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Trois Ontariennes sont accusées de fraude après s’être attribué une identité inuit

Amira et Nadya Gill.

Le 14 septembre, le détachement de la GRC d'Iqaluit a porté des accusations de fraude contre les sœurs jumelles Amira et Nadya Gill pour leur inscription sur la liste des bénéficiaires inuit de l'organisme Nunavut Tunngavik.

Photo : New Canadian Media

RCI

Au terme d’une enquête de la Gendarmerie royale du Canada (GRC), trois femmes ontariennes font face à deux chefs d’accusation de fraude de plus de 5000 $ pour avoir prétendu être des bénéficiaires inuit.

Le détachement de la Gendarmerie royale du Canadaà Iqaluit affirme que Karima Manji, 59 ans, ainsi que les sœurs jumelles Amira et Nadya Gill, âgées de 25 ans, se sont inscrites frauduleusement sur la liste des bénéficiaires inuit de l’organisme territorial Nunavut Tunngavik (NTI), qui gère l’inscription des Inuit en vertu de l'Accord sur les revendications territoriales du Nunavut.

Le détachement en a fait l’annonce jeudi dans un communiqué de presse, au terme d’une enquête lancée dans la foulée d’un reportage de la chaîne APTN (nouvelle fenêtre) (en anglais) qui avait soulevé plusieurs questions entourant la véracité de l’identité inuit présumée des sœurs jumelles.

Selon l’organisme Nunavut Tunngavik, les sœurs Amira et Nadya Gill ont été admises sur la liste en 2016 après la demande de Karima Manji, qui affirmait être la mère adoptive des deux adolescentes. La demande affirmait que la mère biologique était une femme inuk du nom de Kitty Noah. Or, la famille Noah a réfuté ce lien de parenté. (nouvelle fenêtre)

Noah Noah et Kitty Noah, le 7 avril 2023, à Iqaluit, au Nunavut.

Noah Noah, à gauche, avec sa mère, Kitty Noah, lors d'une entrevue avec CBC, le 7 avril. Noah dit qu'il a été « renversé » d’apprendre que le nom de sa mère avait été utilisé sur la demande d'inscriptions au registre des bénéficiaires inuit pour des jumelles qui n'ont aucun lien avec eux.

Photo : Radio-Canada / Matisse Harvey

Les chefs d’accusation, qui ont été portés le 14 septembre, concernent des faits qui se sont déroulés entre octobre 2016 et septembre 2022, selon la Gendarmerie royale du Canada.

« Les femmes se sont servies du statut de bénéficiaire inuit pour détourner des fonds de la Kakivak Association et de la Qikiqtani Inuit Association auxquelles seuls les Inuit ont accès en obtenant des subventions et des bourses », a précisé la Gendarmerie royale du Canada.

Les trois femmes doivent comparaître devant la cour d'Iqaluit le 30 octobre.

La façade extérieure du centre de justice.

La comparution de Karima Manji, Nadya Gill et Amira Gill, est prévue pour le 30 octobre au Centre de justice du Nunavut, à Iqaluit.

Photo : Radio-Canada / Matisse Harvey

Amira Gill a étudié en génie civil et a obtenu des bourses destinées aux étudiants autochtones, notamment des bourses d’études de l’organisme Indspire, qui soutient financièrement le parcours universitaire d’étudiants autochtones.

Nadya Gill a fait des études de droit. Son employeur, la firme Durant Barristers, a déclaré à CBC/Radio-Canada au mois d’avril qu’elle avait été mise en congé le temps de mener une enquête interne. Le bureau d’avocats trouve inacceptable que quiconque se réclame faussement de l'identité autochtone et en tire profit.

Un soulagement pour la famille

En entrevue avec CBC il y a quelques jours, Noah Noah a affirmé que le dépôt des accusations contre les trois sœurs était de très bonnes nouvelles . La police lui en avait fait part avant que l’information ne soit rendue publique.

Honnêtement, je ne savais pas comment tout cela allait se dérouler , a-t-il confié. Le fait qu'[elles] soient inculpés me rend très heureux, faute de meilleurs mots.

Noah Noah a précisé que sa mère, Kitty Noah, était décédée il y a quelques mois, mais que la nouvelle était tout de même un soulagement pour la famille.

Je sais qu’elle aurait été très heureuse, a-t-il assuré.

NTI révise son processus d’inscription

La présidente de NTI, Aluki Kotierk, se dit elle aussi très heureuse des chefs d’accusation. Si [les trois femmes] sont déclarées coupables, je pense que le minimum acceptable serait qu’elles retournent les fonds qu’elles ont escroqués aux organisations inuit, dit-elle.

Une femme se tient devant une fenêtre dans son bureau, à Iqaluit, au Nunavut, le 29 juin 2023.

La présidente de l'organisme territorial inuit Nunavut Tunngavik, Aluki Kotierk

Photo : CBC / Dustin Patar

Selon Aluki Kotierk, c’est la première fois que NTI fait face à une telle situation. Elle indique que l’organisme a dû ajuster le tir en révisant son processus d’inscription sur la liste des bénéficiaires inuit. D’ici le mois de novembre, une formation sur cette question sera offerte aux agents de liaison et les membres du comité communautaire chargé de l’inscription des bénéficiaires.

NTI étudie aussi la possibilité de centraliser le processus de sorte qu’unerévision de la documentation fournie puisse avoir lieu, précise la présidente de l’organisme.

Avec les informations de Juanita Taylor et Emily Haws

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