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Hommage à un ex-soldat nazi : des libéraux influents prêts à lâcher Anthony Rota

Dans la tourmente, le président Anthony Rota s’accroche pour l’instant à son siège de président de la Chambre des communes.

Anthony Rota, à la Chambre des communes.

Anthony Rota, président de la Chambre des communes, s'est excusé lundi pour avoir rendu hommage à un vétéran ukrainien ayant combattu avec les nazis.

Photo : La Presse canadienne / Justin Tang

Louis Blouin
Daniel Thibeault

Plusieurs ministres libéraux jugent que la cause du président de la Chambre des communes est sans espoir, a appris Radio-Canada. Le fait qu’Anthony Rota soit encore en poste cause un « malaise » dans le camp libéral, après son hommage à un ex-soldat ukrainien qui a combattu avec les nazis (nouvelle fenêtre).

Selon nos informations, plusieurs membres influents du Cabinet de Justin Trudeau jugent inimaginable un scénario où les élus libéraux voteraient pour sauver la peau d’Anthony Rota. L’opposition pourrait forcer la tenue d’un vote sur une motion réclamant le départ du président de la Chambre.

Si, publiquement, les députés libéraux sont demeurés prudents lundi, dans les coulisses, nombreux sont ceux qui croient que le départ d'Anthony Rota est devenu inévitable. Plusieurs membres importants de sa famille politique sont incapables d’envisager de l’appuyer dans un éventuel vote aux Communes.

Si on votait en sa faveur, c’est comme si on cautionnait le geste qu’il a posé la semaine passée, explique une source libérale. Le fait de s’entêter et de rester là, ça met tout le monde dans l'embarras, y compris le premier ministre, ajoute cette source.

Il faut qu’il parte, lance de manière catégorique une autre source bien au fait des délibérations internes.

Pour plusieurs, le lien de confiance dont le président a besoin pour bien faire son travail est rompu. Un président ne peut pas continuer sans la confiance de la Chambre, indique un membre du Conseil des ministres.

C’est impossible qu’il passe au travers de ça s’il y a un vote, indique un autre membre du Cabinet.

Le Conseil des ministres se réunit mardi matin. Généralement, une portion de la rencontre est consacrée à une discussion de nature plus politique. Au moins un ministre s’attend à ce que l’affaire Rota soit le sujet de discussion. Je serais surpris si nous n’en parlions pas.

Au total, Radio-Canada s’est entretenue avec cinq sources qui ont demandé de garder l’anonymat, parce qu’elles n’étaient pas autorisées à parler publiquement.

Les appels à la démission se multiplient contre le président de la Chambre des communes. Reportage de Christian Noël et pour mieux comprendre toute cette affaire, entrevue avec Dominique Arel, professeur et titulaire de la chaire d'études ukrainiennes à l'Université d'Ottawa.

Tout le monde était sidéré

Mis au courant de la controverse durant la fin de semaine, certains ont même été surpris de voir Anthony Rota présider les travaux de la Chambre lundi. Plusieurs libéraux s’attendaient à ce que Chris d’Entremont, le député conservateur et vice-président de la Chambre, soit responsable de diriger les débats. Tout le monde était sidéré, indique un élu libéral.

Aux Communes lundi, Anthony Rota est donc devenu l’arbitre des vifs débats entourant sa propre bévue, dont la période des questions et les débats sur les appels au règlement qui ont suivi ses excuses en matinée.

Pour le Nouveau Parti démocratique et le Bloc québécois, les excuses du président sont insuffisantes. Les deux formations politiques ont publiquement réclamé le départ d’Anthony Rota. Le Bloc a demandé et obtenu une rencontre des leaders en Chambre des partis mardi midi pour discuter de ce que le Bloc qualifie de crise de confiance sans précédent.

Les conservateurs à l’attaque

Contrairement au Nouveau Parti démocratique et au Bloc québécois, les conservateurs n'ont pas réclamé la démission du président de la Chambre des communes. Ils ont préféré utiliser l’affaire pour s’en prendre au gouvernement, accusant le bureau du premier ministre de ne pas avoir adéquatement vérifié les antécédents des participants venus voir et entendre le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, au Parlement.

Seul le premier ministre est responsable pour le succès de toutes les visites des leaders internationaux ici au Canada, a déclaré Pierre Poilievre durant la période de questions. Va-t-il personnellement prendre leur responsabilité pour ce problème massif qu’il a aidé à causer?

Dans les banquettes libérales, certains digèrent très mal cette controverse qui porte ombrage à la visite du président ukrainien, qui aurait dû être un succès sur toute la ligne pour le gouvernement Trudeau. Cette journée était perçue comme une rare éclaircie dans le ciel libéral depuis quelques semaines.

Aujourd’hui, des libéraux estiment que la seule façon de calmer les choses est de couper les liens avec le président Rota. Plus il reste, plus ça continue, plus il nous cause des problèmes, conclut un élu du gouvernement.

Louis Blouin
Correspondant parlementaire
ICI Ottawa
Louis Blouin
Daniel Thibeault debout souriant en complet bleu
Daniel Thibeault

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