Dans les montagnes, le long de leurs versants, sur leurs crêtes, au creux de leurs vallées, la nature se retrouve préservée. Mais pour combien de temps?
De nombreux résidents des parcs nationaux y sont viscéralement attachés. Ils sont à la fois témoins des changements qui s’y opèrent et acteurs de la protection des richesses naturelles qu’on y trouve.
C’est le cas de Paulette Trottier, qui est venue vivre à Jasper lorsqu’elle avait 16 ans, en 1973.
Depuis 37 ans, elle y vit la plus grande aventure de [sa] vie
. Là, sur les rives de la rivière Maligne, où se trouvent de petits chalets en bois, elle a tenu l’auberge de jeunesse, vu passer des générations de randonneurs, élevé deux filles et côtoyé la faune sauvage. Le tout, sans eau courante et avec de l'électricité depuis seulement 20 ans.
La maison est petite, mais la cour est grande, dit-elle dans un sourire. Ce qui est grand, c'est la nature, le sauvage. Nous sommes dans un état sauvage.
Cette vie proche de la nature, elle en rêvait et ne l’a jamais quittée. Quand je suis arrivée ici, je ne connaissais pas la différence entre un wapiti puis un orignal
, dit-elle.
Dans son chalet aussi chaleureux que minimaliste, la porte s’ouvre. Volker Schelhas, son mari, rentre et s’approche du calendrier pendu près de l’entrée. Sous la date du jour, des mentions manuscrites. Comme la veille, et le jour d’avant et tous ceux qui ont précédé depuis plus de 30 ans, il note les animaux qu’il voit et les chants d’oiseaux qu’il entend dans la vallée Maligne.
Sur l’étagère, entre les encyclopédies animalières et ouvrages sur les oiseaux d’Amérique, une mémoire de la faune compilée par la passion d’un seul homme. Des archives qui ont même été numérisées par Parcs Canada, précise l’enseignante à la retraite.
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Quand toutes les fenêtres ouvrent sur la nature, que l’on vit avec elle, on apprend à la comprendre, et son regard est celui d’un observateur averti, conscient de ses variations. Plusieurs années qu’ils n’ont plus vu de porc-épic. Les loups? On les voit moins, mais on espère qu’ils sont toujours là. Cependant, le grand absent, c’est le caribou. Il en resterait quelques-uns dans une autre vallée. Les mouflons? Paulette et sa famille pouvaient se réveiller autrefois entourées d’une soixantaine d'entre eux traînant autour des cabines, mais ce n'est plus le cas.