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Identité de genre : manifestants et contre-manifestants s’opposent à Ottawa
La contre-manifestation en soutien à la communauté 2SLGBTQIA+ avait comme objectif de répondre à la manifestation «contre l'idéologie du genre».
Photo : La Presse canadienne / PATRICK DOYLE

Une manifestation « contre l'idéologie du genre » a eu lieu à Ottawa mercredi matin à laquelle a répondu une contre-manifestation en soutien à la communauté 2SLGBTQIA+. Face à face devant la colline du Parlement, ces deux groupes se sont affrontés verbalement, sous la supervision d'une forte présence policière.
La marche intitulée Un million de personnes marchent pour les enfants
(Million Person March for Children
) visait à réunir des participants contre ce qu'ils appellent l'idéologie du genre
dans les écoles du pays.
Ils considèrent que les politiques sur l'identité de genre constituent une violation des droits des enfants et que ça ne devrait pas être aux enseignants de dévoiler aux parents que leur enfant est trans.
On est vraiment pour l’inclusion
, dit une mère prenant part à la manifestation, Hala Dabboussi. Mais il faut laisser l’éducation sexuelle aux parents
, insiste-t-elle.

La marche dit vouloir réunir des participants “contre l'idéologie du genre dans les écoles”.
Photo : Radio-Canada / Rebecca Kwan
Je suis pour la science, pour les mathématiques, pour les matières obligatoires, mais cette éducation spécifiquement, laissez-la pour les parents
, lance cette manifestante.
Un autre manifestant, Mazen Elmassry, abonde dans le même sens.
Je crains pour mes enfants, je me soucie de mes enfants, c'est pourquoi je suis ici aujourd'hui
, laisse-t-il entendre. Lorsqu'il s'agit de ce sujet, vous voulez imposer une idéologie dans l'esprit de nos enfants
, estime M. Elmassry.
Selon lui, les enfants qui n’ont pas atteint la majorité n’ont pas le cerveau assez développé pour prendre de grandes décisions
, ajoute-t-il en faisant allusion à un changement de sexe.

Manifestants et contre-manifestants étaient nombreux sur la colline du Parlement, à Ottawa.
Photo : Radio-Canada / Rebecca Kwan
La manifestation a réuni de nombreuses personnes sur la colline du Parlement, à Ottawa. De tels regroupements ont eu lieu à travers l’ensemble du pays.
Ces manifestations sont liées à certaines politiques au pays, notamment au Nouveau-Brunswick (nouvelle fenêtre) et en Saskatchewan (nouvelle fenêtre), qui exigent dorénavant que les jeunes obtiennent le consentement de leurs parents avant que les enseignants puissent utiliser leurs prénoms et pronoms préférés à l'école.

Contre-manifestation à Ottawa
À Ottawa comme ailleurs au Canada, ces rassemblements se sont heurtés à des contre-manifestants. Au moins 63 contre-manifestations nommées No Space for Hate
(Pas de place pour la haine) ont été organisées à travers le pays.
Leurs organisateurs souhaitaient que la population se montre solidaire avec les personnes LGBTQ+ qui, selon eux, font de plus en plus l'objet de haine et de débats politiques.
Présente à la contre-manifestation, la présidente de la Fédération canadienne des enseignantes et des enseignants, Heidi Yetman, se sent d'ailleurs très interpellée par le débat.
C’est avec l’éducation qu’on va combattre la haine.
Dans les écoles, il faut parler de genre, il faut parler avec les élèves
, soutient-elle. Sans éducation on ne comprend pas, et quand on ne comprend pas on voit la haine, la peur.

La présidente de la Fédération canadienne des enseignantes et des enseignants, Heidi Yetman
Photo : Radio-Canada / Rebecca Kwan
Mme Yetman rappelle que c'est à l’école qu’on apprend l’amour, comment vivre ensemble
.
C’est super important pour les élèves trans, LGBTQ+, de se sentir en sécurité dans leurs écoles
, poursuit-elle.

Un père de trois jeunes enfants, présent à la contre-manifestation, George Soule.
Photo : Radio-Canada / Rebecca Kwan
Pour certains enfants, le seul endroit où ils se sentent en sécurité est l'école
, témoigne un père de trois jeunes enfants présent à la contre-manifestation, George Soule.
Ce dernier est outré de voir que certains souhaitent supprimer l'éducation
, qui selon lui permet aux jeunes de développer leur ouverture d’esprit.
Il n'y a pas de place pour l'homophobie, la transphobie et la haine dans la société.
George Soule plaide pour le maintien d’espaces sûrs
dans les écoles pour que les enfants puissent se sentir eux-mêmes
.

Des politiciens, dont le chef du Nouveau Parti démocratique, Jagmeet Singh, (ici derrière le drapeau LGBTQ) ont été aperçus dans le cortège à Ottawa.
Photo : Radio-Canada / Rebecca Kwan
Le chef néo-démocrate, Jagmeet Singh, a dirigé un groupe de contre-manifestants sur la rue Wellington et a pris part au rassemblement devant la colline du Parlement.
Le maire d'Ottawa, Mark Sutcliffe, a également apporté son soutien aux contre-manifestants sur le réseau social X. Il a estimé que les manifestations qui ont lieu aujourd'hui [mercredi] ne feront qu'ajouter davantage de douleur aux jeunes qui cherchent notre soutien et notre acceptation
.
Un important dispositif policier a été mis en place pour éviter les heurts entre les deux cortèges. La circulation au centre-ville d’Ottawa a été perturbée en raison de ces deux événements mercredi matin (nouvelle fenêtre).
Jeudi, le Service de police d'Ottawa (SPO) a confirmé sur le réseau social X que cinq personnes ont été arrêtées lors de ces manifestations. Trois de ces arrestations ont eu lieu pour incitation publique à la haine, une pour agression et une pour obstruction à la police, précise le
SPO qui ajoute que des enquêtes sont en cours.Avec les informations de La Presse canadienne