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Un même phénomène météorologique derrière la pluie au Canada et la fumée aux États-Unis

Image satellite GOES-16 GeoColor des incendies prise le mardi 6 juin 2023 à 18 h 40 et fournie par CIRA/NOAA : la fumée des incendies de forêt qui brûlent du Québec, au centre, et de l'Ontario, à gauche, dérive vers le Sud.
Photo : AP

La qualité de l’air dans le nord-est des États-Unis se détériore de manière draconienne depuis mardi en raison des feux de forêt au Québec et en Ontario. Pourtant, dans ces deux provinces canadiennes, les avertissements de smog s’estompent progressivement. Pourquoi?
Pour y voir plus clair, il faut commencer par le commencement : le début de cet épisode d'incendies.
Il y a une semaine, les températures avaient dépassé les 30 °C surtout dans l'est du Canada (Sud de l'Ontario, Québec et provinces maritimes) alors que la sécheresse dominait en raison d'une carence prononcée pour ce qui est des accumulations de pluie durant le mois de mai.
Tous les ingrédients étaient donc en place pour qu’une simple étincelle mette le feu aux poudres
, comme on dit.
Les Maritimes, notamment la Nouvelle-Écosse, ont été les premières touchées par ces feux, mais les incendies commençaient à se propager aussi plus à l’ouest, au Québec.
Un système dépressionnaire a toutefois permis d’atténuer les flammes en Nouvelle-Écosse (nouvelle fenêtre) grâce à une quantité de précipitations très importantes. Mais, entre-temps, un blocage atmosphérique – un phénomène météorologique pendant lequel les conditions se maintiennent durant plusieurs jours, voire des semaines – a fait en sorte que ce système est resté quasi figé au-dessus des Maritimes, exacerbant ainsi le flux de fumée vers le nord-est des États-Unis transporté par les vents qui circulent dans le sens inverse des aiguilles d’une montre. Cela explique pourquoi des vents venant essentiellement du Nord ont poussé la fumée vers les États-Unis.
Par ailleurs, un autre système de dépression apparu au centre de l’océan Atlantique a freiné la progression du système présent au-dessus des Maritimes, ce qui a permis à ce dernier d'avoir le temps de déverser d'importantes quantités de pluie sur les provinces maritimes, mais également sur la Côte-Nord. Sauf qu’un système dépressionnaire n'influence pas juste les précipitations, mais aussi les vents.
Dans l'hémisphère Nord, une dépression voit ses vents tourner dans le sens antihoraire à la périphérie de son centre, alors qu’un anticyclone, qui est généralement responsable du beau temps, voit ses vents aller dans le sens horaire. À noter que les directions sont inversées pour l'hémisphère Sud.
La dépression responsable de la pluie est à ce jour bloquée au-dessus des Maritimes et affecte tout le Québec, avec une pluie qui a permis de soulager la Côte-Nord (nouvelle fenêtre), laquelle a été ravagée par d’importants incendies ces derniers jours. Mais le fait que ce système soit quasi figé dans l'est du Québec a fait en sorte que les vents du Nord n’ont pas changé de direction pendant plusieurs jours.
Résultat : un couloir s’est créé, attirant la fumée générée par les incendies au Québec vers les États-Unis. Le blocage atmosphérique a permis de maintenir la progression des vents vers la frontière sud du Canada.
Il est important de souligner qu’un blocage atmosphérique n'est pas un phénomène rare, mais que son apparition est devenue de plus en plus fréquente ces dernières années.
À titre d'exemple, la chaleur extrême qui a fait suffoquer la Colombie-Britannique en juin 2021 est le résultat, là aussi, d’un blocage atmosphérique. Rappelons que cette année-là, la ville de Lytton avait battu un triste record (nouvelle fenêtre) absolu de chaleur avec 49,6 °C, la température la plus élevée jamais enregistrée au Canada.