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L’Office des professions force l’Ordre des infirmières à revoir ses examens
Dans un geste exceptionnel, l’Office des professions du Québec force l’OIIQ à revoir les examens d’admission effectués depuis septembre 2022. Des candidates déçues pourraient avoir une seconde chance.

Le Commissaire à l'admission aux professions estime que l'Ordre des infirmières et infirmiers du Québec n'a pas assuré le suivi nécessaire à son deuxième rapport.
Photo : Radio-Canada / Daniel Thomas

Depuis un an, le commissaire Me André Gariépy cherche à comprendre pourquoi des centaines de candidates et de candidats ont échoué l’examen d’entrée à la profession en septembre 2022.
Le taux de réussite de l’ensemble des personnes qui se sont présentées pour la première fois à l’examen s’élevait alors à 51,4 %, un des plus bas jamais obtenus. Depuis 2018, le taux de réussite variait en général de 71 % à 96 %.
Après s’être penché sur les « failles et les fragilités (nouvelle fenêtre) » de l’examen de l'Ordre des infirmières et infirmiers du Québec (OIIQ), le commissaire a examiné, dans son troisième rapport, si la pandémie avait eu un impact sur la qualité de la formation qui aurait pu expliquer le taux d’échec anormalement élevé. Or, selon lui, l’hypothèse ne tient pas la route.
Le commissaire Gariépy conclut plutôt que l'impact de la pandémie sur la formation et la préparation des personnes candidates n’est pas une explication généralisable, suffisante et concluante du taux de réussite inhabituellement bas à l’examen de septembre 2022
.
Il est difficile de généraliser et d’affirmer que les personnes candidates ayant suivi leur parcours de formation pendant la pandémie sont moins bien formées.
Insatisfait des travaux de l’OIIQ
Pour le commissaire, il faut revenir à la case départ.
Les failles et les fragilités de l’examen de l’Ordre [...] demeurent l’explication principale du taux de réussite inhabituellement bas à l’examen de septembre 2022
, affirme le commissaire Gariépy.
Il déplore que l’Ordre n’ait pas donné une suite tangible, valable et complète aux recommandations du rapport d’étape 2 de mai 2023 quant aux travaux et aux mesures à mettre en place pour améliorer la validité et la fiabilité de son examen
.
Me Gariépy réitère que la recommandation quant au recalcul des résultats de septembre 2022 en retirant l’ajout de l’erreur de mesure n’a pas été appliquée
.
La réaction au rapport n’a pas tardé à l’Office des professions du Québec, qui a aussitôt annoncé l’application de mesures d’accompagnement pour s’assurer que l’OIIQ suivra rigoureusement les recommandations formulées par le commissaire.
La protection du public étant la priorité de l’Office, nous posons les gestes nécessaires afin que l’OIIQ donne suite dans les meilleurs délais aux cinq recommandations du commissaire. La confiance du public envers l’Ordre et le système professionnel en dépend et nécessite une action rapide
, affirme Dominique Derome, présidente de l’Office des professions du Québec.
Un spécialiste indépendant nommé par l’Office viendra superviser l’application des recommandations.
Le commissaire avertit par ailleurs l’OIIQ dans son rapport qu’il est irréaliste
de remplacer dès 2024 l’examen actuel par l’examen américain NCLEX-RN et qu’on doit « s’assurer de l’accès en langue française à un matériel préparatoire suffisant ».
Par communiqué, l'OIIQ prend acte du dernier rapport du Commissaire à l'admission aux professions et poursuit ses travaux avec l'aide de l'Office des professions du Québec
.
Combien d'infirmières prêtes à travailler faudra-t-il sacrifier?
À la Fédération nationale des enseignantes et des enseignants du Québec (FNEEQ–CSN), qui est responsable du regroupement cégep concernant ce dossier, on dénonce l'entêtement de l'Ordre des infirmières et infirmiers du Québec. Combien d’infirmières techniciennes, parfaitement formées et prêtes à travailler dans le réseau de la santé, faudra-t-il sacrifier pour que l’Ordre corrige son examen et cesse de s’entêter, au détriment de la population québécoise, qu’il est censé protéger? demande le vice-président Yves de Repentigny. La FNEEQ–CSN en appelle à toute la classe politique pour raisonner l’ OIIQ, qui ne doit plus se cacher derrière son indépendance pour reproduire un examen d’entrée à la profession inadéquat.
Créer deux permis, deux examens
Au-delà de l’examen, le commissaire Gariépy suggère de créer un permis d’infirmière technicienne et un permis d’infirmière clinicienne (ou bachelière)
.
Chacun de ces permis se verrait attribuer des activités professionnelles [...] avec ses conditions d’admission, dont un examen adapté aux activités attribuées et au niveau de formation
, précise-t-il.
En mai 2023, les ministres Sonia LeBel, Christian Dubé et Pascale Déry ont rencontré la direction de l’(nouvelle fenêtre). L’échec des aspirantes infirmières aux examens menace les plans de Québec, qui souhaite recruter des infirmières à l’étranger pour répondre aux besoins. OIIQ