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Aryane, Laurie et Jessica regarde regardent le paysage. La rivière Jacques-Cartier est calme.
Radio-Canada / Fanny Samson

Le plein air est devenu un outil thérapeutique de plus en plus utilisé au Québec. Dans la nature, le temps s'arrête. Le bruit de la rivière Jacques-Cartier calme le flot des pensées. Depuis plus d'un an, des adolescents partent en expédition pendant quelques jours avec des intervenants. Leur point commun : leur désir de vaincre la dépendance.

Texte et photos | Fanny Samson

Six mois après leur aventure au parc national de la Jacques-Cartier, Laurie et Aryane font le point sur leur parcours avec Jessica Bourbonnière, coordonnatrice de l’intervention en contexte de nature et d’aventure au Grand Chemin, un organisme qui vient en aide aux jeunes qui luttent contre la dépendance.

Pour leur suivi thérapeutique, qui comprend 10 semaines au centre et 4 mois de suivi en réinsertion sociale, elles ont testé cet hiver l’intervention par la nature et l’aventure (INA).

Même si le recours à l’INA n’est pas nouveau, son émergence est assez récente dans la province. « Il y a comme un boum autour de l’idée d’utiliser le plein air dans des contextes éducatifs d’une intervention psychosociale », fait savoir Christian Mercure, professeur à l’unité d’enseignement d’intervention plein air à l’Université du Québec à Chicoutimi (UQAC).

Laurie regarde Aryane en riant.
Laurie et Aryane se retrouvent après plusieurs mois. Photo : Radio-Canada / Fanny Samson

La neige a fondu et les moustiques ont remplacé le froid glacial. Les souvenirs de cette aventure de quatre jours en raquettes se bousculent. Les deux adolescentes ont fait beaucoup de chemin depuis.

« On travaille sur notre consommation, mais on travaille énormément sur nous, et ça nous fait cheminer. Juste en tant que personne, ça nous fait maturer et ça nous fait voir une autre facette de la vie », lance Laurie, les yeux pétillants.

Laurie regarde la caméra en souriant.
Laurie réalise qu'elle a surmonté de nombreux défis depuis le début de sa thérapie.Photo : Radio-Canada / Fanny Samson

Maintenant âgée de 18 ans, la jeune femme a terminé sa deuxième thérapie. L’alcool avait remplacé sa dépendance à la cocaïne et aux amphétamines. Aujourd’hui sobre, elle est sur le point de réaliser tous ses rêves.

«  »

— Une citation de  Laurie

Pour Aryane, dépendante au cannabis, ce rendez-vous avec la nature évoque un moment de pur bonheur que le retour à la réalité a perturbé.

Aryane regarde l'horizin loin, le regard songeur.
Aryane s'attend à devoir surmonter d'autres obstacles au courant de la prochaine année.Photo : Radio-Canada / Fanny Samson

« J’étais tellement heureuse », dit-elle en riant. « La lucidité était là, le mental était là, toute était beau », raconte-t-elle.

Si son contact avec la nature l'a ramenée à l'essentiel, elle ne cache pas avoir rechuté quelques fois depuis.

Il y a six mois, les deux adolescentes ne savaient pas ce que la nature allait leur réserver.

Le groupe de jeunes marche dans la forêt enneigée avec leurs raquettes.
Le groupe de jeunes marche dans la forêt enneigée avec leurs raquettes.
Radio-Canada / Fanny Samson
Photo: Samuel est le leader du groupe.   Crédit: Radio-Canada / Fanny Samson

L’intervention par la nature et l’aventure

L’organisme Le Grand Chemin s’est lancé dans l’INA il y a plus d’un an. Les intervenants des centres, situés à Québec, à Montréal et à Saint-Célestin, offrent la possibilité aux jeunes de partir en expédition pour leur thérapie.

Une dizaine de sorties en nature sont organisées annuellement. Cette initiative était d’abord le projet de maîtrise d’un intervenant de l’organisme.

Érick Forcier l’a proposé au directeur général, qui a été charmé par l’idée. « Chaque expérience en nature est concrète, tous les thèmes que l’on peut aborder, que ce soit le développement de l’estime de soi, la confiance en soi, la communication, tout ça, on le vit au quotidien », affirme le passionné de plein air.

Plusieurs études scientifiques ont démontré les bienfaits du plein air sur la santé mentale. Le contact avec la nature permet notamment de réduire les symptômes liés à la dépression, à l’anxiété ainsi qu'à l’hyperactivité, et améliore la concentration et la motivation.

« Ç’a été une révélation pour moi. Je voyais là une façon d’amener les jeunes en nature, de développer leur motivation. Je voyais là aussi un complément à notre traitement qui a fait ses preuves », explique David Laplante, directeur général des centres.

Le Grand Chemin collabore d’ailleurs à la cueillette de données scientifiques sur l’effet de l’intervention par la nature et l’aventure sur les jeunes dépendants.

« On commence à avoir des chiffres qui viennent démontrer une augmentation importante de la motivation chez les jeunes », ajoute-t-il.

Laurie et Aryane.
Laurie et Aryane au parc national de la Jacques-CartierPhoto : Radio-Canada / Fanny Samson

Pour cette expédition hivernale, l’organisme avait sélectionné 7 jeunes volontaires âgés de 12 à 17 ans qui souffrent de dépendance aux drogues, à l’alcool ou de cyberdépendance.

Pendant quatre jours, ils ont appris à surmonter les défis que la nature leur présente. Pour comprendre le cheminement de ces jeunes, revenons à janvier dernier, là où l’aventure a commencé.

Des jeunes transportent des sacs dos et des boîtes de plastique. Un paysage hivernale les entoure.
Des jeunes transportent des sacs dos et des boîtes de plastique. Un paysage hivernale les entoure.
Radio-Canada / Fanny Samson
Photo: Les jeunes aident les intervenants à transporter le matériel de plein air.  Crédit: Radio-Canada / Fanny Samson

Six mois plus tôt

Un lundi de janvier, les adolescents sélectionnées, provenant des centres de Montréal et de Saint-Célestin, se rencontrent pour la première fois à Québec avant de partir pour le parc national de la Jacques-Cartier.

Quelques minutes plus tard, l’intervenante du centre de Québec qui suit le groupe, Claudiane Bilodeau, arrive avec Aryane et Laurie, âgées alors de 16 et 17 ans.

Laurie est à l'avant-plan, à raquettes. Aryane l'a suit derrière. Plusieurs sont au loin.
Laurie et Aryane découvrent les plaisirs du plein air.Photo : Radio-Canada / Fanny Samson

« On essaie de cibler des jeunes pour qui ça pourrait vraiment être pertinent dans leur cheminement », souligne celle qui accompagne Aryane dans sa thérapie de lutte contre la dépendance au cannabis.

«  »

— Une citation de  Aryane

Laurie, elle, connaît bien Le Grand chemin. Elle tente alors pour une deuxième fois de surmonter ses dépendances, mais l’INA est une première.

« Mon intervenant au centre, il me l’a proposée parce qu’un de mes objectifs, c’est d’apprendre à me connaître et il m’a dit que cette expédition-là, ça faisait justement en sorte qu’on pouvait apprendre à connaître nos limites », souligne cette jeune blonde dont l'émotion transparaît dans ses grands yeux.

Jessica et Samuel ont les yeux rivés sur une carte des sentiers. Ils sont habillés chaudement.
Jessica Bourbonnière regarde avec Samuel la carte des sentiers.Photo : Radio-Canada / Fanny Samson

Jessica Bourbonnière l’a mentionné à plusieurs reprises : l’intervention dans la nature n’a rien à voir avec celle que l’on trouve entre quatre murs.

«  »

— Une citation de  Jessica Bourbonnière, coordonnatrice, intervention en contexte de nature et d'aventure

« Comme intervenant dans un centre, on doit amener les jeunes à se mettre au défi, soit en les mettant en contact avec les autres ou avec des activités. Alors que là, lorsqu’on est en plein air, c’est vraiment l’aventure qui va faire surgir les défis », explique la coordonnatrice.

Claudianne aide Laurie à manipuler les ganses de son sac à dos pour l'ajuster à sa taille.
Claudianne aide Laurie à manipuler les ganses de son sac à dos pour l'ajuster à sa taille.
Radio-Canada / Fanny Samson
Photo: Claudiane aide Laurie à attacher son sac à dos d'expédition.  Crédit: Radio-Canada / Fanny Samson

Se préparer pour l’aventure

Avant de partir en randonnée, les intervenants s’assurent que chaque jeune a tout le matériel nécessaire pour l’aventure, et pour affronter dame Nature.

Ils ont tous leur propre sac d’expédition, incluant sac de couchage, sifflet, gourde d’eau, thermos, ustensiles, tapis de sol, lampes frontales, etc., soit du matériel dont s’est doté l’organisme pour effectuer des thérapies dans la nature de façon régulière.

«  »

— Une citation de  Claudiane Bilodeau, intervenante en dépendance au Grand Chemin de Québec

En plus des sacs, les intervenants ont préparé plusieurs boîtes dans lesquelles on retrouve des vêtements de plein air et assez de nourriture pour quatre jours.

Après avoir choisi les vêtements adéquats, les jeunes bouclent leur sac à dos et se dirigent vers les yourtes, leurs maisons pour une nuit.

Un autobus jaune est stationné devant une yourte du parc national de la Jacques-Cartier.
Les adolescents ont dormi une nuit dans des yourtes.Photo : Radio-Canada / Fanny Samson

En ce premier jour, chacun fait part de ses attentes à tour de rôle. Ils veulent apprendre à se connaître, sortir de leur zone de confort et apprendre à se faire confiance. « En quatre jours, ça peut faire comme si ça faisait deux mois que vous étiez en thérapie », prévient Claudiane Bilodeau.

Les jeunes marchent avec des raquettes dans un sentier enneigé. On voit des montagnes au loin.
Les jeunes marchent avec des raquettes dans un sentier enneigé. On voit des montagnes au loin.
Radio-Canada / Fanny Samson
Photo: Le groupe apprend à marcher avec des raquettes.  Crédit: Radio-Canada / Fanny Samson

Bâtir la confiance de groupe

Le but de l’expédition est aussi de bâtir la confiance de groupe, qui se développe de jour en jour. Être en plein air permet justement « d’atteindre rapidement des niveaux de confiance, de communication, qui vont leur permettre d'approfondir les sujets thérapeutiques », précise Jessica Bourbonnière.

« Qu’est-ce qu’on met dans le groupe? » demandent les intervenants, assis avec les jeunes dans la yourte.

« De l’authenticité », répond Laurie. « Authentique envers soi-même aussi. »

« Difficile d’avoir de bonnes relations sans être honnête », poursuit Samuel, un jeune réservé et atteint de cyberdépendance.

Ensuite, il est temps de préparer les sacs, puisque l’expédition doit prendre son envol en ce deuxième jour.

« Je suis de bonne humeur, j’ai hâte qu’on aille explorer la nature », fait savoir Aryane.

Mais quelques minutes avant le départ, la panique s'installe : plusieurs jeunes ont froid.

« Un jeune qui n’a pas appris dans la vie à prendre soin de ses besoins, en hiver, s’il a froid et qu’il ne le nomme pas à personne, qu’il ne fait aucun geste, la nature donne elle-même les conséquences », souligne Jessica pour expliquer l’une des forces de l’INA.

Claudia parle à une jeune qui est de dos. Les autres jeunes sont derrière elle, dans le sentier enneigé.
Claudia parle à une jeune qui est de dos. Les autres jeunes sont derrière elle, dans le sentier enneigé.
Radio-Canada / Fanny Samson
Photo: Claudianne s'arrête pour aider une adolescente qui avait besoin d'une pause pour prendre ses pompes.  Crédit: Radio-Canada / Fanny Samson

Devenir leader

Raquettes aux pieds, les sept jeunes commencent leur ascension. Les intervenants nomment ensuite des leaders à tour de rôle durant l’expédition pour leur permettre de développer leur confiance, leur leadership et leur motivation.

Avant de se diriger au campement, Aryane devient leader.

« Elle sourit et elle prend sa place », remarque l’intervenant Érick Forcier. Puis, quelques minutes plus tard, on arrive au campement. L’adolescente lance même une discussion thérapeutique de groupe pour que chacun puisse savoir ce qu’ils sont venus faire ici.

Aryane.
Aryane regarde la carte des sentiers afin de guider le groupe.Photo : Radio-Canada / Fanny Samson

« J’étais fière, ça s’est vraiment bien passé et je pensais que ça allait être plus compliqué, mais c’est justement d’avoir confiance et de croire en soi, et si t’as confiance en toi, tout peut bien aller, faut juste que tu aies le mini espoir », affirme-t-elle.

« Il y a toujours quelque chose qui se passe dans les expéditions, j’appelle ça les points tournants. Chaque jeune, à un moment clé, on sent qu’on l’a assez poussé dans une zone de défi qui lui permet de se développer », explique Jessica Bourbonnière.

Samuel, qui souffre de cyberdépendance et qui est très réservé, devient aussi leader lors d’une expédition de raquette.

Les jeunes forment un cercle et discutent dans un sentier enneigé.
Les adolescents discutent et se préparent à partir en randonnée.Photo : Radio-Canada / Fanny Samson

Il devait décider où aura lieu la randonnée et guider ses coéquipiers.

Sur quelques mètres, les jeunes avancent croyant se diriger vers un sentier, mais ils réalisent qu’ils sont dans un cul-de-sac : c’est un étang.

Certains s’impatientent, mais les intervenants ne disent rien. « Ça n’avance pas vite, mais c’est là que tu réalises que ce n’est pas juste physique », dit Claudiane.

«  »

— Une citation de  Jessica Bourbonnière, coordonnatrice, intervention en contexte de nature et d'aventure

Après quelques essais et erreurs, ils se lancent dans le sentier Les loups, un moment important, selon les intervenants, qui a poussé Samuel à prendre plusieurs décisions.

Ensuite, deux autres participantes, Océane et Laurie, terminent la montée, qui est assez difficile pour le groupe qui venait déjà de parcourir plusieurs kilomètres.

« Elles ont su communiquer, elles ont su utiliser l’énergie qu’elles avaient pour encourager le groupe, qui était fatigué à ce moment-là », admet l’intervenante.

Laurie regarde l'horizon et semble pensive.
Laurie regarde l'horizon et semble pensive.
Radio-Canada / Fanny Samson
Photo: Laurie regarde au loin, songeuse.  Crédit: Radio-Canada / Fanny Samson

Le retour

Une fois dans la cabane en bois, c’est le temps du retour, moment où les jeunes partagent leurs émotions.

Durant une activité, Laurie affirme avoir ressenti de la colère, pourtant elle affichait un grand sourire. Après plusieurs questions des intervenants, elle s’ouvre.

« J’ai de la misère à faire connaître la vraie Laurie », admet-elle. « Des fois, je vais dire que ça va, mais ça ne va pas. J’aimerais ça être vraie et enlever ma carapace. Je ne comprends rien aux émotions, c’est ma bête noire. »

Laurie revient sur ce qui l’a poussée à suivre une thérapie. Victime d’agressions sexuelles, elle s’est réfugiée dans la drogue, puis l’alcool.

«  »

— Une citation de  Laurie

Émotive, elle raconte que la dernière année a été « tough ». C’est après une soirée difficile avec une amie, qu’elle a dû amener à l’hôpital, qu’elle a compris qu’elle devait suivre une nouvelle thérapie.

Laurie tient ses bâtons de raquettes et n'avance pas. Elle regarde au loin.
Laurie se prépare à faire plusieurs kilomètres de raquettes avec son sac à dos.Photo : Radio-Canada / Fanny Samson

« Personne ne veut aller porter son amie à l’hôpital psychiatrique, personne ne veut voir son amie en détresse, surtout pas à cause de la drogue. On dirait que c’est ça qui m’a fait allumer que moi et la drogue, c’était rendu un peu trop loin. »

Selon l’intervenante Jessica Bourbonnière, le retour est toujours un moment fort en émotions. Plusieurs jeunes décident de se livrer ou encore de se libérer d'une expérience traumatisante. « Parfois, c’est des partages très très riches le soir », mentionne-t-elle.

L’ouverture de Laurie a suscité un effet d’entraînement. D’autres jeunes ont aussi partagé leurs peines et leurs difficultés.

Le groupe prend une pause pour prendre une photo de groupe. Des jeunes ont lancé de la neige en l'air.
Le groupe prend une pause pour prendre une photo de groupe. Des jeunes ont lancé de la neige en l'air.
Radio-Canada / Fanny Samson
Photo: Les sept jeunes et leurs intervenants célèbrent la fin de l'expédition.  Crédit: Radio-Canada / Fanny Samson

La fin de l’aventure

Avant le lever du jour, les sept adolescents enfilent leurs raquettes pour la dernière fois. Ils doivent parcourir plus de trois kilomètres dans le noir, munis de leur lampe frontale.

Autre défi : ils doivent le faire en silence. Un exercice qui leur permet de penser à ce que cette aventure leur a permis de découvrir sur eux-mêmes. Ils devront ensuite raconter en groupe ce qu’ils ont vécu.

La montée est difficile, mais le tout se déroule en silence, comme prévu. Peu à peu, le soleil se lève.

Les jeunes marchent en raquettes, l'un en arrière de l'autre. Le soleil n'est pas encore tout à fait levé.
Les jeunes marchent en silence.Photo : Radio-Canada / Fanny Samson

Vers 8 h, l’expédition est officiellement terminée. Chacun doit maintenant s’ouvrir sur ce que cette expérience lui a apporté. Certains parlent avec réticence et d’autres peinent à contenir leurs larmes.

Aryane affirme qu’elle se sent mieux aujourd’hui, quatre semaines après le début de sa thérapie au Grand Chemin.

« Je n'acceptais pas que j’avais une dépendance et je ne le voyais pas, alors je me disais que ça allait être dur, mais finalement j’ai fait le bon choix, je vois que je vais mieux », confie celle qui fumait du cannabis plusieurs fois par jour.

Son intervenante, Claudiane, constate ces changements. « Je l’ai vue évoluer, on dirait comme une maman qui voit son enfant grandir. Dans le sens où Aryane est souvent timide, réservée, et elle s’est vraiment épanouie. »

«  »

— Une citation de  Aryane

Si elle avait la jeune Aryane devant elle, elle lui aurait conseillé de choisir un autre chemin pour affronter l’absence de son père et les difficultés familiales.

« J’aurais dû lui dire de ne pas embarquer là-dedans, parce que c'est la pire affaire qui peut arriver à n’importe qui, ça te fait chuter ben raide, elle aurait dû être capable d’affronter ça. »

Aryane et Laurie regardent la caméra pendant que Jessica rit en regardant un papillon s'envoler.
Aryane et Laurie regardent la caméra pendant que Jessica rit en regardant un papillon s'envoler.
Radio-Canada / Fanny Samson
Photo: Aryane, Laurie et Jessica.  Crédit: Radio-Canada / Fanny Samson

Grandir

Six mois après cette aventure, Laurie a pratiquement atteint tous ses objectifs.

La jeune femme de 18 ans a depuis été acceptée en soins infirmiers au cégep, elle s’est acheté une auto, elle travaille dans un camp de jour, en plus de travailler dans un restaurant.

Dans les moments difficiles, la nature lui permet parfois de se ramener au présent. Les promenades sur le bord de la rivière sont devenues apaisantes.

Pour Jessica Bourbonnière, cette rencontre est très significative. Elle revoit rarement les jeunes. L’intervenante était très émue de revoir les succès et les défis rencontrés, mais surtout le rôle que la nature a joué dans leur parcours.

« Il y a tellement de recherches qui disent que, oui, l’intervention par la nature et l’aventure a un impact. Même si j’y croyais vraiment, j’avais hâte de voir deux jeunes en témoigner [...] les deux l’ont dit, ç’a été un point tournant dans leur cheminement. »

Laurie regarde l'horizon au loin et sourit.
Laurie songe à l'expédition et le chemin qu'elle a parcouru au courant des six derniers mois.Photo : Radio-Canada / Fanny Samson

«  »

— Une citation de  Laurie

Pour Aryane, le retour à la réalité a été brusque. Un mois après la fin de sa thérapie, son père, qui l’a abandonnée il y a plusieurs années, est revenu dans le portrait. Elle a rechuté.

Elle s’attendait à un retour plus facile à la maison. Malgré tout, elle est consciente qu’elle a fait du chemin. Un moment précis de l’aventure est devenu un point d’ancrage qui lui a permis de contrôler sa consommation.

Aryane rit aux éclats, les yeux fermés.
Aryane rit aux éclats en pensant à certains moments de l'expédition.Photo : Radio-Canada / Fanny Samson

Il y a quelques semaines, elle s’est rendue avec des amis au parc des Sept-Chutes, en Chaudière-Appalaches. Ils avaient amené du cannabis, mais elle n’a pas consommé.

« J’ai été proche de l’eau qui coule, alors j’ai écouté la nature, comme quand on était ici, je me suis recentrée sur ce qui se passe et pas sur ce que mes amies font », se souvient-elle.

Laurie, Aryane et Jessica marchent dans un sentier. Elles sont de dos.
Laurie, Aryane et Jessica marchent dans un sentier.Photo : Radio-Canada / Fanny Samson

Les deux jeunes femmes auront encore plusieurs défis à surmonter. La dépendance sera toujours présente en trame de fond, mais leur thérapie a changé leur vie.

Laurie réalise que cette thérapie par la nature l’a transformée. « On en apprend chaque jour sur nous. En étant dans la nature, on dirait que j’ai cheminé beaucoup plus vite qu’en thérapie. »

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