1. Accueil
  2. Économie
  3. Industrie pétrolière

Report de Bay du Nord : une décision « sadique », selon un ministre fédéral

Seamus O'Regan.

Seamus O'Regan est le ministre fédéral responsable de Terre-Neuve-et-Labrador. Il est parmi les membres du Cabinet Trudeau qui ont milité pour qu'Ottawa donne son aval au projet Bay du Nord. (Photo d'archives)

Photo : Radio-Canada / Patrick Butler

Patrick Butler
Patrick Butler

La relation entre Equinor, Ottawa et Terre-Neuve-et-Labrador s’est dégradée depuis l’annonce surprise du report du projet pétrolier Bay du Nord.

Le ministre fédéral responsable de la province accuse le géant norvégien de sadisme pour avoir suspendu le projet extracôtier  (nouvelle fenêtre)la semaine où des centaines de cadres et de travailleurs du pétrole étaient réunis à Saint-Jean pour le congrès annuel du secteur énergétique provincial.

Je ne comprends pas du tout le moment qui a été choisi pour en faire l’annonce. Pourquoi en faire l'annonce la journée où tellement de gens s’étaient rassemblés pour célébrer le travail extraordinaire qu’ils font? Pour moi, c’est tout à fait sadique, affirme Seamus O’Regan. Que pensaient-ils faire?

L’annonce a créé une onde de choc dans l’industrie. Sans Bay du Nord, l’avenir du secteur est remis en question. Les investissements globaux dans le pétrole terre-neuvien stagnent depuis des années, selon les données de l'Association canadienne des producteurs pétroliers.

Visiblement, la relation est tendue. Elle est compromise. [...] Comment cela pourrait-il ne pas nuire à la relation?
Une citation de Seamus O'Regan, ministre fédéral du Travail

Radio-Canada a demandé une entrevue à Equinor. Dans un courriel, la porte-parole Alex Collins a expliqué qu'il était important, par respect de nos employés, de nos sous-traitants et de nos partenaires, de faire preuve d'ouverture et de transparence, en particulier lors de décisions difficiles comme celle-ci.

La décision de reporter Bay du Nord a été prise à la suite de processus décisionnels et de révisions internes, tant chez Equinor que chez notre partenaire BP, qui étaient totalement indépendants de la date du congrès.

Schéma d'un pétrolier sur la mer.

La société norvégienne Equinor a suspendu son projet de navire de production Bay du Nord, qui serait situé à 500 km à l'est de Terre-Neuve et qui puiserait à une profondeur de 1200 m.

Photo : Equinor

Mercredi, la société énergétique a annoncé par communiqué que Bay du Nord était reporté pour une période pouvant aller jusqu'à trois ans. Son directeur responsable des activités canadiennes, Tore Loseth, a expliqué jeudi que l’entreprise avait pris cette décision en raison de pressions inflationnistes (nouvelle fenêtre).

Le projet a connu des augmentations de coûts considérables dans de nombreux aspects du développement, a indiqué Tore Loseth dans un discours jeudi. Il a ajouté qu’il faut réévaluer le projet, mais qu’il y a encore de très bonnes chances qu'il soit réalisé.

Déception chez Furey

Plus tôt pendant la mêlée de presse, le premier ministre de Terre-Neuve-et-Labrador, Andrew Furey, avait martelé que les pétrolières ne seraient pas capables d’utiliser la volatilité des marchés pour exercer des pressions sur son gouvernement. Il avait toutefois indiqué avoir une bonne relation avec Equinor.

Pourtant, après les commentaires de Seamus O’Regan, il a changé de refrain.

Je suis déçu du comportement d’Equinor, surtout par rapport au moment qu’elle a choisi pour annoncer le report du projet, a-t-il déclaré.

Andrew Furey prononce un discours.

Andrew Furey, le premier ministre de Terre-Neuve-et-Labrador, prononce un discours au congrès annuel d'Energy NL, jeudi, à Saint-Jean.

Photo : Radio-Canada / Patrick Butler

J’ai parlé à Equinor le matin de l'annonce, une heure avant que ça devienne public, affirme le premier ministre. J'ai dit qu’une telle décision, pendant le congrès d’Energy NL, allait nuire à la relation.

Bay du Nord pourrait générer 1 milliard de barils de pétrole, des milliards de dollars en redevances pour la province et des milliers d’emplois.

Ce serait le cinquième projet pétrolier au large de Terre-Neuve.

Le champ pétrolifère se situe à 500 km à l’est de Saint-Jean, à 1200 m de profondeur. Equinor affirme que Bay du Nord serait le projet le moins polluant de l'histoire de l'industrie pétrolière canadienne.

Patrick Butler
Patrick Butler

À la une