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Des travailleurs étrangers, employés par le plus gros producteur maraîcher du Québec, dénoncent leurs conditions de vie.
Un texte de Natacha Lavigne Illustrations par Émilie Robert
Une forte présence de moisissure. Des lits superposés entassés dans un petit espace. Des trous dans les murs. Une chaleur suffocante en été. Un manque d’eau chaude en hiver. Des travailleurs étrangers venus du Guatemala dénoncent les piètres conditions de vie qu’ils disent subir à Drummondville en travaillant pour le plus gros producteur maraîcher du Québec, Les productions horticoles Demers.
Les tomates de ce fleuron québécois sont privilégiées par des millions de personnes au moment de faire leur épicerie. Elles deviendront encore plus omniprésentes sur les étals, puisque l’entreprise va doubler sa production, ayant reçu il y a quelques semaines l’aval de Québec pour une nouvelle aire de travail à Lévis. Un projet estimé à 70 millions de dollars.
Pendant ce temps, ceux qui récoltent actuellement leurs tomates à Drummondville rapportent qu’ils vivent dans des conditions insalubres.
Toute l'année, 70 à 95 Guatémaltèques travaillent dans la serre du Centre-du-Québec pour produire les tomates, sur une superficie de 10 hectares. Pendant leur contrat d’un an, ils sont logés dans trois maisons et un ancien motel situés dans le secteur de Saint-Nicéphore, à une dizaine de kilomètres du centre-ville de Drummondville. Ils paient un loyer d’environ 30 $ par semaine.
Le 15 avril dernier, le caméraman Philippe Grenier et moi sommes allés visiter le motel, où vivent près d’une quarantaine de travailleurs, ainsi qu’une des maisons se trouvant à proximité. Dès notre arrivée, plusieurs d'entre eux affirment d’entrée de jeu manquer d’espace. D’autres soulignent l’absence d’écoute de la part de leur syndicat. Quant à nous, nous nous apercevons rapidement qu’il y a de la moisissure sur de nombreux murs.
On a peu d’espace, c'est très inconfortable, déplore Juan* (nom fictif), toujours à l’emploi du producteur québécois.
Juan ne veut pas donner son nom, car il a très peur des représailles. Il craint de perdre son travail, ou de se faire montrer du doigt. Il accepte tout de même de me raconter son histoire, car il dit en avoir assez.
Ce que je demande, c'est que [le patron] s’intéresse à nous. Nous donnons tout ce que nous avons au travail, et nous méritons d’être mieux traités, se désole ce père de famille.Je sens que le patron n’est pas touché par nos conditions.
« Il y a beaucoup d’humidité [...] l’odeur est désagréable. Ce n’est pas un bon endroit où vivre. »
Juan a quitté son pays, sa femme et ses enfants pour venir travailler au Canada, et leur offrir une meilleure vie. Grâce à son emploi, ses proches peuvent mettre de la nourriture sur la table et ses enfants ont dorénavant la possibilité de s’instruire. Le choix a quand même été difficile, car cela veut dire qu’il ne les voit pas grandir. Malgré tout, il est satisfait de son emploi, mais il ne peut pas en dire autant de l’endroit où il vit. Les conditions de vie dans son logement sont loin d’être celles qu’il s’était imaginées.
Nous vivons l’un sur l’autre
En examinant chaque pièce, force est de constater que la moisissure s’est frayé un chemin au fil du temps dans les habitations de Saint-Nicéphore. Des moulures, des sections de plancher et de plafond en sont noircies, un placard en est rempli, et un des employés dort dans une chambre où une large tache de moisissure s'étale sur le plafond, au-dessus de sa tête.
Lors de notre visite, les travailleurs nous montrent un des placards. C’est là que nous y avons vu la plus forte présence de moisissure.Photo : Radio-Canada / Natacha Lavigne
S’il est difficile pour Juan de parler, d’anciens travailleurs n’hésitent pas longtemps avant de se confier à moi. C’est le cas de Darien Xaper*, 35 ans, qui dit vouloir que tout le monde sache ce qu’ils ont subi. Ce père de cinq enfants a mis un terme à son contrat l’année dernière, après trois saisons à travailler pour les serres des frères Jacques et Réjean Demers. Il refusait d’y vivre une journée de plus.
« L’hiver, on ne pouvait pas ouvrir les fenêtres, tout était scellé. Il y avait beaucoup de moisissure. L’isolation était très mauvaise. Ce n’est pas une vie normale. »
Lors de notre visite au motel, six lits superposés sont entassés dans une chambre. À peine un bras sépare certains lits.
Nous nous sentons comme si nous étions en prison [...] Nous vivons l’un sur l’autre, raconte Juan.
Au téléphone, le président-directeur général Jacques Demers se dit très surpris d’apprendre que des travailleurs sont insatisfaits de leurs logements. Il refuse de nous rencontrer, nous recommandant plutôt à son conseiller en ressources humaines, Yannick Rivest. Ce dernier réfute plusieurs des allégations de ses employés, et insiste sur le fait qu’il est primordial que ceux-ci soient confortablement installés dans leurs habitations.
L’idée, c’est qu’ils soient heureux, mais ce n’est pas un monde de Calinours, ce sont des employés agricoles, dit-il lors de notre rencontre.
Monica Pena Florez est toutefois loin de penser que les employés se sentaient valorisés. Celle qui a travaillé comme adjointe aux ressources humaines pour la compagnie serricole, d’août 2019 à septembre 2020, affirme qu’elle était essentiellement la seule personne à parler espagnol, et donc à pouvoir échanger avec les 90 travailleurs présents à cette époque.
« Aucun travailleur québécois ne voudrait travailler dans ces conditions-là. »
Même si la Colombienne soutient qu’elle était très sollicitée, elle adorait son travail, car elle aimait la proximité avec les Guatémaltèques. Des gens de cœur, respectueux et avec de belles valeurs, me dit-elle lors d’un long entretien, en mars dernier.
Je suis partie de là le cœur brisé, raconte celle qui a agi comme agente de liaison entre les travailleurs et l’entreprise, avant de se faire montrer la porte parce que Demers n’était pas content du travail qu'elle accomplissait.
La Colombienne Monica Pena Florez soutient qu’elle adorait son travail aux Productions horticoles Demers.Photo : Radio-Canada / Natacha Lavigne
Pour tout, c’était difficile. Pour aller aux toilettes, pour cuisiner, pour dormir. C’était scandaleux, beaucoup de bruit. Beaucoup, beaucoup de gens. C’était bien triste, se souvient quant à lui Elman Diaz*, un autre ancien employé des Productions horticoles Demers.
Tout comme Juan, cet homme de 41 ans a quitté son pays et sa famille pour se consacrer à cet emploi. Une première fois en 2017, puis en 2019, avant de rompre son contrat en 2020 et de retourner dans son pays, ne pouvant plus tolérer d’aussi piètres conditions.
Par visioconférence, Elman explique que ses camarades et lui devaient mettre une partie de leur épicerie sous leur lit, le rangement étant insuffisant. Plusieurs passaient l’année complète avec leurs valises sur leur matelas, faute d’espace. Certains dormaient dans la buanderie.
Un des travailleurs nous montre qu’il doit dormir avec sa valise, puisqu’il n’y a pas suffisamment d’espace pour la ranger.Photo : Radio-Canada / Natacha Lavigne
S’il souhaitait se laver avant d’aller travailler, Elman devait se lever à 4 h. Sinon, il pouvait patienter une, deux heures avant d’avoir accès à une des deux salles de bain de sa section de motel. Rares sont les fois où le travailleur est parvenu à se doucher avec de l’eau chaude, dit-il.
Les cinq dernières personnes à prendre leur douche devaient se laver avec de l’eau froide en hiver [...] Très froid, très froid, rapporte-t-il.
Tout le reste du groupe prenait une douche froide, confirme Darien.
Nous mettons beaucoup d’efforts au travail, et nous espérons que les patrons des fermes soient plus justes avec nous [...] Ce n’est pas le traitement correct qu’ils font avec les travailleurs, affirme Elman.
Les hivers sont rigoureux, mais les étés apportent également leur lot de problèmes, m’explique Monica.
« L’hiver, il n’y a pas assez d’eau chaude, mais l’été, c’est l’enfer. Des travailleurs restent dehors et se couchent à minuit, parce que rester à la maison, c’est trop dur. Ils ne peuvent pas dormir à cause de la chaleur. »
On y allait juste pour dormir, acquiesce Darien.
Une autre lutte se déroulait à l’heure du repas, note Darien. Impossible pour eux de casser la croûte tous ensemble. Ils devaient alterner à la table, puisqu’une seule table pliante et quelques chaises étaient mises à leur disposition. Outre que les chambres étaient exiguës, Darien soutient que les 18 travailleurs n’avaient qu’un vieux canapé deux places et deux fauteuils où se reposer.
« On ne comprend pas le français et on ne peut pas parler. Parce que si on parle, ce qu’ils [les patrons] font, c’est qu’ils ne nous rappellent pas. »
Les Guatémaltèques sont représentés par le syndicat des Travailleurs et travailleuses unis de l'alimentation et du commerce (TUAC). Nombreux sont ceux qui nous disent qu’ils ne se sentent pas écoutés par leurs représentants.
Nous leur avons parlé plein de fois, pas seulement une fois. On est allés au bureau responsable, rien ne s’est passé, se désole Darien.
Monica ne mâche pas ses mots lorsque vient le temps de donner ses impressions du syndicat.
Le syndicat, je vais vous le dire, il ne fait rien. Il ne fait que ramasser l’argent [des travailleurs], avance-t-elle.
Darien se réjouit maintenant d’être bien logé dans une ferme laitière ailleurs au Québec, où il a sa propre chambre. Il ne partage son appartement qu’avec trois autres collègues de travail.
La COVID, c'était vraiment l'enfer
Monica Pena Florez a les yeux pleins d’eau et sa voix tremble lorsqu’elle parle du 18 avril 2020. Ce jour-là, 23 nouveaux travailleurs débarquent au pays en prévision de la saison agricole. Une pandémie secoue la planète entière; ils doivent faire une quarantaine obligatoire de 14 jours. Plutôt que de les envoyer à l’hôtel, la direction demande à Monica d’annoncer aux différents résidents des maisons de Saint-Nicéphore qu’ils allaient devoir être relogés, et ce, à quelques heures d’avis.
C’était l’enfer quand j’ai annoncé ça aux travailleurs. Ils se posaient des questions : "Pourquoi doit-on déménager? Qu’est-ce qu’on va faire avec nos affaires?", se souvient-elle.
Les 23 nouveaux arrivés sont isolés dans une des maisons. Par conséquent, les 20 employés qui s’y trouvaient depuis plusieurs mois ont dû être envoyés ailleurs. Six d’entre eux se sont retrouvés au sous-sol d'une résidence, dans des chambres où le seul meuble était un matelas à même le sol. Quant aux 14 autres travailleurs, ils ont été contraints de passer les deux semaines réunis dans une même pièce.
Cela a aggravé nos conditions de vie, affirme Elman, qui explique qu'il n'y avait plus de place à l'intérieur du motel.
Ils ont mis deux frigos à l’extérieur de l’appartement. C’était saturé.
« Comment l’entreprise a fait ça? [Traiter] des travailleurs comme des cochons qui dorment par terre? »
Dans le même mois, deux travailleurs étrangers prennent la fuite. Du jour au lendemain, plus aucune trace d’eux. Monica a dû alerter les services frontaliers.
Ce n’était d’ailleurs pas la première fois que des employés s'enfuyaient. Un autre Guatémaltèque l’avait fait avant eux, en octobre 2019.
« Pourquoi les travailleurs en viennent-ils à s’enfuir et être illégaux? C’est vraiment parce que les conditions sont difficiles. »
Les gens sont partis aux États-Unis [pour travailler] dans d’autres compagnies, en raison des conditions difficiles, affirme Darien.
Stupéfaction chez Demers
Rencontré devant le motel à Saint-Nicéphore, le conseiller en ressources humaines des Productions horticoles Demers, Yannick Rivest, se dit très étonné des témoignages des Guatémaltèques recueillis par Radio-Canada.
« Le mieux étant l’ennemi du bien, le mieux doit venir à mes oreilles, le mieux doit être défini. Mon enjeu, c’est effectivement de les traiter le mieux possible. »
À plusieurs reprises, Yannick Rivest dit que les faits que nous rapportons sont surprenants, car ce n’est pas le son de cloche que l’entreprise a de ses employés. Il soutient que le malaise vécu par les travailleurs ne s’est pas rendu à ses oreilles, et cela pourrait être attribuable à une tendance culturelle d’être très discret, selon lui. Il précise aussi que tous les gestionnaires parlent espagnol, et que leurs numéros de téléphone sont affichés sur des babillards dans tous les logements.
Il faut leur rappeler régulièrement : "Vous avez un représentant légal, votre travail est garanti, vous êtes syndiqués, vous avez une permanence", soutient le conseiller en ressources humaines.
C’est pour ça qu’on a vu venir la pandémie en février dernier, qu’on l’a anticipée. On a réagi, si vous le saviez, au quart de tour, plusieurs fois par jour. Effectivement, ça ne se peut pas qu’on soit parfait, ajoute-t-il.
« On est très réactifs, on est très proactifs. Même à l’international, on est cités en exemple comme entreprise référence. »
Lorsque nous lui montrons quelques-unes des photos des logements, comme celle-ci, il se montre avare de commentaires.
Les travailleurs utilisent cette clé à molette pour ouvrir et fermer la fenêtre. Du ruban vert retient la moustiquaire.Photo : Radio-Canada / Natacha Lavigne
Sur cette photo, il dit voir une moustiquaire sale. Quant à celles où de la moisissure peut être vue dans un placard et au-dessus d’un matelas, il réfute les allégations d’insalubrité, affirmant notamment qu’il est impossible de confirmer qu’il s’agit bel et bien d’un lit.
J’ai 300 employés. "Dans le garde-robe", il faut spécifier [lequel]. Quand tout le monde prend sa douche en même temps, cela crée une espèce de nuage d’humidité, justifie Yannick Rivest.
Si vous avez 20 enfants, vous n'arrêtez pas de travailler sur votre maison. C’est ce qu’on fait. Ça se peut que parfois, cela ne soit pas parfait, mais de là à dire qu’on ne fait rien, ce n’est pas le cas non plus. On est proactifs. Je ne vous dis pas que c’est un cinq étoiles, nous ne sommes pas au Marriott non plus, affirme-t-il.
« Mon enjeu, c’est que les employés vivent dans un environnement sain. Pour qu’ils soient confortables, bien au travail, et qu’ils aient envie de revenir. »
Soutenant que des visites sont faites régulièrement par les gestionnaires de l’entreprise dans les logements, le représentant des Productions horticoles Demers insiste : il n’est pas au courant que les travailleurs manquent de rangement, qu’ils dorment avec leurs valises et qu’ils mettent une partie de leur épicerie sous leur lit. Il répète de nombreuses fois que l’entreprise suit les normes et qu’elle est conforme.
Est-ce par manque de rangement ou pour ne pas se faire manger leurs biscuits, je ne sais pas. Faudrait leur poser la question [...] Moi, je ne peux pas deviner que sa valise, il ne veut pas l’avoir sur son lit. Peut-être que c’est son choix aussi. Je ne sais pas. Je le sais à partir du moment où il me dit : "J’aimerais avoir une étagère". Parfait, c’est réglé. Écoutez, ça, c’est une bonne nouvelle ce que vous me dites là. S’il n’y a que ça, ça va bien aller, poursuit-il.
Yannick Rivest réfute catégoriquement l’hypothèse que des travailleurs ont décidé de briser leur contrat en raison des piètres conditions de vie. Selon lui, quelques employés ont dû quitter le travail et retourner dans leur pays en raison de drames familiaux.
Lorsqu’il y a des situations dramatiques qui arrivent à nos employés, on les accompagne. On coordonne leur départ, leur vol, etc. [...] Moi, je ne contrôle pas ce qui se passe dans la vie des gens non plus, tout ce que je peux faire, c’est les accompagner là-dedans, déclare-t-il.
Concernant la quarantaine de travailleurs en avril 2020, M. Rivest nie que des Guatémaltèques aient dû dormir pendant deux semaines dans un salon et au sous-sol d’une maison. Il déclare plutôt que cela a duré deux ou trois jours, tout au plus. Personne n’a été au sous-sol, enlevez-vous cela de la tête, affirme-t-il d’un ton assuré.
Ce qui est passé est passé, ce qui est conforme est conforme, c’est parfait. On pourrait en parler jusqu’à demain, il y a plein d’anecdotes qui existent, ajoute-t-il, tout en précisant qu’il a, depuis, eu plusieurs quarantaines à gérer.
Yannick Rivest est conseiller en ressources humaines aux Productions horticoles Demers.Photo : Radio-Canada / Natacha Lavigne
Le représentant local des TUAC, Julio Lara, n’a pas la même version des faits. Il confirme avoir reçu plusieurs plaintes de travailleurs, et soutient que la première quarantaine était toute croche. Il corrobore également que les employés ont dû déménager dans des chambres au sous-sol d’une des maisons, ainsi que dans le grand salon du motel.
Une fois que le gars était en quarantaine dans un certain domicile, on ne pouvait plus le déplacer [pour respecter les mesures sanitaires], précise-t-il.
Les deux hommes s’entendent toutefois sur un point : ce fut le seul épisode du genre. L’entreprise a par la suite développé un partenariat avec un hôtel basé à Saint-Nicolas, près de la serre de Lévis.
Le syndicaliste, pour sa part, se défend d’être inactif et ne pas être à l’écoute des travailleurs étrangers.
« Écoutez, c’est sûr, comme on dit au Québec, que des gens qui chialent, il va toujours en avoir. Moi, je fais de mon mieux pour être équitable. »
Que ce soit des Québécois, des Mexicains, des Guatémaltèques, des Tunisiens, etc., les gens ne sont pas contents jusqu’au jour où ils ont un accident de travail, et on les défend. Là, ils se disent : "Ah oui, c’est pour ça que je paie", explique-t-il.
De son côté, Yannick Rivest admet que la situation est susceptible d’amélioration. J’ai des axes de communication en place, mais ce que je constate, c’est qu’il y a du raffinement à faire. Tant mieux, ça fait que j’aurai encore un travail demain, souligne-t-il en souriant.
Deux plaintes en autant d’années
Ottawa a mis en place des normes strictes auxquelles doivent se soumettre les producteurs qui désirent embaucher des employés par l’entremise du Programme des travailleurs étrangers temporaires (PTET).
Ils ont l’obligation de faire inspecter leurs bâtiments par une autorité gouvernementale ou un inspecteur certifié, et ces conditions doivent être respectées afin d’accueillir de nouveaux employés.
Le formulaire d’inspection du logement des travailleurs agricoles saisonniers d’Emploi et Développement social Canada (EDSC) est facilement accessible sur Internet.
Les provinces et territoires ont aussi leurs propres réglementations, qui s’ajoutent à celles du PTET. Au Québec, la Commission des normes, de l'équité, de la santé et de la sécurité du travail (CNESST) procède généralement aux inspections.
La personne mandatée pour faire l’inspection doit notamment regarder l’état des composantes intérieures du logement, si elles présentent une usure normale et si elles sont étanches. Elle doit aussi déterminer si l’habitation est suffisamment meublée et si les chambres sont séparées des autres aires de séjour, sans quoi il s’agit d’un échec automatique.
Les entreprises non conformes se retrouvent sur le site d’Immigration et Citoyenneté. Les productions horticoles Demers n’y figurent pas.
Or, la CNESST confirme avoir reçu une plainte en 2020, et une seconde en février 2021. La plus récente concerne la salubrité des logements de l’entreprise basée à Saint-Nicéphore. Cependant, ceux-ci étant situés à l’extérieur du lieu de travail, la CNESST n’a pas de pouvoir légal en vertu de la Loi sur les normes du travail. Elle a donc procédé à un signalement très rapidement à Service Canada et au CIUSSS de la Mauricie-et-du-Centre-du-Québec, qui mènent actuellement leur enquête.
Les productions horticoles Demers confirment être au courant de la première plainte, et affirment que le dossier est réglé. Quant à la deuxième, le porte-parole de l’entreprise souligne que la raison pour laquelle une inspection est réalisée [par Service Canada] n’est jamais précisée, et, par conséquent, qu’il ignore l’objet de la plainte.
* Les citations de Juan, Darien et Elman ont été traduites de l'espagnol.