Je devais rencontrer Gerry Fassett la semaine dernière au centre de ski Sentiers des Grandes Prairies, à Saint-Romuald. C'était l'un de ces mardis où les écoles étaient fermées et où les sorties de route se comptaient par dizaines.
Le plan était de faire quelques kilomètres de ski de fond en sa compagnie, question de préparer un reportage sur l'exploit qu'il devait accomplir le week-end suivant.
Gerry prend le départ du Marathon de Ski Canadien, un événement qui se tient exceptionnellement en solitaire et de façon virtuelle, cette année. Les participants doivent terminer deux marathons de ski de 50 km en deux jours, et ce, en totale autonomie.
Comme la tempête fait rage, j'ai voulu m'assurer qu'il allait être dans les sentiers. Au bout du fil, sa gentille conjointe Caroline m'assure que son Gerry est bel et bien à l'entraînement, malgré le temps peu clément.
Je me rends donc au centre de ski. Il n'y a que deux véhicules dans le stationnement, ceux de Gerry et du préposé à l'entretien. Cette journée-là, le centre de ski des Grandes Prairies est fermé. Personne n'oserait s'aventurer dans les sentiers aujourd'hui. Personne sauf Gerry Fassett.
Mes skis en main, je me faufile, armé d'un appareil photo, entre les barrières fermées, avec l'autorisation du préposé. L'opérateur de la niveleuse me dit qu'il a vu un homme au bout de la 10
avec un immense sac à dos. Il était seul. C'est Gerry, c'est certain
, que je me dis.
Une dizaine de minutes plus tard, je distingue sa silhouette au loin. Il est droit comme un chêne, agile comme un félin... L'athlète adepte d'épreuves d'ultra distance s'avance vers moi avec un large sourire. C'est bien lui, Gerry Fassett. Une jeunesse de 73 ans!
Il y a un bon moment que je voulais réaliser un reportage avec ce personnage. Étant moi-même adepte d'épreuves longue distance, j'avais souvent entendu parler du légendaire Gerry.
Nous avons quelques amis en commun, et autour d'une bière d'après-triathlon ou d'une discussion impromptue entre deux intervalles de natation, j'étais étonné de voir à quel point le nom de Gerry revenait à tout coup dans les récits de mes partenaires d'entraînement. Et généralement, plus le récit est abracadabrant, plus souvent le nom de Gerry est prononcé.