Les deux jeunes contrevenants ont en commun de vouloir une vie loin de la rue.
La rue ne mène nulle part, reconnaît maintenant Bruce. Sur 10, il y en a 1 qui finit riche. Le reste, ils sont en dedans ou ils sont morts. Si tu veux prendre le risque d'être le 1 sur 10, prends-le. Mais moi, je n'ai pas envie de gérer ma vie comme ça.
À ses yeux, le coût risque-bénéfice n’en vaut plus la peine.
J'avais 13 ans quand j'ai commencé.
Bruce se rappelle les journées où il n’était pas capable de manger à l'école, ou alors qu’il ne voulait pas demander de l'argent à ses parents. Je suis tombé dans ce milieu-là en achetant et en vendant de la drogue, explique-t-il. Là, tu vends. T'as des problèmes avec l'autre gars qui vend à l'école. Puis c'est là que la violence se met, qu'elle rentre dans l'histoire.
Victime de tentative de meurtre, menacé de mort, intimidé, emprisonné, il considère que la vie lui a suffisamment envoyé de signaux. En prison, il a beaucoup réfléchi.
Comme je dis toujours : rien n'arrive pour rien, non? Si c'est arrivé, ça devait arriver, croit-il. C'est vrai que la nuit porte conseil. Chaque soir que j'étais en cellule, j'y pensais. Je pensais à ma vie et à mes parents qui me voyaient comme un criminel.
Il souhaite que les jeunes comprennent qu’il n’est jamais trop tard pour faire marche arrière. Tout le monde est maître de ses décisions.
J’aimerais faire des études. Être à mon compte. Gagner de l’argent honnêtement. Ce n’est pas la fin du monde
, plaide-t-il.
Françoise aussi ne veut pas vivre dans la peur toute sa vie.
C'est rendu que ça fait partie de mon quotidien. Mais j'ai réalisé que ce n'est pas ça, avoir une vraie vie. Tu ne peux pas toujours vivre en état de stress.
D’autant plus que la flambée de violence armée ne ferait que commencer.
Je pense que ça va aller en s'empirant. Déjà, maintenant, avec tout ce qui se passe... Les gens qui se font tirer dessus. C'est sûr qu’eux, ils vont faire un payback [une vengeance]. Donc ça va faire encore plus d'incidents
, analyse la jeune fille.
Comment fera-t-elle pour prendre une autre route dans la vie?
Je voudrais devenir intervenante. Finir mes études. Et aider ceux et celles qui veulent mettre fin à une vie marquée par la peur et la violence
, termine-t-elle, avant de se lever et quitter l'entrevue pour retourner dans l’ombre, loin des caméras et des médias.