu : “Mais ce n’est pas tes vrais cheveux.” Ça, c’est comme une microagression, et c’est quelque chose que beaucoup de femmes noires vivent.
Stella affirme que le racisme est quelque chose de compliqué. Pour elle, cela vient de stéréotypes qui confinent les personnes dans des boîtes imaginaires.
Ils vont dire : “Oh! tu aimes ça parce que tu es Noir” ou : “Tu dois aimer le poulet et le melon d’eau”, mais, en réalité, les gens sont plus profonds que ça.
Elle se désole de voir que des personnes noires sont victimes de ces stéréotypes et ne peuvent pas atteindre leur plein potentiel à cause de cela.
« En classe, dans la cour de récréation et même au gymnase, le racisme est souvent présent. Lors d’un match de basketball de ma sœur, l’équipe adversaire lançait des injures racistes ainsi que le mot en n. »
Sa mère l’a toujours encouragée à ne pas fermer les yeux devant l’’injustice.
Elle s’implique dans le comité BIPOC et ALLIÉ.ES de son école pour mettre en lumière les incidents racistes qui s’y produisent.
Elle garde espoir de pouvoir changer l’avenir. Dans la communauté, qui que tu sois, on peut tout faire pour la rendre plus inclusive.
Radio-Canada / Gavin Boutroy
Photo: Aminata Diallo, en 12e année au Collège Louis-Riel. Crédit: Radio-Canada / Gavin Boutroy
Aminata Diallo 12e année au Collège Louis-Riel
Aminata revenait de l’école lorsqu’elle a été interpellée par des hommes qui semblaient ivres et qui employaient le mot en n. Elle a fait comme si rien ne s’était passé. Parce que je me suis dit que ce sont des choses qui arrivent, raconte-t-elle avec un sourire gêné.
Cependant, elle n’est pas dupe. Elle sait que le racisme existe partout et qu’il existera toujours.
Aminata Diallo sait aussi que le racisme peut prendre des formes plus subtiles. Elle dit, par exemple, qu’elle aurait dû avoir une récompense pour son travail, mais cela n’a pas été le cas, sans qu’on lui donne de raison. C’est une autre personne qui a eu la récompense. En observant les gens, elle s'est rendu compte que la situation pouvait avoir un lien avec son appartenance ethnique et la couleur de sa peau.
« Pour moi, le racisme, c’est un fléau qu’il faut combattre. »
Cette intolérance, elle veut la combattre avec le multiculturalisme, la promotion de la diversité culturelle. Le comité de justice sociale, antiracisme, inclusion, diversité culturelle et équité lui permet de mener à bien son combat. Il faut célébrer les diversités culturelles.
Le mouvement social Black Lives Matter (« La vie des Noirs compte »), qui a repris de l’ampleur en 2020, permet à Aminata Diallo de se sentir en sécurité. Selon elle, l’envergure qu’a pris le mouvement oblige les personnes racistes à se cacher.
Je me suis sentie enfin reconnue […] et, si quelque chose m’arrive, je peux toujours sortir mon téléphone et le partager sur les réseaux sociaux grâce au mouvement.
Radio-Canada / Gavin Boutroy
Photo: Axelle Oulé, en 12e année au Collège Louis-Riel. Crédit: Radio-Canada / Gavin Boutroy
Axelle Oulé 12e année au Collège Louis-Riel
Pour Axelle, le racisme était quelque chose d’abstrait lorsqu’elle était plus jeune.
Mais, en grandissant et en suivant les mouvements comme Black Lives Matter, elle a compris que le racisme est quelque chose de fréquent qui se manifeste à travers des actions violentes, des microagressions ou de simples préjugés.
Quand j’étais plus jeune, moi et mes amies, on se faisait suivre dans un magasin. Je pensais que c’était parce qu’on était jeunes. Mais en réalité, il y avait d’autres jeunes dans le magasin à qui ça n'arrivait pas.
Elle a compris plus tard que ce n’était pas une coïncidence que son groupe d’amies fasse l’objet de soupçons.
Axelle Oulé prend de plus en plus conscience de réalités que ses parents lui ont expliquées. Elle sait qu’elle sera encore traitée différemment de ses amies blanches.
Elle ne perd pas espoir. Elle fait partie du comité de justice sociale, antiracisme, inclusion, diversité culturelle et équité de son école pour promouvoir l’inclusion et conscientiser les élèves aux situations que d’autres peuvent vivre.
Pour prévenir des événements et des situations racistes ou discriminatoires, elle sait qu’il faut passer par l’éducation
« Mais, je sais que rien ne changera du jour au lendemain. »
Radio-Canada / Gavin Boutroy
Photo: Aïssatou Bourdanne, en 12e année au Collège Louis-Riel. Crédit: Radio-Canada / Gavin Boutroy
Aïssatou Bourdanne 12e année au Collège Louis-Riel
Après les différents incidents qui ont eu lieu dans son école autour du racisme et de la discrimination, Aïssatou a tenu à s’engager dans le comité de justice sociale, antiracisme, inclusion, diversité culturelle et équité.
C’était le moment de mettre l’accent sur le fait que certaines personnes ne se sentent pas à l'aise à l’école. Selon elle, toutes les personnes de couleur ont été victimes d’actes ou de microagressions à caractère raciste.
Mon enseignante m’a demandé une fois d’enlever mon bandeau, car c’était associé aux gangs de Noirs, raconte Aissatou Bourdanne.
Elle était choquée, ne comprenant pas pourquoi l’enseignante avait parlé de couleur de peau.
« Tu te sens visée, séparée du reste du groupe et tu as honte devant toute la classe. »
Ses parents lui ont toujours expliqué que les personnes noires n’auront jamais les mêmes privilèges que les personnes blanches.
Aïssatou Bourdanne ne rêve pas de changer la mentalité des gens, mais elle souhaite tout simplement amener les personnes des communautés à réaliser que certaines actions ou certaines pensées n’ont pas leur place dans la société.
Elle reste optimiste, voyant que les générations changent, que les élèves ont de plus en plus de voix dans la société et que les discussions sont plus nombreuses.
Quand je parle avec des gens de mon âge, on est capable d’avoir accès à plusieurs informations qui nous montrent que les idées qu’on a en tête ne sont pas nécessairement vraies.
Radio-Canada / Gavin Boutroy
Bathélemy Bolivar Coordinateur de la programmation à la Division scolaire franco-manitobaine
Le racisme est une dévalorisation d’un groupe ethnique par rapport à un autre.
Bathélemy Bolivar chapeaute le comité de justice sociale, antiracisme, inclusion, diversité culturelle et équité du Collège Louis-Riel, à la Division scolaire franco-manitobaine.
Ce comité a été créé au début de l’année scolaire 2022-2023 pour répondre aux besoins de cohésion et de compréhension dans des écoles de plus en plus multiculturelles.
Les jeunes veulent régler les problèmes. Ça nous dit qu’ils veulent s'attaquer aux défis et qu’il y a de l’espoir, parce que ce sont ces jeunes-là qui vont devenir des administrateurs d’écoles, des parents, etc.
Les revendications raciales existent depuis plusieurs décennies, mais Bathélemy Bolivar estime qu’il est temps que les écoles posent des gestes concrets et fassent participer les jeunes.
Je suis très content de faire partie d’une mobilisation des équipes qui veulent entamer un processus de changement, et les changements commencent par les mentalités. C’est ce qui est le plus difficile à faire et c’est ce qu’il faut faire sur le long terme et dans la durabilité.
Radio-Canada / Gavin Boutroy
Malaïka Brandt-Murenzi Enseignante en 7e et 8e année au Collège Béliveau
Avec le comité BIPOC et ALLIÉ.ES du Collège Béliveau, l’enseignante Malaïka Brandt-Murenzi est contente de voir que les jeunes parlent davantage des questions entourant le racisme et les microagressions.
Ces défis et ces difficultés, dit-elle, sont encore bien présents.
Selon Malaika Brandt-Murenzi, c’est à partir des classes de 7e année que les jeunes peuvent se lancer dans des discussions plus franche.
Les élèves sont capables d’identifier le racisme et commencent à développer un sens de justice sociale et un vocabulaire pour exprimer leur expérience, dit-elle, tout en admettant que cela reste difficile pour certains.
Le comité a été créé pour permettre à tous les élèves, quelle que soit leur origine ethnique, de se sentir en sécurité dans l’école.
Malaika Brandt-Murenzi rappelle que le personnel joue un rôle important, à commencer par une diversité qui reflète celle des élèves. Ainsi, une plus grande confiance peut se développer entre le personnel et les élèves, afin d’assurer un environnement plus sécuritaire.