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Un survivant du pensionnat St. Anne’s aide à la recherche de tombes anonymes

Le pensionnat pour autochtones St. Anne’s, à Fort Albany, a fermé ses portes en 1976.
Photo : Université Algoma / Collection Edmund Metatawabin
Rick Wabano a été pensionnaire au pensionnat pour autochtones St. Anne’s, à Fort Albany, de 1969 à 1971. Aujourd’hui, il fait partie d’un groupe qui documente les histoires des survivants et qui veut effectuer des fouilles pour trouver des tombes anonymes sur le site de l’ancien pensionnat, sur la côte de la baie James.
AVERTISSEMENT : Ce reportage contient des informations qui pourraient être bouleversantes.
Rick Wabano était assis dans sa classe de deuxième année à Moosonee quand un prêtre est venu le chercher pour l’amener au quai d’hydravion.
Lui et ses deux jeunes frères allaient se rendre plus au nord sur la côte de la baie James pour étudier au pensionnat pour autochtones St. Anne’s, à Fort Albany.
Ma mère était là, avec un prêtre. Elle n’a rien dit
, se souvient l’homme de 61 ans. Ma petite sœur pleurait au bout du quai. Elle voulait venir avec nous.
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M. Wabano se souvient de l’excitation qu’il a ressentie à l’idée de prendre l’avion pour une première fois, mais il se souvient aussi de sa confusion lorsqu’il a croisé son frère aîné, qui était déjà au pensionnat St Anne’s.
Je ne pouvais même pas regarder mon frère si je le croisais dans les corridors, parce qu’on allait le punir si on avait un contact visuel.
Je ne comprenais pas pourquoi mon frère m’ignorait et ce n’est que plus tard que j’ai su pourquoi.
M. Wabano a vécu la majeure partie de sa vie à Moosonee, mais il est membre de la Première Nation d’Attawapiskat.
Il explique que, plusieurs années après leur passage au pensionnat, son frère, maintenant décédé, lui a raconté des histoires sur les abus subis au pensionnat St Anne’s, qui était doté d’une tristement célèbre chaise électrique
.

De jeunes Autochtones des communautés de la baie James ont été étudiants du pensionnat pour autochtones St Anne's, à Fort Albany.
Photo : Université Algoma / Collection Edmund Metatawabin
Il vivait avec sa douleur. La compensation a très peu aidé sa guérison,
dit M. Wabano. Quand j’entends ce genre d’histoire, je me rends compte que beaucoup se passaient sous mon nez.
Rentrer à la maison
Ces derniers mois, M. Wabano entend de plus en plus souvent ce genre d’histoire, à titre de membre du groupe Nee Kee Wa Nan, une phrase crie qui signifie rentrer à la maison
.
Ce groupe, financé par les gouvernements provincial et fédéral, a pour but d’approfondir les histoires des pensionnats pour autochtones, ce qui comprend la recherche de tombes anonymes.
Il dit que plusieurs aînés parlent pour la première fois de ce qu’ils ont vécu au pensionnat St. Anne’s et qu’il réalise qu’il a été relativement chanceux.
C’est probablement pour ça que je fais ce travail aujourd’hui. Je vais bien, je raconte mon histoire, j’élève ma famille et je porte le flambeau pour tous ceux qui ne sont pas revenus
, explique M. Wabano.
Je n’irai pas jusqu’à parler de culpabilité du survivant, mais je pleure ceux qui ne sont pas revenus. Nous les pleurons tous.

Des recherches au géoradar, comme celles qui ont été faites à Sault Ste Marie l’an dernier, sont prévues pour cet hiver sur le terrain de l’ancien pensionnat pour autochtones St Anne’s à Fort Albany.
Photo : CBC / Juanita Taylor
M. Wabano dit que son groupe espère pouvoir effectuer des fouilles au sol dans l’ancienne cour d’école à Fort Albany cet hiver, alors que le sol des basses terres de la baie James sera gelé et que les géoradars seront plus efficaces.
Même si on ne trouve rien, le processus aide à soulager aussi. En tant qu’autochtones d’ici, on savait tous la vérité, et je crois que cette vérité partagée par les nations Mushkegowuk, c’est une guérison en soi
, explique-t-il.
Des fouilles au géoradar ont été réalisées il y a plus d’un an sur les terres de l’ancien pensionnat pour autochtones Shingwauk, à Sault-Sainte-Marie, mais les résultats n’ont pas encore été rendus publics.
Avec les informations d'Erik White de CBC