Tous les actifs doivent être liquidés. Sur la liste : des bâtiments dans 34 paroisses, y compris l’immense basilique de Saint-Jean-Baptiste, qui vient au deuxième rang des plus grandes églises catholiques au pays.
L’archidiocèse de Saint-Jean doit verser près de 50 millions de dollars aux survivants d’abus sexuels à l’ancien orphelinat Mount Cashel – l’un des premiers scandales de pédophilie au sein de l’Église catholique au Canada. Mais l’archidiocèse n’a pas l’argent et le Vatican ne lui viendra pas en aide.
Je n’en reviens pas
, s’indigne Jerome Fennelly, les larmes aux yeux, après ce qui aura possiblement été la dernière messe de Pâques dans l’église Holy Rosary. Il y va depuis 62 ans.
« Cette église, cette salle paroissiale, c’est nous, les paroissiens, qui les avons construites. Puis, l’archidiocèse de Saint-Jean peut venir les prendre et les vendre? Ça n'a aucun sens. »
Les fidèles comme Jerome Fennelly ont jusqu’au 2 juin pour acheter les églises qu’ils croyaient posséder. L’archidiocèse a déjà saisi presque tout l’argent de leur paroisse.
S’ils veulent soumettre une offre et tenter de garder leur patrimoine, ils repartent de zéro. S’ils se résignent à aller à la messe dans une église qui n’est pas la leur, ils courent des risques. Comme toutes les autres églises catholiques du secteur sont aussi à vendre, si personne n'achète son église, elles pourraient toutes disparaître.
C’est une situation insoutenable pour des fidèles comme Jerome Fennelly, mais les obligations légales de l’archidiocèse sont claires. En 2019, la Cour d’appel de Terre-Neuve-et-Labrador a déclaré l’archidiocèse de Saint-Jean responsable des abus sexuels commis contre quatre garçons dans les années 1940, 1950 et 1960.
La Cour a reconnu que même si la congrégation des Frères chrétiens d’Irlande (Christian Brothers of Ireland) gérait l’orphelinat, l’archidiocèse a permis aux religieux de commettre des abus sexuels impunément pendant des décennies. Le juge a accordé 2,4 millions de dollars à quatre victimes, mais il a aussi ouvert la voie à une centaine d’autres litiges contre l’archidiocèse.