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Nombreuses manifestations contre « l’idéologie de genre » en Atlantique

Des manifestations parfois tendues ont eu lieu dans une dizaine de villes.

Des manifestants à Moncton, le 20 septembre, expriment leur désaccord envers certaines politiques sur l'orientation sexuelle et l'identité de genre.

Des manifestants à Moncton, le 20 septembre, expriment leur désaccord envers certaines politiques sur l'orientation sexuelle et l'identité de genre.

Photo : Radio-Canada / Pascal Raiche-Nogue

Catherine Allard
Nadia Gaudreau

Des groupes hostiles aux droits des jeunes de la communauté LGBTQ+ ont organisé une série de manifestations un peu partout en Atlantique, mercredi. Ils s'opposent à certaines politiques sur l’identité de genre et l'éducation sexuelle dans les écoles. Au Nouveau-Brunswick, le premier ministre Blaine Higgs a assisté à la manifestation.

Blaine Higgs joint sa voix

Le premier ministre a sympathisé avec des participants à la marche 1 Million March 4 Children qui avait lieu devant l'édifice de l'Assemblée législative à Fredericton.

Blaine Higgs participe le 20 septembre 2023 à une manifestation.

Le premier ministre du Nouveau-Brunswick Blaine Higgs a souvent répété l'importance qu'il accorde aux «droits des parents».

Photo : Radio-Canada / Alix Villeneuve

J’ai été clair sur mes opinions. Les parents sont de plus en plus au fait de ce que les enfants apprennent à l’école, de ce qu'il est important qu’ils apprennent à l’école et de ce qui doit être enseigné par les parents, a déclaré Blaine Higgs lors d’une courte mêlée de presse.

Blaine Higgs était accompagné de son ministre de l’Éducation, Bill Hogan. Il y a des opinions extrêmes que je n’appuie pas, mais j’appuie les droits des parents, a dit Bill Hogan.

Blaine Higgs et un manifestant.

Blaine Higgs est aperçu aux manifestations à Fredericton.

Photo : Radio-Canada / Alix Villeneuve

Certaines affiches vues à la manifestation demandaient de cesser de dresser les enfants (stop grooming our children). Ce terme désigne la création progressive d’un lien d’affection et de confiance avec une personne en vue de l’exploiter sexuellement. Bill Hogan répond que cela ne se produit pas dans les écoles, mais ajoute qu’il y a des problèmes avec le curriculum actuel.

Entre 200 et 300 manifestants étaient présents mercredi matin devant l'édifice de l'Assemblée législative à Fredericton. Plusieurs se sont réjouis de la participation du premier ministre.

Des manifestations ont aussi eu lieu à Moncton et à Saint-Jean.

Des manifestants à Moncton, le 20 septembre, avec une pancarte sur laquelle il est écrit « ne manipulez pas les esprits ».

Des manifestants à Moncton, le 20 septembre, avec une pancarte sur laquelle il est écrit « ne manipulez pas les esprits ».

Photo : Radio-Canada / Pascal Raiche-Nogue

Le gouvernement progressiste-conservateur de Blaine Higgs mène de front une lutte pour les droits des parents. Des changements à la politique 713 dans les écoles de la province visent notamment à bannir l’utilisation d’un prénom ou d’un pronom d’un enfant si les parents ne donnent pas leur accord.

Des groupes de défense des droits LGBTQ+ ont dénoncé vivement ces changements, qu'ils voient comme une attaque envers les jeunes trans et non binaires.

Blaine Higgs ignore le groupe pour les droits LGBTQ+

De l’autre côté de la rue, une centaine de personnes défendant les droits de la communauté LGBTQ+ et les politiques scolaires visant à les protéger ont organisé une contre-manifestation.

Près de 300 personnes qui réclament l'abolition de l'enseignement de l'identité de genre dans les écoles ont manifesté à Fredericton devant l'Assemblée législative. Une centaine d'opposants à cette manifestation était présente de l'autre côté de la rue. Les deux groupes étaient séparés par des policiers.

J'ai demandé à [Blaine Higgs] s'il allait venir de ce côté-ci pour prendre des selfies avec les gens d'ici, a déclaré Jeanne Currie, une des contre-manifestantes. Je pense qu'en tant que premier ministre, il devrait être ici aussi. Ces gens demandent simplement à être en sécurité dans les écoles. Ils demandent simplement à vivre leur vie comme ils le souhaitent, et personne ne devrait leur retirer cela.

Des contre-manifestants en faveur des droits de la communauté LGBTQ+ étaient présents à Fredericton.

Des contre-manifestants en faveur des droits de la communauté LGBTQ+ étaient présents à Fredericton.

Photo : Radio-Canada / Alix Villeneuve

Mais Blaine Higgs a quitté la pelouse de l'Assemblé législative sans traverser la rue pour rencontrer les contre-manifestants.

Cette situation concerne les parents et le rôle que jouent les parents auprès de leurs enfants, et ce n'est évidemment pas la position adoptée par les autres, a déclaré le premier ministre.

Des heurts éclatent à Charlottetown

Une manifestation a également eu lieu dans la capitale de l'Île-du-Prince-Édouard, où des centaines de personnes ont marché dans les rues en scandant des slogans comme ne touchez pas à nos enfants et protégez les droits des parents.

Une altercation.

Altercation lors d'une manifestation contre «l'idéologie de genre» à Charlottetown.

Photo : Radio-Canada

Des heurts ont éclaté dans la foule. Les journalistes de CBC ont été témoins d'au moins quatre incidents violents.

À un moment, une personne a été projetée sur le trottoir avant d'être encerclée et protégée par des personnes tenant ou portant des symboles arc-en-ciel.

Une manifestation à Charlottetown le 20 septembre 2023.

À Charlottetown, des manifestants avec des drapeaux arc-en-ciel défendent les droits de la communauté LGBTQ+, en marge d'une manifestation de groupes qui dénoncent ce qu'ils appellent « l'idéologie de genre ».

Photo : Ken Linton/CBC

1200 manifestants à Halifax, Tim Houston appelle à la tolérance

À Halifax, environ 1200 personnes – divisées en deux groupes –ont marché dans les rues de la ville lors de manifestations parfois tendues.

Selon la police d'Halifax, un adolescent de 16 ans a été arrêté et est accusé d'agression avec une arme.

Une main tenant une affiche sur laquelle il est écrit: "Laissez nos enfants tranquilles".

Des gens qui réclament l'abolition de l'enseignement de l'identité de genre et des enjeux LGBTQ+ dans les écoles

Photo : Radio-Canada / Robert Short

Pendant que Blaine Higgs allait à la rencontre des manifestants qui ciblent les droits de la communauté LGBTQ+, le premier ministre de la Nouvelle-Écosse Tim Houston lance un tout autre message.

Peu importe qui vous êtes, qui vous aimez ou comment vous vous identifiez, les Néo-Écossais méritent de ne pas vivre dans la peur et l'intimidation. Notre gouvernement appuie la communauté LGBTQ+ et la création de communautés sécuritaires et inclusives dans la province, a écrit Tim Houston, sur la plateforme X, anciennement Twitter.

Deux policiers devant une foule de contre-manifestants tenant toutes sortes d'affiches.

La manifestation a rassemblé environ 1200 personnes à Halifax, un jeune de 16 ans a été arrêté et fait face à des accusations d'agression armée, de méfait et de troubles à la propriété.

Photo : Radio-Canada / Robert Short

Qui est derrière ces manifestations?

Le mouvement derrière la marche 1 Million March 4 Children s’oppose entre autres à certaines politiques scolaires sur l’identité de genre et sur des aspects de l’éducation sexuelle à l’école.

L’événement est appuyé par des groupes de droite qui se sont opposé aux mesures sanitaires pendant la COVID-19 et par des militants derrière le groupe Hands Off our Kids.

C'est une coalition assez récente de différents groupes. Des groupes d'extrême droite, des groupes d'intégriste religieux, autant chrétiens que musulmans, explique Martin Geoffroy, sociologue et chercheur au Centre sur les intégrismes religieux, les idéologies politiques et la radicalisation.

Le sociologue Martin Geoffroy explique qui sont les personnes et les groupes derrière ces manifestations.

Ce sont des groupes qui n'ont pas grand chose en commun, mais la haine de l'homosexualité, qu'ils appellent des déviances sexuelles, les unit, ajoute-t-il.

Selon lui, ces groupes réclament que la théorie de genre ne soit plus enseignée dans les écoles. Pourtant, la théorie de genre est enseignée seulement à l'université. À l'école, ce qu'on apprend c'est la tolérance.

Avec des informations d’Alix Villeneuve, de Karine Godin et de Jacques Poitras, de CBC

Catherine Allard
Catherine Allard
Nadia Gaudreau
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