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Découvrir la créativité du cinéma géorgien à la cinémathèque de Vancouver

Le film « What Do We See When We Look At The Sky? » d’Alexandre Koberidze est présenté à lors d'une rétrospective sur le cinéma géorgien présentée par la cinémathèque de Vancouver.
Photo : GERMAN FILM & TELEVISION ACADEMY BERLIN

La cinémathèque de Vancouver rend hommage au cinéma géorgien en organisant une rétrospective intitulée Georgian cinéma : Dreaming at the Crossroads. Au programme jusqu’au 26 septembre, il est possible de voir 16 longs et courts métrages réalisés entre 1929 et aujourd’hui. C'est l'occasion de découvrir un cinéma en pleine résurrection après des décennies de crises économiques et politiques.
Le renouveau du cinéma géorgien
Film d’ouverture de l'événement, What Do We See When We Look At The Sky? d’Alexandre Koberidze, est le seul long métrage projeté deux fois, le lundi 18 septembre et le samedi 23 septembre.
Cette rétrospective est une belle occasion de découvrir des films qui sont très différents et dont les réalisations sont très intéressantes.
Présentée lors du festival international de Berlin, en 2021, cette œuvre est un conte moderne où Lisa, étudiante en médecine, et Giorgi, footballeur, se rencontrent dans la rue et tombent amoureux.
À peine ont-ils le temps de se donner rendez-vous qu’un mauvais s'abat sur eux. Le lendemain, chacun se réveille sous une autre apparence. Méconnaissables, ils ne pourront plus se reconnaître.
Dans ce film qui dure 2 h 30, Alexandre Koberidze nous invite à faire une promenade poétique dans la jolie petite ville historique de Koutaïssi à travers ses rues, ses cafés ou encore ses parcs.
Il y a beaucoup de choses intéressantes à Kutaïssi. Je pense que l'une des choses que l'on constate après y avoir passé un certain temps, c'est ce rythme qui est vraiment différent de bien d'autres endroits. C'est une très petite ville, mais elle a sa propre façon de gérer les choses, de les faire bouger
, souligne le réalisateur.

L'actrice Ani Karseladze dans le film d’Alexandre Koberidze.
Photo : GERMAN FILM & TELEVISION ACADEMY BERLIN
Un cinéma en quête de liberté
À mi-chemin entre l'Europe et l'Asie, au sud de la Russie, la Géorgie est un petit pays d’un peu moins de 4 millions d’habitants.
À l’image de l’Ukraine, cet État caucasien se bat depuis des siècles contre l'impérialisme russe
Selon Bacho Odisharia, directeur adjoint du département de la production cinématographique du Centre national du film géorgien, les cinéastes géorgiens ont lutté pour affirmer leur culture ou leurs opinions libérales.
Si la censure a pu entraver la carrière de certains réalisateurs, elle a créé un espace d'expérimentation et de réflexion approfondie sur la manière de transmettre le sens par des images plutôt que par des dialogues. Dans le cinéma géorgien soviétique, nous avons assisté à un large éventail de genres et de thèmes, influencés par le néoréalisme italien et la nouvelle vague française
, explique-t-il.
Pourtant, le cinéma géorgien de cette époque est resté autonome, parfois insouciant, parfois tragique, mais toujours poétique, reflétant notre culture et nos traditions.

Le film « Ma grand-mère », réalisé par Kote Mikaberidze, est une satire exaltante et irrévérencieuse de la bureaucratie soviétique devenue folle.
Photo : Centre National du Film Géorgien
Cette indépendance ne semble toutefois pas toujours pas être suffisante, selon certains artisans de l'industrie cinématographique de cet ancien pays satellite de l'URSS.
Ces derniers condamnent notamment la réorganisation forcée du Centre national du film géorgien et la censure mises en place par la nouvelle ministre de la Culture, Tea Tsulukianien.
Cette attitude est critiquée par une grande partie des cinéastes géorgiens, dont Alexandre Koberidze.
La majorité des cinéastes géorgiens boycottent le Centre national du film géorgien, car la situation politique est très mauvaise en ce qui concerne le cinéma et l'art en général. J'espère que cette action permettra de changer les choses et apportera de nouveaux films
, confie le réalisateur.
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Ce contexte n'empêche pas l'éclosion d'une nouvelle vague de réalisateurs très attachée à l’âge d’or du cinéma géorgien des années 1960, 1970 et 1980.
Dans mes films, j'essaie d'établir une relation avec les années 80 ou simplement avec le passé, parce qu'il y a un grand vide, qui a commencé dans les années 90, après l'effondrement de l'Union soviétique. Il y a eu une longue période pendant laquelle il n'y a pas eu de films ou très peu. J’ai voulu créer une continuité.

Le film « Il était une fois un merle chanteur », d’Otar Iosseliani, réalisé en 1971 est aujourd'hui qualifié de chef-d’oeuvre.
Photo : Centre National du Film Géorgien
Cette période dorée, Tony Reif, le commissaire de cet événement, organisé en partenariat avec le Centre national du film géorgien, a pu la découvrir lors de son passage en Géorgie, durant l’été 2021.
De la grande époque du cinéma géorgien, de nombreux films n'ont pas été restaurés. Depuis les années 2010, le Centre national du film géorgien les a tous numérisés. J’ai pu donc en visionner énormément et faire une sélection des films que je préférais et qui serait, selon moi, intéressante pour le public de Vancouver
, souligne Tony Reif.
Parmi les films classiques sélectionnés dans cette rétrospective, il est possible de voir Il était une fois un merle chanteur, d’Otar Iosseliani, réalisé en 1971, et qui sera diffusé ce vendredi 22 septembre.