Celui qui s'est lancé dans l'aventure présidentielle en se posant en outsider s'était engagé à rendre à l’Amérique sa grandeur
.
Le magnat de l’immobilier et vedette de téléréalité aura transgressé les normes, bouleversé la vie politique américaine et révélé un portrait saisissant des États-Unis.
Voici un tour d'horizon de certaines images qui valent 1000 mots et de citations qui ont du caractère (parfois moins de 140).
Donald Trump, président des États-Unis
Après avoir déjoué tous les pronostics, Donald John Trump devient, le 20 janvier 2017, le 45e président américain.
Sa présidence commencera sur un mensonge. À gauche, sa cérémonie d’investiture, à droite, celle de Barack Obama, huit ans plus tôt.
« C’était la plus grande foule à avoir jamais assisté à une cérémonie d’investiture, point. »
Une image symbolique
Une photo mettant en scène Donald Trump, son chef de cabinet Reince Priebus, son stratège en chef Steve Bannon, son porte-parole Sean Spicer, son conseiller à la sécurité nationale Michael Flynn et le vice-président Mike Pence, en tout début de mandat, illustre bien ce qu’a été l’administration Trump : une équipe composée en très grande majorité d'hommes blancs et caractérisée par un taux de roulement très élevé.
Quelque 200 jours à peine après la publication de cette photo, Mike Pence était le seul de ses collaborateurs encore en poste.
Le mantra du « canular russe »
L’enquête sur l'ingérence russe dans la campagne présidentielle de 2016 et sur une potentielle coordination entre Moscou et l'équipe de campagne de Donald Trump définit la première moitié de son mandat.
Pas de collusion, pas d’obstruction
, martèle-t-il.
« C’est la plus grande chasse aux sorcières contre un politicien dans l’histoire américaine. »
Trump refuse de condamner l’extrême droite
Salut nazi, torche à la main, des suprémacistes blancs défilent à Charlottesville, en Virginie, pour protester contre le retrait d'une statue du général sudiste Robert Lee, scandant entre autres : Les juifs ne nous remplaceront pas
. Une contre-manifestante perdra la vie.
Donald Trump refuse de condamner les suprémacistes blancs à l’origine des manifestations violentes, partageant le blâme.
« Vous aviez aussi des gens très bien – des deux côtés. »
Aveuglement volontaire
On ne doit pas regarder en direction du soleil lors d'une éclipse, avertissent les médecins et les experts. Mais Donald Trump a montré au cours de sa présidence qu'il les écoutait peu.
Guerre de mots entre Trump et Kim Jong-un
Tirs de missiles intercontinentaux, avertissements guerriers : les tensions entre Pyongyang et Washington sont au plus vif à l’été 2017.
Donald Trump jette de l’huile sur le feu : La Corée du Nord ferait mieux de ne plus menacer les États-Unis.
« Ils subiront un feu et une fureur comme le monde n’en a jamais vu. »
À qui les essuie-tout?
Venu constater, en octobre 2017, les dégâts de l'ouragan Maria à Porto Rico, qu'il a minimisés, Donald Trump distribue du riz aux résidents. Et leur lance des rouleaux d'essuie-tout.
Doigt d’honneur
Si Donald Trump fait naître une adulation viscérale chez ses partisans, la haine qu'il éveille chez ses opposants l’est tout autant.
Une cycliste de Virginie lui signifie clairement ce qu’elle pense de lui au passage du cortège du président américain, qui rentre de l’un de ses clubs de golf.
Roi des superlatifs
Donald Trump s'est souvent comparé avantageusement à ses prédécesseurs et présenté comme un individu aux vastes connaissances qui en savait plus
, par exemple, que les généraux ou les experts, affirmant même qu'il avait les meilleurs mots
.
La citation qui ressort du lot Twitter, il a notamment vanté en janvier 2018 ses deux plus grands atouts
: sa stabilité mentale
et le fait d'être vraiment intelligent
.
« Je [...] suis un génie très stable. »
L’Amérique d’abord
Le Sommet du G7 à La Malbaie, au Québec, en juin 2018, se déroule sur fond de tensions, après l'imposition à ses alliés par Washington de droits de douane sur l'acier et l'aluminium.
Dernier arrivé, premier parti, Donald Trump, depuis Air Force One, retire sur Twitter son soutien à la déclaration commune, rejetant la faute sur le premier ministre Justin Trudeau, qu’il dit malhonnête et faible
. Le temps de l’exploitation des États-Unis par les autres pays est terminé, lance-t-il.
Trump et Kim Jong-un, nouveaux amis
Donald Trump et Kim Jong-un se rencontrent à Singapour en juin 2018 pour un sommet historique sur la dénucléarisation de la péninsule
, qui n’aboutira sur rien de concret.
La hache de guerre est bien enterrée :
« Il a écrit de belles lettres, et ce sont des lettres merveilleuses. Nous sommes tombés amoureux. »
« I really don’t care, do u? »
Pour apaiser les tensions liées à une politique migratoire largement dénoncée, Melania Trump effectue en juin 2018 une visite surprise dans un centre de détention pour enfants séparés de leurs parents, qui ont été arrêtés pour avoir illégalement traversé la frontière avec le Mexique.
Le choix de son manteau suscite la controverse. On peut y lire : Je m’en fiche complètement, et vous?
Trump se range derrière Poutine
Lors de son premier sommet avec son homologue russe, Vladimir Poutine, à Helsinki, Donald Trump se range derrière l'homme fort du Kremlin.
S'il professe une grande confiance dans [ses] services de renseignement
, convaincus de la culpabilité de Moscou, il insiste sur le démenti extrêmement ferme et catégorique
du président russe.
« Le président Poutine vient de me dire que ce n’est pas la Russie. Je vais vous dire ceci, je ne vois pas pourquoi ce serait elle. »
Le juge Kavanaugh crie à l'injustice
Visé par des allégations d'agression sexuelle, le juge Brett Kavanaugh, lors des audiences sur la confirmation de sa nomination à la Cour suprême, en octobre 2018, se pose en victime d’une campagne de salissage alimentée par la colère envers Donald Trump.
Une saga hautement partisane qui se terminera par un siège à vie au plus haut tribunal du pays, désormais sous contrôle des conservateurs.
Fausses nouvelles
Selon The Independant, Donald Trump a qualifié de fausses nouvelles
les reportages des médias qu'il n'aimait pas près de 2000 fois pendant sa présidence. Mais il a poussé la rhétorique plus loin.
« [Les médias] sont vraiment l’ENNEMI DU PEUPLE! »
Justin et Melania
La photo de famille du G7, à l’issue du sommet de Biarritz, en France, est trompeuse : la scène du baiser sur les joues entre Justin Trudeau et Melania Trump a été brève et avait tout d’innocent. Mais le web s'est enflammé : trouvez quelqu’un qui vous regarde de la même façon que Melania regarde Justin.
La mise en accusation (acte 1)
Les révélations d'un lanceur d'alerte sur un entretien téléphonique entre le président Trump et son homologue ukrainien, Volodymyr Zelensky, réussissent là où le rapport Mueller sur la Russie a échoué : convaincre les leaders démocrates, en septembre 2019, de lancer une procédure de destitution.
« C’était un appel parfait. »
Accusé d'abus de pouvoir et d'entrave au travail du Congrès dans le dossier ukrainien, Donald John Trump devient, trois mois plus tard, le troisième président dans l'histoire du pays à être mis en accusation pour crimes et délits majeurs.
La photo devenue emblématique
Après une réunion sur le retrait américain impromptu de la Syrie, Donald Trump dénonce sur Twitter la crise incontrôlable de Nancy l’agitée
– la présidente de la Chambre des représentants, la démocrate Nancy Pelosi.
Ses opposants verront plutôt la femme la plus puissante de Washington – la seule femme autour de la table – lui tenir tête.
Trump célèbre la mort du chef du groupe armé État islamique
Donald Trump ne fait pas dans la dentelle pour annoncer la mort du chef du groupe armé État islamique, Abou Bakr Al-Baghdadi, un homme malade et dépravé
.
« Il est mort après avoir fui dans un tunnel qui se terminait en impasse, en gémissant, en pleurant et en criant. [...] Il est mort comme un chien. Il est mort comme un lâche. »
Un leader tourné en ridicule
Si les dirigeants des pays occidentaux ont marché sur des œufs avec un président puissant et impétueux, ils semblent ne pas avoir affiché la même retenue quand il n'était pas à l'écoute.
Une vidéo de CBC, captée à l’insu des protagonistes en marge du sommet de l'OTAN montre des dirigeants, dont Justin Trudeau, se moquer de Donald Trump. On pouvait voir les mâchoires de son équipe décrocher
, lance le premier ministre canadien, évoquant vraisemblablement la conférence de presse tendue de la veille entre le président américain et son homologue français.
L’état de la désunion
Il refuse de lui serrer la main à son arrivée, elle déchire la copie de son – dernier – discours sur l'état de l’Union au terme de son allocution, ouvertement partisane. Une image qui résume la dynamique de la relation entre Donald Trump et Nancy Pelosi, mais aussi la polarisation sur les stéroïdes qui définit dorénavant Washington.
Le son de la victoire
Donald Trump n'a pas été très populaire auprès de l'électorat afro-américain, mais il avait ses partisans dans cette communauté. En février 2020, il a participé à une table ronde, qui s'est terminée par une séance de prière avec sa conseillère spirituelle
, Paula White. Amen.
Le « virus chinois »
Pendant des mois, le président Trump aura banalisé la COVID-19, affirmant dès la fin février que les 15 cas américains recensés allaient tomber à zéro d'ici quelques jours
.
Multipliant les déclarations controversées – et erronées –, il a entre autres comparé l'infection à une grippe
, affirmé que le coronavirus était maîtrisé
et allait disparaître un jour par miracle
, et parfois attaqué la crédibilité de l’immunologiste en chef de la Maison-Blanche, le Dr Anthony Fauci.
« Nous avons plus de cas parce que nous faisons passer plus de tests! »
Il s’est aussi enthousiasmé pour l’hydroxychloroquine et a proposé des avenues de traitement pour le moins surprenantes, comme amener une lumière puissante à l'intérieur du corps
pour tuer le virus.
« Puis, je vois le désinfectant qui l’élimine en une minute – une minute. Et y a-t-il un moyen de faire quelque chose comme ça par injection à l’intérieur [du corps] ou [en faisant presque] un nettoyage? »
À l’été, interrogé sur le lourd bilan de la pandémie, qui avait alors fait 150 000 morts, il avait répondu :
« Ils meurent, c'est vrai. Et vous avez – c'est ça qui est ça. »
Le cap des 400 000 morts aura ensuite été dépassé avant la fin de son mandat.
Colère après la mort de George Floyd
La mort de l'Afro-Américain George Floyd, tué par un policier blanc, a été le catalyseur d'un vaste mouvement de manifestations contre le racisme et les violences policières, qui se déploiera pendant des semaines à la grandeur du pays.
Lorsqu’il sera critiqué pour sa réaction, le président Trump vantera son bilan.
« Personne n'en a plus fait pour la communauté noire que Donald Trump [...] à l’exception d'Abraham Lincoln – la possible exception d'Abraham Lincoln. »
LOI ET ORDRE!
Le président Trump promet de mobiliser toutes les ressources pour mettre un terme aux émeutes ponctuant certaines manifestations du mouvement Black Lives Matter (La vie des Noirs compte), quitte à déployer l'armée.
« Je suis votre président de la loi et de l’ordre. »
Avant son allocution, les manifestants pacifiques aux abords du parc Lafayette sont dispersés violemment. La manœuvre lui permettra ensuite de traverser le parc vers l'église St. John's pour s'y faire photographier, bible à la main.
Un cinquième président sur le mont Rushmore
À la veille de la fête d’indépendance du 4 juillet 2020, Donald Trump prononce un discours très partisan au mont Rushmore.
Le New York Times fera état quelques semaines plus tard de discussions qu’il a eues pour savoir s’il pourrait lui aussi faire graver son visage dans la pierre comme ses prédécesseurs George Washington, Thomas Jefferson, Theodore Roosevelt et Abraham Lincoln.
« Person, woman, man, camera, TV »
Donald Trump vante son acuité mentale en entrevue à Fox News, se targuant d'avoir réussi très facilement un test aux questions difficiles
. Il faut par exemple répéter des mots dans le bon ordre 20 minutes après les avoir entendus, explique-t-il, martelant ces mots :
« Personne, femme, homme, caméra, TV. »
Un classique instantané pour les utilisateurs de Twitter qui suivent la politique américaine. En fait, le test, appelé Évaluation cognitive de Montréal
sert plutôt à dépister le déclin cognitif léger.
Fiers-à-bras
Au cours d'un débat avec Joe Biden marqué par des insultes, des attaques personnelles, des interruptions et des rappels à l’ordre à son endroit, le modérateur Chris Wallace lui demande s’il est prêt à condamner les suprémacistes blancs et les groupes d'extrême droite.
« Proud Boys, reculez et tenez-vous prêts. »
Trump atteint de la COVID-19
À un mois de la présidentielle, le président qui a minimisé les risques du coronavirus, raillé le port du masque et tenu des rassemblements partisans en pleine pandémie est hospitalisé en raison de la COVID-19.
Dès sa sortie de l’hôpital militaire Walter Reed, quelques jours plus tard, il rentre à la Maison-Blanche, montant sur le balcon, d’où il retire son masque pour participer à une opération photo alors qu’il est toujours contagieux.
« Je me sens très bien! N’ayez pas peur de la COVID. Ne laissez pas cette maladie dominer votre vie. [...] Je me sens mieux que je me sentais il y a 20 ans! »
Une longue sortie de piste
Après avoir pourfendu le vote postal dans les mois précédant la présidentielle du 3 novembre, Donald Trump s’autoproclame gagnant et crie à la fraude électorale. Il affirmera même qu’un logiciel de vote a détruit près de 3 millions de voix qui avaient été enregistrées en sa faveur. La saga s’étirera plus de deux mois.
« Si vous comptez les votes légaux, je gagne facilement. Si vous comptez les votes illégaux, ils peuvent essayer de nous voler l’élection. »
Dans les coulisses d’un complot
Au cours d'une conférence de presse surréaliste, les avocats du président, dont Rudy Giuliani, multiplient les allégations conspirationnistes fantaisistes, impliquant entre autres Joe Biden, les antifas, Cuba, le Venezuela – et même le dictateur décédé Hugo Chavez.
Donald Trump aura ultimement encaissé quelque 60 revers devant les tribunaux.
L’assaut du Capitole et la mise en accusation (acte 2)
Nous n'abandonnerons jamais, nous ne céderons jamais
, lance Donald Trump à ses partisans, réunis à Washington, les invitant à se diriger vers le Capitole, peu avant la séance du Congrès au cours de laquelle les élus sont appelés à valider la victoire de Joe Biden.
Il n’appréciera pas que son numéro deux – le plus loyal de ses alliés pendant quatre ans – refuse de s’opposer aux résultats.
« Mike Pence n’a pas eu le courage de faire ce qui aurait dû être fait pour protéger notre pays et notre Constitution [...]. »
Certains de ses partisans feront irruption dans le Capitole en scandant : Pendez Mike Pence!
L’assaut, qui fera cinq morts, mènera rapidement à sa mise en accusation pour incitation à l'insurrection
et le fera entrer dans l’histoire comme le premier président mis en accusation deux fois.
La fin des gazouillis
Deux jours plus tard, Twitter, jadis le réseau social préféré de Donald Trump, ferme son compte, le réduisant soudainement au silence virtuel, invoquant le risque de nouvelles incitations à la violence
.
« À tous ceux qui l’ont demandé, je ne me rendrai pas à l’investiture le 20 janvier. »
Ce sera le dernier tweet de celui qui s'était déjà présenté comme le Ernest Hemingway des 140 caractères
.
Le mur : la promesse signature
Qualifiant les immigrants mexicains de trafiquants de drogue et de violeurs
, Donald Trump était entré avec fracas dans la course à l’investiture républicaine, en 2015, avec une promesse phare : construire un mur de 1600 kilomètres à la frontière sud des États-Unis, aux frais du Mexique, pour contrer l’immigration illégale.
Sa dernière apparition publique, le 12 janvier 2021, se fait au Texas, pour vanter cette réalisation – et signer une portion du mur.
En fait, selon les données les plus récentes du Service des douanes et de la protection des frontières des États-Unis (CBP), en début d'année, moins de la moitié du mur a été construite, et seuls 128 kilomètres sont de nouvelles barrières ne remplaçant pas des structures existantes.
Et le Mexique n'a jamais payé la facture.