1. Accueil
  2. Société
  3. Éducation

Quitter le système scolaire traditionnel pour faire face au TDAH

La mère est à la table et enseigne à ses enfants.

Sue Music n'a pas d'expérience en enseignement, mais bénéficie de l'aide d'un tuteur.

Photo : Radio-Canada / Genevieve Tardif

Portrait de Geneviève Tardif.
Geneviève Tardif

La rentrée scolaire est plus difficile pour certains élèves ayant des besoins spéciaux. Sue Music, qui vit en Alberta, a choisi de s'adapter aux besoins de ses enfants, de ralentir sa carrière et d'assumer le rôle d'apprentie pédagogue à partir de la maison.

Le matin

L’odeur des crêpes fraîchement préparées tire du lit les trois enfants de Sue Music. La mère de famille prépare la table alors que Corban, Ashor et Daisy se précipitent dans la cuisine. Chez les Music, l’odeur du petit déjeuner remplace le son de la cloche de l'école. La famille a adopté l'enseignement à la maison il y a cinq ans.

Cette année, nous utilisons le modèle hybride. Les enfants vont dans une école une journée par semaine avec d’autres enfants qui font l’école à la maison.
Une citation de Sue Music, mère de famille
Le livret indiquant l'horaire de la semaine est ouvert sur la table.

L'instruction des enfants est basée sur leurs centres d'intérêts.

Photo : Radio-Canada / Genevieve Tardif

Les livres et les cahiers d’apprentissages s'empilent sur la table. Sue parle du plan de la journée. Ici, il n’y a pas d’horaire, mais un emploi du temps.

Ashor, as-tu des devoirs à faire cette semaine?, demande Sue Music. [L’école] a dit d’écrire dans notre cahier chaque jour, répond l'enfant.

L’option de devenir apprentie pédagogue a été un choix logique pour Sue lorsque son premier enfant, Corban, 12 ans, a commencé à intégrer le système scolaire. Après trois changements d’école, plusieurs visites chez le directeur, de la médication et la confiance en soi de l'enfant ébranlée, la famille a décidé de retirer le jeune garçon du système scolaire traditionnel.

Corban ne voulait jamais aller à l’école. Chaque jour, il vivait une expérience négative.
Une citation de Sue Music, mère de famille
Le jeune écoute la lecture de sa mère, il est assis à la table.

Corban fait l'école à la maison depuis cinq ans.

Photo : Radio-Canada / Genevieve Tardif

Corban souffre d’un trouble déficitaire de l’attention avec hyperactivité (TDAH). Son problème se définit, entre autres, par une difficulté à se concentrer et une gestion plus difficile de ses impulsivités et de ses émotions.

Mon fils est très intelligent, il a la capacité d’hyper focaliser sur des sujets qui l’intéressent. Il apprend actuellement le japonais.

Étude sur l’accès équitable à l’éducation

Un rapport (nouvelle fenêtre) publié en 2021 par le Centre de sensibilisation au TDAH Canada (CSTC) évaluant l’accès équitable à l’éducation aux élèves qui vivent avec un TDAH affirme qu’aucune province ou territoire canadien n'a reçu la note Excellent et que trois provinces ont reçu la note insatisfaisant.

À la suite de ce rapport, les ministères provinciaux et territoriaux ont indiqué qu’ils s'orientaient vers un système d’inclusion et d’intégration, ce qui signifie que, quel que soit le niveau de leurs besoins, les élèves reçoivent maintenant un enseignement dans une classe intégrée.

Le CSTC avait dès lors prévenu qu’en l’absence de financement et de ressources supplémentaires le passage à un système d'intégration ferait en sorte que les éducateurs seraient débordés et les élèves ne recevraient pas les bons services.

Nouvellement à la retraite, Éric Thibeault a pu constater la projection.

C'est un peu plus de gestion de classe, plus de planification, surtout quand on a des grands groupes, moins de temps individuel à donner à chaque élève. Là, c'est sûr qu'à ce moment-là, c'est pas évident.
Une citation de Éric Thibeault, enseignant à la retraite
Il parle durant l'entrevue. Il est de côté et regarde la caméra.

Éric Thibeault, nouvellement retraité, a enseigné pendant une trentaine d'années.

Photo : Radio-Canada / Genevieve Tardif

Le midi

Les notes du piano de Corban se font entendre partout dans la maison alors que chacun est absorbé par ses apprentissages. Installé dans son hamac, Ashor, le frère cadet de Corban est plongé dans sa lecture alors que sa sœur Daisy fait une construction avec des blocs Lego.

L'enfant se berce dans son hamac, il regarde la caméra en haut de lui.

Ashor est plongé dans sa lecture.

Photo : Radio-Canada / Genevieve Tardif

Ils ont des travaux éducatifs à accomplir pour la semaine et, chaque jour, ils doivent s’assurer d’avoir bougé, de s’être nourris spirituellement, d’avoir pris soin d’eux et de leur maison.
Une citation de Sue Music, mère de famille

Outre ces périodes d'apprentissage, les jeunes profitent de leurs temps libres pour apprendre des choses sur des sujets qui les intéressent comme la couture, la cuisine et même l’entrepreneuriat, explique Sue Music. Nous avons aussi du temps alloué aux activités sociales avec d'autres enfants qui font l’école à la maison.

Elle regarde la caméra en tenant un Lego dans sa bouche.

La cadette de la famille apprend les mathématiques avec des Legos.

Photo : Radio-Canada / Genevieve Tardif

La mère de famille construit elle-même son programme d’enseignement, mais bénéficie de l'aide d’un tuteur pour l’aider à passer au travers du programme de la province.

L’Alberta alloue des fonds aux familles qui décident de faire l’école à la maison, mais seulement si le programme d’enseignement est supervisé par une autorité scolaire.

Source : Gouvernement de l'Alberta (nouvelle fenêtre) (en anglais)

Elle privilégie l’apprentissage kinesthésique pour ses enfants.

Ils apprennent les mathématiques à l’aide de blocs Lego ou de formules de codage par exemple. [...] On exploite leurs centres d'intérêts et leurs forces sans négliger ce sur quoi ils doivent s’améliorer.
Une citation de Sue Music, mère de famille

Le soir

Le souper mijote déjà sur la cuisinière. Dehors, les enfants s’agitent sur le trampoline. Sue en profite pour trier des factures.

C’est difficile de concilier la famille, le travail et l’école à la maison, mais on a beaucoup plus d'avantages à faire [l’école à la maison] que d’inconvénients.

Depuis qu'il est scolarisé à la maison, Corban a cessé de prendre ses médicaments, ne se plaint plus de maux de tête et se sent mieux. Sue et sa famille évaluent chaque année la possibilité de retourner dans le système éducatif traditionnel.

Sue et Daisy sont assises à la table.

Sue apprend à écrire à sa fille Daisy.

Photo : Radio-Canada / Genevieve Tardif

Portrait de Geneviève Tardif.
Geneviève Tardif

À la une