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L’île d’Anticosti à l’UNESCO : « J’en ai des frissons », réagit le chef d’Ekuanitshit
Des communautés innues de la Côte-Nord considèrent l'île d'Anticosti comme leur territoire ancestral.

Le chef de la communauté innue d'Ekuanitshit, en Minganie, Jean-Charles Piétacho. (Photo d'archives)
Photo : Radio-Canada / Marc-Antoine Mageau
« J'en ai des frissons parce qu’on vient de protéger la nature, des humains et surtout l’histoire de 450 millions d’années », a réagi Jean-Charles Piétacho, chef de la communauté innue d’Ekuanitshit, à la suite de l'inscription de l'île d'Anticosti au patrimoine mondial de l'UNESCO (nouvelle fenêtre).
Quand j’ai entendu [la nouvelle], je me suis dit : "On l’a!"
, a poursuivi M. Piétacho, visiblement heureux.
Si l'île d'Anticosti a été choisie, c'est notamment parce qu'on y trouve le témoignage fossile le plus complet de la vie marine de l'époque couvrant 10 millions d'années de l'histoire de la Terre, soit de l'Ordovicien supérieur au Silurien inférieur, il y a 447 à 437 millions d'années
, selon la fiche technique présentée à l' UNESCO.

La chute Vauréal, sur l'île d'Anticosti. (Photo d'archives)
Photo : Radio-Canada
La communauté d'Ekuanitshit, qui est située sur la Côte-Nord, considère l'île d'Anticosti comme faisant partie de son territoire ancestral. L’île a été occupée par nos gens. Les Innus de la région allaient dans des petits canots y chasser et trapper. C'était ça notre façon d'occuper le territoire
, a expliqué M. Piétacho en entrevue à CBC.
Le chef croit que cette consécration fera rayonner la culture innue ici et à l’international
.
[À présent] le monde va savoir qu’il y a une île extraordinaire en face de chez nous. Pour les gens de la région, [ils sauront] que cette île est un trésor millénaire. Ce n’est pas rien!
, a-t-il affirmé.
Réal Tettaut, le chef de Nutashkuan, une autre communauté innue de la Côte-Nord qui considère l’île d’Anticosti comme faisant partie de son territoire ancestral, a réagi par voie de communiqué.
Cette décision de l’ UNESCO va permettre la pérennité d’un travail scientifique de classe mondiale étant donné l’abondance, la diversité et l’état de conservation exceptionnel des fossiles sur l’île. Cela réitère que l’île d’Anticosti est le meilleur laboratoire naturel sur la planète pour étudier les fossiles et les couches sédimentaires de la première extinction de masse de la vie sur Terre
, s’est-il exprimé.

Le chef de la communauté de Nutashkuan, Réal Tettaut. (Photo d'archives)
Photo : Gracieuseté de Réal Tettaut
Dans les dernières années, les communautés innues d'Ekuanitshit et de Nutashkuan ont été très impliquées dans la protection de l'île et dans sa candidature à l'
UNESCO. M. Piétacho a toutefois tenu à souligner l'apport des autres responsables de la région.Le plus beau mouvement, ça a été la concertation entre nos communautés innues, la MRC de Minganie et les maires
, a-t-il affirmé.
Rappelons qu'au cours de la dernière décennie, cette immense île au milieu du fleuve Saint-Laurent, reconnue comme un paradis de la chasse et que les Innus nomment notiskuan (qui signifie Là où l'on chasse les ours
en innu-aimun), a fait l'objet de convoitise et de controverse. Des entreprises pétrolières et gazières ont voulu exploiter ses ressources en hydrocarbures, avec la bénédiction du gouvernement de Pauline Marois de l'époque.
En 2016, le chef Piétacho avait déposé une demande d'injonction permanente (nouvelle fenêtre) dans le but de bloquer les travaux exploratoires de Pétrolia sur l'île d'Anticosti. La communauté innue s'était même dite prête à occuper l'île si elle n'obtenait pas gain de cause devant les tribunaux.
Grâce à cette inscription, l'île d'Anticosti figure maintenant sur la liste croissante des sites du patrimoine mondial au Canada. Dimanche, on annonçait que la région minière de Tr’ondëk-Klondike (nouvelle fenêtre), qui se trouve sur le territoire de la Première Nation Tr’ondëk Hwëch’in, au Yukon, faisait maintenant partie du patrimoine mondial de l’ UNESCO.
Notons que les Mi'kmaq appellent l'île d'Anticosti natigostec, qui veut dire terre avancée
.
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Avec les informations de Simon Nakonechny et La Presse Canadienne