Vendredi soir, 14 faisceaux illuminaient le ciel neigeux de Montréal en la mémoire des 14 jeunes femmes assassinées le 6 décembre 1989 lors de la tragédie survenue à l’École polytechnique de Montréal.
Très émue, la gouverneure générale Julie Payette a rappelé lors d'un discours, qu’elle-même, était une femme ingénieure. En prenant son temps, Mme Payette a énuméré les noms de toutes les victimes.
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Alors qu’une étudiante et un étudiant récitaient tour à tour le nom de chacune des victimes de Marc Lépine, des faisceaux lumineux fendaient le ciel. Au même moment, en signe de solidarité, 14 universités canadiennes allumaient elles aussi un rayon lumineux.
La minute de silence a été rompue par les 150 voix qui se sont élevées du Chœur Phoenix composé de l'Ensemble vocal Carpe Diem, de la Chorale du Cégep de Saint-Jérôme et du Chœur en Fugue de Châteauguay, sous la direction artistique de Frédéric Vogel.
Pour l’occasion, ce sont les chansons Aimons-nous de Yvon Deschamps et Hallelujah de Léonard Cohen qui ont été choisies.
Bras dessus dessous, Julie Payette et la mairesse de Montréal ont déposé une rose blanche, devant un tableau sur lequel figuraient les portraits des victimes. Elles étaient suivies entre autres par le premier ministre du Canada, Justin Trudeau, accompagné de sa femme, Sophie Grégoire Trudeau, le lieutenant-gouverneur du Québec, Michel Doyon et le premier ministre du Québec, François Legault, lui aussi venu avec sa femme, Isabelle Brais.
Passer de la mémoire aux actions
La cérémonie a été marquée par ce désir de nommer clairement l’acte commis il y a 30 ans par Marc Lépine : un féminicide.
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« J’avais peur du mot "féministe" […]. Aujourd’hui, ce mot je le trouve beau, fort rassembleur, important », a-t-elle lâché les larmes aux yeux.
En entrevue à Radio-Canada, la journaliste et documentariste Francine Pelletier, rappelait justement combien à l’époque du drame, « la société a nié l’évidence ».
« Il fallait se taire au nom du deuil. Je pense que c’est l’un des syndromes de la Révolution tranquille. On avait mis l'Église à la porte et on était passé d'une province repliée sur elle-même à une province progressiste. Il n'était pas question de penser qu'un de nos hommes puissent tuer des femmes », a-t-elle ajouté.
Pour la journaliste, 30 ans après, « nous entrons dans une nouvelle phase. Il faut reconnaître que Marc Lépine n’a pas seulement voulu s’attaquer aux femmes, mais au féminisme ». Ces étudiantes représentaient en effet l’émancipation des femmes, désireuses d’occuper une profession a priori réservée aux hommes.
Prenant le relai de Mme Vanasse, la mairesse de Montréal, Valérie Plante, a expliqué qu’au-delà du souvenir, il fallait désormais agir.
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Le premier ministre du Québec, François Legault a quant à lui insisté sur le fait que « 14 femmes se sont fait voler leur avenir parce qu’elles étaient des femmes ».
Quant à Justin Trudeau, il a souligné l’importance de lutter contre la violence fondée sur le sexe avant d’évoquer l’une de ses promesses électorales. « Nous allons renforcer le contrôle des armes à feu en interdisant les armes d’assaut de style militaire. Nous avons un consensus clair à la Chambre des communes », a-t-il dit, appuyé par quelques applaudissements.
Les 14 faisceaux lumineux sont demeurés allumés jusqu’à 23 h.