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Malgré des restrictions internationales de plus en plus sévères, des compagnies canadiennes exportent dans les pays pauvres du papier dont la contamination par des déchets polluants dépasse largement les normes.
Une équipe d’Enquête met au jour le monde opaque du commerce des matières recyclables et a suivi leurs traces de votre bac jusqu’en Inde.
BELGIQUE - Octobre 2021, au port d'Anvers, l’inspecteur Marc De Strooper s’apprête à ouvrir un conteneur saisi il y a deux jours. Le conteneur venait du port de Montréal et était en route pour l’Inde. Officiellement, le manifeste indique qu’il s’agit de papier mixte destiné au recyclage. Mais dès qu’il ouvre la porte, il découvre qu’il recèle de mauvaises surprises.
« Ah, quelle odeur! Quelqu'un qui vend ça comme du papier normal avec des prix élevés, c’est vraiment un crime. »
Des souliers, des vêtements usagés, des éclats de verre, des déchets de métaux, des jouets, des masques chirurgicaux : la liste des matières qui ne devraient pas s’y trouver est longue. Mais les ballots contiennent surtout une grande quantité de plastique mou, des sacs, des emballages de peu de valeur et très difficiles à recycler.
Selon Marc De Strooper, ils ne doivent pas être classés comme des matières recyclables, mais plutôt comme des déchets mélangés ou du plastique difficile à recycler, dont l’exportation est interdite dans des pays comme l’Inde sans leur consentement préalable. Ils doivent donc retourner au Canada.
Marc De Strooper estime à environ 25 % le taux de contamination de ces ballots par d’autres matières, alors que la limite légale indienne pour cette catégorie de papier est de 2 %.
Depuis 2019, c’est la cinquième expédition de papier mixte souillé qu’il stoppe en provenance du Canada.
Il y a un très grand problème avec les conteneurs de papier venant du Canada, constate Marc De Strooper. Le Canada, c'est connu comme un pays très beau avec des gens qui aiment la nature. Et je ne comprends pas qu'ils puissent jeter des déchets comme ça.
Radio-Canada / Gil Shochat
Photo: Des ballots de papier à recycler stockés en Inde. Crédit: Radio-Canada / Gil Shochat
Taux de contamination élevé
Enquête a découvert que les ballots de papier contaminés ont été expédiés par un courtier basé en Italie, mais que les matières ont été achetées au centre de tri de Saint-Michel, à Montréal.
Le centre appartient à Services Ricova, une filière du Groupe Ricova. La compagnie gère trois centres de tri au Québec, soit deux à Montréal et un à Châteauguay.
Selon les chiffres fournis par la Ville de Montréal, qui reçoit des rapports mensuels de la compagnie, les taux de contamination du papier mixte sortant du centre de tri de Saint-Michel sont en effet très élevés. Ils ont été de 26 % en moyenne l’an dernier. C’est huit fois plus élevé que ce que prévoit le contrat.
C’est certain que si vous avez 25 % de la masse d’un ballot qui n’est pas du papier, il y a un vice sévère de fabrication du ballot, affirme Marc Olivier, professeur-chercheur au Centre de transfert technologique en écologie industrielle (CTTEI) à Sorel-Tracy.
Le président de Ricova réfute les données de la Ville.
Les clients qui reçoivent ça, ils nous disent qu’il n’y a pas autant de contaminants là-dedans, dit Dominic Colubriale. Je ne sais pas pourquoi ils disent ça. Je pense que des fois, c'est la manière dont ils font les calculs.
Pourtant, c’est Ricova elle-même qui a choisi et mandaté la firme qui analyse la qualité des matières au centre de Saint-Michel.
Le centre Saint-Michel, on sait qu’il a des défis technologiques, indique Marie-Andrée Mauger, responsable de la transition écologique et de l'environnement au comité exécutif de la Ville de Montréal.
Centre de tri de Montréal.Photo : Radio-Canada / Jacques Racine
La Ville défend Ricova en précisant que la compagnie n’a pris possession du vieux centre de Saint-Michel qu’en 2020, lorsqu’elle a racheté les actifs de l’exploitant précédent, qui avait fait faillite. Ricova a installé en novembre les derniers équipements prévus pour améliorer la qualité du tri. Marie-Andrée Mauger ajoute que la Ville s’attend maintenant à une meilleure performance du centre de tri.
Mais même le centre de tri plus moderne de Lachine, inauguré en 2019, ne fait pas beaucoup mieux. Les taux de contamination depuis y tournent en moyenne autour de 20 %. Ricova impute cette piètre performance à la qualité déficiente de l’équipement de tri. Elle a intenté une poursuite en 2021 contre le fabricant, et lui réclame plus de 5,5 millions de dollars pour acheter du nouvel équipement.
Radio-Canada / Gil Shochat
Photo: Un centre de tri en Inde reçoit les restes du papier à recycler. Crédit: Radio-Canada / Gil Shochat
Le problème des contaminants
Jusqu’en 2018, les centres de tri du Québec, comme ceux du reste de la planète, ne se préoccupaient pas trop de la qualité des matières qui sortaient de leurs usines.
Environ 60 % d’entre elles étaient exportées hors du Québec, principalement en Chine.
En pleine croissance économique, l’appétit de la Chine pour les déchets recyclables semblait insatiable, et ses exigences de qualité, minimes. Les matières étaient souvent mal triées ou difficilement recyclables.
Mais il y a quatre ans, la Chine a décidé que les coûts sociaux et environnementaux étaient devenus trop lourds.
Elle ne voulait plus être la poubelle du reste du monde, note Pierre Avard, jusqu’à tout récemment président de Récup Estrie, qui gère le centre de tri de Sherbrooke.
La Chine resserre radicalement ses exigences de qualité. Elle provoque une crise mondiale dans l’industrie du recyclage.
Depuis, de nombreux centres de tri au Québec ont investi dans la technologie pour diminuer la contamination dans leurs matières et développer des marchés locaux.
Selon les derniers chiffres disponibles de Recyc-Québec, 65 % du papier mixte québécois était toujours exporté en 2019. Et l’Inde est maintenant le principal marché.
Radio-Canada / Gil Shochat
Photo: Des travailleurs passent leur journée sur des montagnes de papier recyclé. Crédit: Radio-Canada / Gil Shochat
Des monticules de plastique canadien
La ville de Muzaffarnagar se trouve à quelques heures de route au nord-est de la capitale indienne, New Delhi. C’est l’une des régions où se concentrent les papetières.
Avant d’entamer ce voyage, notre équipe avait identifié et repéré les principales usines qui importent le papier à recycler canadien pour le réduire en pâte et en refaire du papier neuf.
Dès notre premier arrêt dans un terrain à proximité de l’une d’entre elles, cela nous saute aux yeux. Dans les monticules sales, des sacs et des emballages canadiens déchiquetés sont omniprésents. President’s Choice, Indigo, Québon, Métro, du papier de toilette Cashmere, pommes de terre Russet : les marques sont familières. Ironiquement, nous retrouvons même un sac réutilisable Toronto Recycle.
Un chauffeur de tracteur présent sur les lieux affirme que les déchets viennent d’une papetière à proximité, qui les remet à des sous-traitants pour être triés.
Un groupe de femmes arrive sur les lieux. Elles changent discrètement de vêtements avant de se mettre au travail. Elles révèlent gagner un peu plus de 3 $ CA par jour pour séparer le plastique mou de peu de valeur du métal et du plastique dur, qui eux seront vendus pour être recyclés.
Si on peut s’y habituer, ça va, nous dit l’une des ouvrières. Mais hors caméra, les trieuses confient que le travail est très dur et que le salaire est insuffisant pour faire vivre leur famille.
Dans quatre autres dépôts semblables, nous découvrirons le même écosystème, et nous serons surpris par la grande quantité de déchets de plastique canadien.
En janvier 2020, les douaniers ont saisi 300 conteneurs de déchets au port de Mundra. Les exportateurs avaient déclaré transporter du papier à recycler, mais les conteneurs renfermaient beaucoup trop d’autres déchets, selon les autorités.
Au moins 100 000 tonnes de plastique non recyclable seraient entrées en Inde dans des ballots de papier à recycler, selon un récent rapport d’un groupe d’experts indiens, déposé devant le Tribunal vert national.
Le rapport souligne que les inspections ne couvrent qu’une infime partie du papier mixte importé.
Radio-Canada / Gil Shochat
Photo: Une usine brûle des matières recyclées. Crédit: Radio-Canada / Gil Shochat
Du plastique à recycler… brûlé
Muzaffarnagar compte 30 papetières. Leur présence ne fait pas l’unanimité dans les villages des alentours. Les autorités locales ont reçu plusieurs plaintes concernant la pollution de l’eau et de l’air dont elles seraient responsables.
Dans le village de Chandpur, un groupe de jeunes hommes a commencé à recenser les maladies qui seraient liées à cette pollution. Il collige les dossiers médicaux concernant des problèmes respiratoires, des cas d’asthme, de maladies de la peau et de cancers.
Rahul Kumar (à droite) et ses collègues colligent des informations reliées à la santé des villageois.Photo : Radio-Canada / Gil Shochat
Rahul Kumar, un fermier qui travaille aussi dans le domaine des finances, s’inquiète particulièrement de ce qui arrive aux sacs et emballages de plastique importés de l’étranger.
Il affirme qu’ils sont utilisés clandestinement comme combustible. Par des papetières, la nuit, ou par des petites usines de fabrication de briques ou de jaggery, un sucre non raffiné très prisé ici.
Le jour de notre arrivée, l’équipe d’Enquête avait remarqué près d’un des dépôts de plastique de la fumée noire s’échappant d’un petit bâtiment. On nous avait dit que c’était un fabricant de jaggery.
Un homme prépare le jaggery, un sucre non raffiné.Photo : Radio-Canada / Gil Shochat
À côté du four, il y avait en effet un tas de bois et un plus petit de plastique. Devant nous, l’ouvrier ne brûlera cependant que le bois. Ça ne coûte presque rien, dit le jeune homme de 27 ans. Une ou deux roupies le kilo, alors que le bois coûte de 30 à 40 roupies de plus.
« Le plastique vient de pays comme le vôtre, mais c’est nous qui avons tous les problèmes. »
En septembre dernier, dans une lettre, quatre chefs de village se sont plaints aux autorités de la combustion des déchets de plastique, qui libère des produits chimiques dangereux, dont des dioxines.
Le gouvernement, disent-ils, intervient de temps à temps, mais les usines reprennent vite leurs mauvaises habitudes.
Radio-Canada / Gil Shochat
Photo: Une femme recycle ce qu'elle peut d'un amoncellement de papier recyclé. Crédit: Radio-Canada / Gil Shochat
L’industrie et les autorités indiennes minimisent le problème
Dans un message courriel, le Centre de contrôle de la pollution de Muzaffarnagar confirme avoir imposé au cours des dernières années plusieurs amendes pour le stockage illégal de plastique et sa combustion à ciel ouvert.
Par contre, une seule papetière aurait écopé en 2019 d’une amende pour avoir brûlé du plastique dans son usine.
Des articles et des documents officiels que nous avons trouvés indiquent pourtant qu’au moins deux autres fois, les autorités sont intervenues ces dernières années dans des papetières en lien avec la combustion de plastique. Notre équipe a elle-même découvert des restes de plastique calciné au pied des montagnes de cendres rejetées par une papetière.
Un rapport de 2019 du Centre d’études et de gestion du bassin de la rivière Ganga cite aussi la combustion du plastique comme l’une des principales mauvaises pratiques de l’industrie papetière.
Nous donnons notre plastique aux cimenteries, rassure Pankajj Agarwaal, le représentant de l’Association des manufacturiers de papier de la région. C’est brûlé dans de bonnes conditions environnementales. Ça ne crée pas de problèmes.
Prigi Arisandi
Photo: L'Indonésie a eu sa vague de papier recyclé dont des matériaux étaient brûlés. Crédit: Prigi Arisandi
Avant l’Inde, il y a eu l’Indonésie
Pour Prigi Arisandi, ces ballots truffés de plastique n’ont rien d’une surprise.
Le biologiste et fondateur du groupe environnemental Ecoton vit à Surabaya, dans l’est de l’île de Java, une région où se concentrent beaucoup de papetières.
C’est à partir de 2017, lorsque la Chine annonce le resserrement prochain de ses règles, qu’il voit soudainement apparaître autour de lui de grandes quantités de plastique étranger. La grande question que nous avions, se rappelle-t-il, c’est : pourquoi des papetières jettent-elles tout ce plastique?
Il découvre que la réponse est dans le papier.
Les directeurs d’usines avec qui j’ai parlé m’ont confié qu’à compter de 2017, les taux de contamination dans les ballots de papier importé avaient grimpé jusqu’à 30 % ou 40 %. Avant, ils étaient de 10 %.
« C’est comme un cheval de Troie. Vous mettez le plastique dans du papier, parce qu’il n’y a pas de réglementation. »
Depuis la crise déclenchée par la Chine, les règles se sont resserrées pour le commerce des déchets de plastique dont le recyclage est limité ou difficile. De nouveaux amendements ont été ajoutés à la Convention de Bâle pour restreindre l’exportation de ces matières vers les pays en développement. Les pays exportateurs doivent obtenir leur consentement préalable avant d’y expédier leurs déchets. Ils ne doivent pas non plus dépasser la norme nationale de contamination établie par les pays importateurs.
On a évidemment, je dirais, une augmentation presque automatique des taux de contamination ailleurs, affirme David Azoulay, un avocat spécialisé en environnement, qui travaille à Genève pour le Centre de droit international en environnement, au fur et à mesure que tous les acteurs cherchent des moyens, camouflés ou pas, de se débarrasser de quantités massives de plastique qu’on produit.
Des Indonésiens trient du papier à recycler.Photo : Prigi Arisandi
Comme en Inde, Prigi découvre que le plastique de mauvaise qualité extrait des ballots de papier est brûlé. Cette fois, pour fabriquer un produit familier : le tofu.
En 2019, des tests sur des œufs de poule ont d’ailleurs révélé des niveaux dangereux de produits chimiques, dont des dioxines.
Après ses découvertes, Prigi Arisandi a multiplié les pressions pour alerter les autorités sur l’importation de papier contaminé. Avec un certain succès. Les règles et les contrôles se resserrent en Indonésie.
Il fait également le tour des ambassades dans la capitale Jakarta pour interpeller les pays occidentaux. Trois ans plus tard, il attend toujours la réponse du Canada.
Radio-Canada / Gil Shochat
Photo: Un emballage de café parmi le papier recyclé canadien. Crédit: Radio-Canada / Gil Shochat
Aucune traçabilité
L’expert Marc Olivier a visionné nos images de tous les produits canadiens découverts en Inde.
C’est quelque chose de tellement piètre qualité que c’est désespérant, réagit-il. Et cela entache la réputation du Canada.
Marc Olivier déplore que personne ne surveille ce qu’il advient de nos déchets à recycler une fois qu’ils sont exportés, afin de s’assurer qu’ils sont traités selon nos normes du travail et environnementales.
Pour le moment, reconnaît Recyc-Québec dans un courriel, il n’y a pas traçabilité pour les matières vendues à l’extérieur du Canada, et RECYC-QUÉBEC n’a pas le pouvoir d’exiger que les installations de récupération, de tri ou de recyclage répondent à ses enquêtes.
La Ville de Montréal n’a pas ce pouvoir non plus, affirme Marie-Andrée Mauger. Une fois que le produit est vendu, dit-elle, la Ville ne peut pas suivre la trace comme telle. C'est vraiment au-dessus de nos moyens.
Elle avoue ne pas être au courant que la limite légale de contamination en Inde pour les ballots de papier mixte à recycler est de 2 %, loin des taux de 25 % du centre montréalais de Saint-Michel.
Selon les données d’import-export que nous avons obtenues, le Canada a exporté près de 500 000 tonnes de papier mixte en Inde entre avril 2019 et avril 2021. Et la moitié l’a été par le groupe Ricova.
Appelé à commenter les résultats de notre enquête, son président, Dominic Colubriale, dit qu’il ne peut contrôler ce qui se passe en Inde. Les règlements ne sont pas sévères comme ici, répond-il. Ça se peut que les gens aient fait des cochonneries un peu partout.
Mais il ajoute avoir confiance en ses partenaires d’affaires. Je sais qu’il y a une partie qui brûle, mais je ne sais pas si c'est mes clients. Mais c'est légal, ça va dans les cimenteries.
Dans le monde du recyclage, les experts à qui Enquête a parlé reconnaissent que le plastique est brûlé dans des conditions plus contrôlées dans des cimenteries, mais la pratique reste controversée sur le plan environnemental.
La Presse canadienne / Ryan Remiorz
Photo: Le port de Montréal. Crédit: La Presse canadienne / Ryan Remiorz
Réduire les exportations
Le ministre fédéral de l’Environnement et du Changement climatique, Steven Guilbeault, a réagi aux révélations d’Enquête.
Que ce soit pour la pollution plastique ou pour toute forme de pollution, reconnaît-il, d’exporter ça dans un pays, encore plus un pays en voie de développement, vraiment, c’est inacceptable, et il faut travailler à éliminer ça.
Pour réduire la dépendance envers les marchés étrangers, les gouvernements fédéral et provincial disent miser tous deux sur la réduction à la source du plastique. Ils planifient aussi de confier aux entreprises qui fabriquent le plastique la responsabilité de recycler leurs produits.
Ces réformes ne se concrétiseront toutefois pas avant plusieurs années.
En attendant, Marc De Strooper tente d’enrayer le flot des déchets sales. Ça me fait mal au cœur, mais tout ce que je peux faire, c’est de les renvoyer au Canada.
Si le passé est garant de l’avenir, les compagnies impliquées s’en sortiront facilement. Depuis 2016, 123 conteneurs de déchets, de plastique, de rebuts ou de papier ont été retournés au Canada par six pays. La sanction? Six lettres… d’avertissement.
Le ministère de l’Environnement fédéral refuse de dévoiler à qui elles ont été envoyées. Je pense qu’effectivement, au niveau de la surveillance et des conséquences pour les entreprises, il faut améliorer le système, dit le ministre Steven Guilbeault. Il n’y a aucun doute là-dessus.
Depuis octobre dernier, quatre autres expéditions de papier mixte canadien trop contaminées ont été saisies au port d’Anvers, en Belgique.
Le reportage de Chantal Lavigne et de Gil Shochat est diffusé à Enquête le jeudi à 21 h sur ICI Télé.
Photos : La presse canadienne/Ryan Remiorz et Prigi Arisandi en Indonésie.