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Recyclage du verre : des citoyens réclament l’intervention du ministre Charette

Un tas de bouteilles de verre concassées.

La lettre signée par des résidents du secteur des Vieilles-Forges demande un moratoire sur les certificats d'autorisation du multisite industriel en question.

Photo : Radio-Canada / Jean-Pierre Gandin

Maude Montembeault, journaliste à Radio-Canada.
Maude Montembeault

Des citoyens de Trois-Rivières dont le quotidien est empoisonné par les activités du Groupe Bellemare ont envoyé une lettre au gouvernement pour demander son intervention rapide avant l’octroi des contrats publics pour le recyclage du verre de la consigne élargie.

À moins de 500 mètres de nos habitations et au vu et au su de la direction régionale de votre ministère, un drame environnemental est en train de se produire, affirme un extrait de la lettre qu’a reçue le ministre de l’Environnement, Benoit Charette, mercredi.

Cette missive est signée par 15 résidents du secteur des Vieilles-Forges, au nord de Trois-Rivières. Le ministre régional Jean Boulet en a lui aussi reçu copie, de même que la Ville et la direction régionale du ministère.

Un homme s’appuie sur une clôture.

Yannick Daviault est un père de famille qui habite les Vieilles-Forges. Il a signé la lettre destinée au ministre de l’Environnement.

Photo : Radio-Canada / François Genest

Jamais le principe de précaution n’a été appliqué pour la protection de notre environnement et jamais l’acceptabilité sociale n’a été sollicitée. Aucune consultation publique n’a été [amorcée] par les autorités, déplorent les signataires.

Le groupe de citoyens somme le ministre Charette de mandater le Bureau d’audiences publiques sur l’environnement (BAPE) afin qu’il se penche sur toutes les facettes de ce bourbier.

Le 21 septembre, une enquête de Radio-Canada révélait que le Groupe Bellemare accumule les violations environnementales (nouvelle fenêtre) en plus de générer de fortes nuisances pour le voisinage. Malgré cela, les autorités lui ont déjà promis une généreuse subvention et s’apprêtent à lui donner des contrats.

Des piles de verre concassé.

Le Groupe Bellemare traite actuellement 25 % du verre du Québec. Il souhaite doubler sa production.

Photo : Radio-Canada / François Genest

Demande de moratoire

La lettre adressée au ministre Charette demande également qu’un moratoire sur tous les certificats d’autorisation émis ou à l’étude par votre ministère sur ce multisite industriel soit décrété. Les citoyens ne savent actuellement pas si leur santé est compromise par les activités du site, car la santé publique ne détient pas de données scientifiques suffisantes à l’heure actuelle.

Des échantillons d’eau prélevés dans le ruisseau du Lavoir et dans quatre ruisseaux de contrôle ont permis de découvrir que les concentrations de Les substances per- et polyfluoroalkylées retrouvées dans le ruisseau du Lavoir sont 60 fois supérieures à la moyenne des quatre autres ruisseaux analysés dans le secteur.

Le Groupe Bellemare réplique que les substances perfluoroalkylées et polyfluoroalkylées, à l’heure actuelle, ne font l'objet d'aucune réglementation. Il n’y a donc aucun seuil limite prescrit pour leur présence dans l’eau douce.

Des tests de sols, quant à eux, ont démontré que les sols de ces voisins ne sont pas contaminés.

Les citoyens sollicitent l’implication du ministre pour que la lumière soit faite sur tous les risques associés aux contaminants et aux nuisances attribuables aux activités de l’entreprise.

La compagnie applique actuellement un plan correcteur qui vise à colliger de telles données, qui seront utiles à la direction de la santé publique régionale. Elle a investi deux millions de dollars pour les mettre en œuvre.

En Mauricie, le ministère de l’Environnement dit avoir effectué une inspection des lieux au début du mois de septembre et les faits recueillis sont toujours en cours d'analyse, selon lui.

Le ministère n’exclut aucun recours pour s’assurer du retour à la conformité. De plus, le ministère est toujours en attente des résultats d’analyse du ruisseau du Lavoir, nous a-t-on indiqué par écrit.

Activités non conformes au schéma d’aménagement

Michel Lafleur debout dans la tourbière à côté d’un étang.

Michel Lafleur habite le secteur des Vieilles-Forges depuis 1974.

Photo : Radio-Canada / Carl Mondello

Membre du groupe de citoyens, Michel Lafleur a aussi envoyé une lettre à la ministre des Affaires municipales, Andrée Laforest. Pour lui, il est inconcevable que les activités industrielles du Groupe Bellemare soient autorisées dans une zone agricole. Il demande que la ministre se penche sur la conformité des usages effectués sur le site industriel avec le schéma d’aménagement édicté par le ministère.

Ces usages ne sont effectivement plus autorisés par le règlement d'urbanisme normatif, confirmait la Ville il y a quelques semaines. Elle ajoute que seul le tribunal serait apte à trancher l’existence ou non d’un droit acquis.

Radio-Canada a obtenu une copie du dernier ordre du jour du Comité consultatif de la Ville de Trois-Rivières. Il a eu lieu le 19 septembre. Parmi les points abordés : La création d’une aire d’affectation du territoire RV à même l’affectation rurale pour autoriser la revalorisation de verre au nord du boulevard Industriel.

Les citoyens s’interrogent donc à savoir si la Ville compte accommoder l’entreprise et tenter de faire modifier son schéma d’aménagement. Le service des communications de la Ville de Trois-Rivières redirige les demandes au service de l’accès à l'information.

Le procès-verbal n’étant pas adopté et certaines informations pouvant être soumises à des restrictions prévues par la loi, je me dois de vous référer à notre service d’accès à l’information, indique son porte-parole, Mikaël Morrissette.

Le cabinet du ministre Charette indique que des enquêtes sont toujours en cours et que [le ministre] ne commentera pas le dossier pour le moment. Le cabinet du ministre responsable de la Mauricie, Jean Boulet, a indiqué ne pas avoir de commentaires à faire sur le sujet à ce stade-ci. Enfin, la ministre Laforest n’a pas de réaction à ce sujet. Elle invite les citoyens à se tourner vers la Commission municipale du Québec.

La prochaine séance du conseil municipal aura lieu le 3 octobre. Les résidents du secteur des Vieilles-Forges comptent s’y faire entendre.

Pour sa part, le Groupe Bellemare rappelle aux citoyens qu’un comité de vigilance a été créé pour faire part de leurs commentaires et que l'entreprise s'est engagée à éviter des situations ennuyeuses pour eux.

Maude Montembeault, journaliste à Radio-Canada.
Maude Montembeault

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