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Un résident sur vingt au Canada est un immigrant temporaire

Des Ukrainiens montant à bord d'un avion avant de s'envoler pour le Canada, depuis l'aéroport Frédéric-Chopin de Varsovie, en Pologne, le lundi 4 juillet 2022.
Photo : Associated Press / Michal Dyjuk

Le Canada compte actuellement 2,2 millions de résidents non permanents sur une population de 40,1 millions de personnes. C'est donc dire qu'environ 1 résident sur 20 au Canada est un immigrant temporaire. Sans compter les personnes sans papiers.
Les chiffres révélés mercredi par Statistique Canada font état d'une hausse de 46 % du nombre de résidents non permanents (RNP) du 1er juillet 2022 au 1er juillet 2023. C'est la hausse la plus importante observée depuis que des données comparables sont accessibles (1971-1972)
, note l'agence fédérale.
La population estimée de 2,2 millions de résidents non permanents a maintenant dépassé celle des 1,8 million de personnes autochtones dénombrées au recensement de la population de 2021
, observe Statistique Canada.
Le nombre de
RNP au pays, qui était évalué à 1,5 million de personnes au 1er juillet 2022, a grimpé de 698 000 individus dans les 12 mois qui ont suivi. Cet accroissement annuel a été encore plus important que celui de l'immigration permanente, un phénomène constaté pour la première fois en 2022.La majorité des
RNP sont des travailleurs étrangers temporaires ou des étudiants étrangers (1,9 million d'entre eux sont titulaires d'un permis de travail, d'un permis d'étude ou des deux). Les demandeurs d'asile sont pour leur part évalués à 260 000 individus. Du lot, 147 000 se trouvent au Québec, soit 57 % du total canadien.Les plus récents chiffres publiés par Statistique Canada rejoignent à plusieurs égards les estimations de l’économiste en chef adjoint de Marchés mondiaux CIBC, Benjamin Tal, qui avait fait la manchette cet été (nouvelle fenêtre) en reprochant à l'agence fédérale de sous-estimer le nombre de RNP au pays.
Les données rendues publiques mercredi demeurent toutefois incomplètes, car elles n'incluent pas le nombre de personnes sans papiers, que le gouvernement Trudeau songe à régulariser (nouvelle fenêtre).
Le phénomène pourrait pourtant être de grande ampleur. Le nombre estimé de personnes ayant choisi de rester au Canada malgré la perte de leur permis de travail variait entre 200 000 et 500 000 individus le printemps dernier (nouvelle fenêtre).
La hausse de l'immigration temporaire au Canada suit la logique des derniers mois et des dernières années, que ce soit au Québec et au fédéral, où les procédures administratives ont été allégées pour faire venir des travailleurs de l'étranger.
Statistique Canada explique en outre la hausse du nombre de
RNP par l'Autorisation de voyage d'urgence Canada-Ukraine mise en place en mars 2022 en raison de l'invasion russe en Ukraine, qui a aidé jusqu'ici 175 000 Ukrainiens à s'installer au pays.Québec invite Ottawa à réviser ses seuils
Pour toutes ces raisons, l'immigration temporaire a explosé dans la dernière année, notamment au Québec. Le nombre de résidents non permanents s'étant installés dans la Belle Province dépasse maintenant les 470 000 personnes, alors qu'on estimait jusqu'à tout récemment qu'il oscillait autour de 300 000 personnes (nouvelle fenêtre).
À ce titre, les nouvelles données de Statistique Canada risquent d'influencer la planification de l'immigration au Québec pour la période 2024-2027, qui est soumis à une consultation publique depuis que les travaux parlementaires ont repris à l'Assemblée nationale, il y a deux semaines.
On va prendre le temps d'analyser les nouvelles données qui viennent tout juste de sortir, mais nous, on le dit depuis longtemps, il faut mieux répartir les demandeurs d'asile à l'intérieur de l'ensemble des provinces canadiennes
, a déclaré à chaud Christine Fréchette en sortant de la consultation, mercredi matin.
La ministre québécoise de l'Immigration, de la Francisation et de l'Intégration invite le gouvernement canadien à réviser ses seuils d'admission pour les prochaines années à la vue de ces nouvelles statistiques
.
Parce que lorsqu'il nous donne des chiffres qui, somme toute, apparaissent démesurés, c'est qu'il ne tient absolument pas compte de la capacité d'accueil
, explique-t-elle.
Ce sont les villes, ce sont les provinces qui accueillent, qui accompagnent ces personnes, et il faut que le gouvernement canadien tienne ça en considération dans sa réflexion pour la définition des objectifs.
Car le phénomène n'est pas près de se résorber, du moins en ce qui a trait aux demandes d'asile. De janvier à août 2023, pas moins de 80 000 demandes avaient été déposées au Canada, contre 91 000 demandes pour l'ensemble de 2022.
Ces demandeurs souhaiteraient obtenir un statut permanent, tout comme la majorité
des autres résidents non permanents, souligne Stephan Reichhold, directeur général de la Table de concertation des organismes au service des personnes réfugiées et immigrantes.
Mais comme le Québec a beaucoup baissé son niveau d'admissions des résidents permanents
, il leur faudra attendre de nombreuses années
avant d'obtenir un tel statut, explique-t-il.
Un pays de 80 millions d'habitants en 2048?
Outre la publication de nouvelles données sur les au moment où la crise des réfugiés hongrois sévissait et où le baby-boom était à son sommet
.
En nombre absolu, ce sont 1,2 million d'individus qui se sont ajoutés durant cette période – une croissance due à 98 % au solde migratoire international, précise l'agence fédérale.
Le pays compte actuellement un peu plus de 40 millions d'habitants, un seuil franchi le printemps dernier (nouvelle fenêtre), selon l'Horloge démographique du Canada, un modèle en temps réel. Si le taux d'accroissement observé au cours de la dernière année devait demeurer au même niveau dans le futur, la population du Canada doublerait en 25 ans
.
Les résidents canadiens font pourtant de moins en moins d'enfants. La fécondité a atteint un creux historique en 2022 pour se situer à 1,33 enfant par femme, comparativement à 1,44 en 2021.
L'an dernier, les prénoms les plus populaires étaient Noah, chez les garçons, et Olivia, chez les filles.
Avec les informations d'Éric Plouffe et de Romain Schué