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Filière batterie : un financement jamais vu au Québec pour Northvolt

Québec met en place des incitatifs à la performance proportionnels à la production pour financer l'usine de Northvolt.
Photo : Radio-Canada / Ivanoh Demers

L’entreprise suédoise Northvolt hésitait à s’installer en Californie ou au Québec. Ce qui a convaincu le fabricant de cellules de batterie? Sûrement l’hydroélectricité, mais probablement aussi les conditions de financement.
Pour attirer l'entreprise, le gouvernement de François Legault fera comme son voisin ontarien, selon ce qu'a appris Radio-Canada. C’est-à-dire qu’il mettra en place un programme conjoint avec Ottawa pour concurrencer les États-Unis. Cet aspect fera partie de l’annonce prévue à 11 h sur l’arrivée de Northvolt à McMasterville, en Montérégie.
Pour chaque production, une subvention. C’était aussi l’accord conclu entre le gouvernement fédéral, l’Ontario et les constructeurs automobiles Stellantis-LGES et Volkwagen. Ils ont droit à des incitatifs à la performance proportionnels à la production.
Selon nos informations, Québec et Ottawa investiront 2,7 milliards de dollars pour la construction de l'usine de Northvolt.
Il s’agit d’une riposte à l’Inflation Reduction Act (IRA) en vigueur aux États-Unis. Cette loi, adoptée par l’administration Biden, se veut dynamique pour attirer l’investissement étranger à coups de milliards de dollars.
Les gouvernements Legault et Trudeau vont donc imiter l’IRA. Chaque fois que Northvolt va produire une cellule, un montant variable va être donné en subvention. Le gouvernement fédéral fournira les deux tiers du financement, et le Québec, le tiers.
Au total, on sait déjà que les investissements publics et privés pour ce complexe de quatre usines frôleront les sept milliards de dollars.
Puisque ce programme de financement se veut l’équivalent de celui des États-Unis, il agira comme un miroir
. C’est-à-dire que si les mesures incitatives de l’IRA américain sont réduites ou annulées – par l’administration Biden ou son successeur –, il en ira de même au Québec.
Des investissements rentabilisés en neuf ans
Selon nos informations, Québec estime que ses investissements seront rentabilisés en neuf ans au maximum.
Une source bien au fait du dossier ajoute même que cette estimation est conservatrice
et prudente
, puisque la rentabilité pourrait être démontrée bien avant.
Afin d’éviter les critiques, Québec a utilisé la méthodologie du Directeur parlementaire du budget à Ottawa pour réaliser son estimation.
Un rapport de ce dernier indiquait, il y a quelques semaines, que les subventions de 28 milliards de dollars accordées aux usines de batteries de Stellantis-LGES et Volkswagen ne seront pas rentabilisées avant 20 ans.
Un échéancier quatre fois plus long que celui estimé par le gouvernement Trudeau, qui affirmait récupérer ses investissements en cinq ans seulement.
Des investissements de 30 milliards de dollars
Avec l’arrivée de Northvolt, considérée par le ministre de l’Économie, de l’Innovation et de l’Énergie Pierre Fitzgibbon comme « le plus gros projet privé de l’histoire du Québec », au moins 15 milliards de dollars auront été investis dans la filière batterie au Québec par les gouvernements et les entreprises.
Des projets qui ont permis de créer au moins 6000 emplois jusqu’ici.

Le ministre de l'Économie, de l'Innovation et de l'Énergie, Pierre Fitzgibbon
Photo : Radio-Canada / Ivanoh Demers
Le gouvernement Legault s’attend à ce que le montant des investissements publics et privés grimpe à 30 milliards de dollars d’ici juin 2024, puisque des phases 2 pourraient être annoncées aux projets de GM-Posco à Bécancour et de Northvolt au sud de Montréal.
Le géant suédois compte d’ailleurs installer son usine dès la fin de 2026 sur une superficie équivalente à 75 terrains de football. Puisqu’il a acheté le double de surface, soit l’équivalent de 320 terrains, une expansion est certainement envisageable.
Avec les informations de Louis Blouin