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Un fonds vert fédéral de 1 milliard $ sous la loupe

Ottawa a préparé un « plan d’action » pour une fondation qui finance les technologies vertes.

Technologies du Développement durable Canada.

Ottawa a préparé un « plan d’action » pour une fondation qui finance les technologies vertes.

Photo : Radio-Canada / Yosri Mimouna

Daniel Leblanc
Daniel Leblanc

Le gouvernement fédéral vient de recevoir un rapport d’enquête sur un organisme qui gère un milliard de dollars en financement pour les technologies propres et qui a été visé par une dénonciation d’anciens employés, a appris Radio-Canada.

Le rapport final sera présenté prochainement à François-Philippe Champagne, le ministre responsable de financer et de superviser les activités de Technologies du développement durable Canada (TDDC).

Avant de présenter le rapport à François-Philippe Champagne, le ministère de l’Innovation lui a préparé un plan d’action pour Technologies du développement durable Canada en réponse aux conclusions de l’enquête, affirment nos sources.

S’il y a des décisions à prendre, nous allons les prendre, lance une source fédérale.

Le ministre fédéral de l'Innovation, des Sciences et de l'Industrie, François-Philippe Champagne.

Le ministre François-Philippe Champagne gère la réponse du gouvernement au rapport sur les activités de Technologies du développement durable Canada.

Photo : La Presse canadienne / Sean Kilpatrick

Peu connu du grand public, Technologies du développement durable Canada est au cœur des efforts du gouvernement fédéral pour promouvoir la transition technologique vers une économie plus verte en concentrant ses efforts dans le domaine des petites et moyennes entreprises.

Selon son entente en cours avec le ministère de l’Innovation, Technologies du développement durable Canada peut distribuer un milliard de dollars à ces entreprises entre 2021 et 2026. Les sommes à dépenser par cette fondation augmentent chaque année et atteignent 320 millions en 2025-2026.

Dans une déclaration écrite, le ministère de l’Innovation affirme avoir reçu des allégations d'actes répréhensibles en février dernier en matière de gestion des finances et des ressources humaines par Technologies du développement durable Canada.

Le ministère a réagi en embauchant la firme Raymond Chabot Grant Thornton pour examiner la situation et valider les faits allégués. Son rapport sera rendu public au cours des prochaines semaines.

Le ministère dit qu’au besoin, il n'hésitera pas à prendre toutes les mesures nécessaires en réponse aux conclusions du rapport pour remédier à toute lacune ou problème identifié.

D’ici là, une porte-parole de Technologies du développement durable Canada affirme que la fondation poursuit ses activités.

Technologies du développement durable Canada coopère pleinement avec l'enquête lancée par Innovation, Sciences et Développement économique en réponse aux allégations formulées par un petit groupe d'anciens employés. Nous attendons avec impatience les conclusions afin de pouvoir mettre cette affaire derrière nous et de nous concentrer sur le service aux entrepreneurs canadiens.
Une citation de Janemary Banigan, porte-parole de Technologies du développement durable Canada

La porte-parole de Technologies du développement durable Canada ajoute que le conseil d’administration de la fondation a mené une enquête avec une firme d’avocats et n’a trouvé aucune preuve permettant de justifier les allégations formulées.

Depuis sa création, en 2001, cette fondation a accordé 1,6 milliard de dollars en financement à plus de 500 entreprises.

L’origine de l’enquête

Un groupe d’anciens employés de Technologies du développement durable Canada ainsi que des personnes qui y travaillent encore sont à l’origine de ces enquêtes.

Ce groupe a commencé le processus de dénonciation en présentant ses allégations au Bureau de la vérificatrice générale l’an dernier.

La vérificatrice générale du Canada, Karen Hogan, en conférence de presse.

Le Bureau de la vérificatrice générale, Karen Hogan, suit le déroulement de la plainte contre la fondation fédérale.

Photo : La Presse canadienne / Sean Kilpatrick

Les dénonciateurs se sont fait dire qu’il était avant tout du ressort du gouvernement d’étudier le dossier, ce qui explique pourquoi celui-ci s’est rendu au ministère de l’Innovation.

Même s’il ne mène pas de vérification, le Bureau de la vérificatrice générale affirme qu’il suit le déroulement de l’enquête lancée par le gouvernement.

Selon nos informations, Raymond Chabot Grant Thornton a examiné l’application des politiques internes au sein de Technologies du développement durable Canada, de même que le processus d’approbation des dépenses.

En tout, l’équipe d’enquêteurs externes a étudié des ententes de contribution avec plus d’une douzaine d’entreprises qui ont reçu une centaine de millions de dollars de financement de 2017 à 2022.

Trois éoliennes sur le bord d'un fleuve.

Le gouvernement fédéral finance le développement de technologies propres au pays.

Photo : Radio-Canada

Un des éléments délicats consiste en la décision de Technologies du développement durable Canada de bonifier ses ententes de financement de 5 % à tous ses bénéficiaires à la fin de l’année financière en 2020 et en 2021. Les paiements supplémentaires ont coûté près de 40 millions de dollars à Technologies du développement durable Canada, qui explique cette dépense en raison de la pandémie de COVID-19.

Le gouvernement avait accordé une flexibilité financière à Technologies du développement durable Canada durant la pandémie pour appuyer les petites entreprises du Canada durant une période d’incertitude, explique Janemary Banigan.

Une fondation au cœur du développement durable

Dans un message vidéo l’an dernier, François-Philippe Champagne vantait l’immense travail accompli par Technologies du développement durable Canada et son rôle central dans le développement économique du Canada.

En tant que principal bailleur de fonds des petites et moyennes entreprises du secteur des technologies propres au pays, vous jouez vraiment un rôle crucial pour assurer un avenir faible en carbone, lançait-il.

Technologies du développement durable Canada : qu’est-ce que c’est?

Technologies du développement durable Canada administre des investissements fédéraux d’un milliard de dollars sur cinq ans, selon une entente de cinq ans qui se conclura en 2026.

Cette année, Technologies du développement durable Canada gère un budget de 170 millions de dollars. Ce montant devrait passer à 320 millions de dollars en 2025-2026.

Cette fondation établie par le gouvernement libéral de Jean Chrétien en 2001 offre du financement à des projets dans le domaine des technologies propres au Canada.

Ses fonds proviennent du gouvernement fédéral, sous la gouverne du ministère de l’Innovation, des Sciences et du Développement économique.

Les projets financés par Technologies du développement durable Canada — habituellement au stade initial de l'élaboration de nouvelles technologies — reçoivent en moyenne du financement de 4 millions.

Dans tous les cas, le financement est lié à des technologies qui ont un impact positif sur l’environnement, que ce soit sur la qualité de l'air, la propreté de l'eau et des sols ou le développement de biocarburants.

Les bénéficiaires de ce financement doivent démontrer que leur projet présente des bienfaits environnementaux et économiques importants et quantifiables.

Technologies du développement durable Canada est dirigé depuis 2015 par Leah Lawrence. Cette présidente-directrice générale est une experte de longue date dans le domaine des technologies propres. Elle est ingénieure de formation en plus d'être titulaire d'une maîtrise en économie de l’Université de Calgary.

La présidente du conseil d’administration depuis 2019 est Annette Verschuren, une personnalité bien en vue dans le monde des affaires au Canada. Elle s’était jointe à plusieurs femmes d’affaires lors d’une visite du premier ministre Justin Trudeau à Washington en 2017 alors qu’une délégation canadienne avait rencontré le président américain de l’époque, Donald Trump.

Elle a déjà dirigé les activités de Home Depot et de Michael’s au Canada. Depuis 2012, elle est présidente de la firme NRStor, qui travaille dans le domaine du stockage d’énergie.

Daniel Leblanc
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