- Accueil
- International
- Politique internationale
Dans le village d’origine du sikh assassiné au Canada, beaucoup croient Ottawa

Hardeep Singh Nijjar, le séparatiste sikh assassiné au Canada en juin, est originaire du village de Bharsingpura, dans le nord de l'Inde. (Photo d'archives)
Photo : afp via getty images / Narinder Nanu
Un vieux mandat de comparution, adressé au leader sikh canadien dont l'assassinat est au centre de la crise diplomatique entre l'Inde et le Canada, reste collé sur la maison familiale dans son village pendjabi, où beaucoup croient aux accusations d'Ottawa contre New Delhi.
Le paisible hameau de Bharsingpura, dans l'État du Pendjab, est en effervescence depuis que le premier ministre canadien Justin Trudeau a demandé à l'Inde de prendre au sérieux
l'affaire du meurtre de Hardeep Singh Nijjar et les éléments crédibles
d'implication de New Delhi évoqués lundi par Ottawa.
Des accusations qualifiées d'absurdes
par le gouvernement indien, qui a démenti tout acte de violence au Canada
.

Hardeep Singh Nijjar a été tué en juin dans le stationnement du temple Guru Nanak Sikh Gurdwara qu'il dirigeait à Surrey en Colombie-Britannique. (Photo d'archives)
Photo : (Ben Nelms/CBC)
Mais Himmat Singh, l'oncle de Nijjar, ne doute pas des propos de M. Trudeau suggérant que des agents du Research and Analysis Wing (RAW), services de renseignement indiens, ont tué son neveu.
Je pense que c'est l'œuvre du gouvernement indien. Oui, les agents du RAW sont impliqués
, confie à l'AFP ce frêle fermier de 79 ans, à son domicile.
Il est impossible que le premier ministre d'un pays porte une telle accusation sans aucune preuve. Je crois ce que Trudeau a dit.
Le gouvernement indien peut qualifier n'importe qui de terroriste
, ajoute-t-il.

L'oncle d'Hardeep Singh Nijjar, Himmat Singh, croit les accusations d'Ottawa envers New Dehli.
Photo : afp via getty images / Narinder Nanu
Nijjar était recherché par les autorités indiennes pour des faits présumés de terrorisme et de conspiration en vue de commettre un meurtre.
Il avait nié ces accusations, selon l'Organisation mondiale des sikhs du Canada, un groupe de défense des intérêts sikhs canadiens.
Un représentant canadien du mouvement pro-Khalistan
Hardeep Singh Nijjar a été abattu en juin au Canada (nouvelle fenêtre) par deux hommes masqués dans le stationnement du temple sikh qu'il dirigeait à Surrey, près de Vancouver, en Colombie-Britannique.
Militant pour la création du Khalistan, un État sikh indépendant dans le nord de l'Inde, Nijjar était arrivé au Canada en 1997 et avait été naturalisé en 2015.
Il était né en 1977 dans l'État indien du Pendjab, qui compte 58 % de sikhs. L'État fut secoué par un violent mouvement séparatiste dans les années 1980 et au début des années 1990, qui a fait des milliers de morts.
L'Inde s'est souvent plainte de l'activité de la diaspora sikhe à l'étranger, notamment au Canada, susceptible, selon New Delhi, de relancer le mouvement séparatiste grâce à une aide financière massive.
Aujourd'hui, les partisans les plus virulents du mouvement sont principalement issus de la diaspora de cette région.
À lire aussi :
Des accusations contre Nijjar en Inde
La grande maison rouge et jaune familiale d'Hardeep Singh Nijjar, au sein du village prospère, flanqué de rizières vertes, est scellée depuis le 8 octobre 2021, selon le mandat collé au-dessus de la sonnette, invitant Nijjar à comparaître le 11 septembre 2023, sans faute
.

Un mandat d'arrestation a été collé devant chez Hardeep Singh Nijjar. (Photo d'archives)
Photo : afp via getty images / Narinder Nanu
Nijjar est notamment accusé d'être le commanditaire de l'attaque menée en 2021 contre Kamaldeep Sharma, un prêtre hindou résidant à Bharsingpura. M. Sharma a été blessé par balles par des hommes masqués, ayant fait irruption dans son temple.
Mais M. Sharma refuse de croire à l'implication de Nijjar.
Je n'avais aucune inimitié. Nijjar n'était pas impliqué dans l'attaque. Je ne sais pas comment les agences d'investigation ont pu le reconnaître coupable dans mon affaire
, s'étonne encore M. Sharma, 39 ans.
En fait, la famille de Nijjar m'a aidé et a payé mes soins
, précise-t-il.
Kanwar Pal Singh, secrétaire de Dal Khalsa, une organisation pro-Khalistan, évoque Nijjar comme étant un humble sikh
, aimé de tous dans sa région
. L'organisation a fait du militant assassiné un martyr
.
Aux yeux des sikhs, les agences indiennes sont les principaux suspects
L'Inde avait demandé au Canada de lui remettre Nijjar. Ayant échoué légalement, elle a eu recours à des moyens extrajudiciaires
, accuse-t-il. Si elle a les mains propres, l'Inde devrait se joindre à l'enquête
.
À Bharsingpura, Ram Lal, le chef de ce village agricole, appuie le gouvernement indien.

Le chef du village de Bharsingpura, Ram La, croit pour sa part la position du gouvernement indien. (Photo d'archives)
Photo : afp via getty images / Narinder Nanu
Nijjar croyait en la violence et la violence n'est une solution à aucun problème
, commente-t-il à l'AFP. Le Canada porte de fausses accusations. Quelles preuves ont-ils sur l'implication des Indiens?
Le fermier Amreek Singh pointe toutefois qu'il reste de nombreuses questions sans réponse. Comment pouvait-il perpétrer des meurtres et des attentats à la bombe en Inde? Il ne vivait même pas ici.