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Le casseau de fraises du Québec réduit à 750 ml arrive en épicerie

Deux casseaux de fraises.

Un casseau de fraises du Québec réduit à 750 ml remplacera le traditionnel panier de 1 litre dans certaines épiceries.

Photo : Radio-Canada

Daniel Blanchette Pelletier

L’arrivée des fraises du Québec en épicerie vous surprendra peut-être cette année. Certains détaillants ont remplacé le traditionnel panier de 1 litre par un format réduit à 750 ml. Un autre exemple de l’ampleur que prend la réduflation à l'épicerie, même dans les allées des produits frais.

La décision d’introduire ce nouveau format, annoncée cet hiver par l’Association des producteurs de fraises et framboises du Québec, a été prise pour maintenir un prix de vente abordable pour les consommateurs.

Le 750 ml va nous permettre d'afficher un prix plus intéressant, estime le producteur de fraises Guy Pouliot, qui parle aussi au nom de son association.

Les consommateurs auront ainsi le choix entre ce format réduit, mais vendu au prix du litre l’an dernier (voire plus cher), un casseau deux fois plus gros (1,5 l) ou encore un format familial de 2 ou 3 livres, selon les endroits.

Le litre ne disparaît pas pour autant du marché. Il reste une panoplie de formats et le 750 ml n’est qu’un ajout dans notre gamme d’outils.
Une citation de Guy Pouliot, Association des producteurs de fraises et framboises du Québec

Le choix aux consommateurs

La décision appartient aux détaillants de déterminer quels formats ils offrent à leurs clients.

Métro, Super C et IGA ont, par exemple, décidé d’opter pour le format de 750 ml, alors que Maxi et Provigo comptent plutôt maintenir le casseau de 1 litre. Walmart continuera la mise en marché de son contenant de 454 grammes, alors qu’Adonis n’avait pas encore pris de décision au moment de publier.

Ensemble, les épiceries vendent jusqu’à 95 % de la production de fraises du Québec. Tous les formats seront, par ailleurs, disponibles directement chez les producteurs et dans les marchés publics de la province.

Le nouveau format de détail de 750 ml pour les fraises du Québec arrive sur les tablettes alors que l’inflation alimentaire a atteint des sommets cette année.

La réalité, c’est que les fraises, si elles sont rendues dispendieuses, j’aime peut-être avoir accès à un format que je trouve encore raisonnable de me payer, tempère Maurice Doyon, professeur au Département d’économie agroalimentaire et des sciences de la consommation à l’Université Laval.

L’Association des producteurs de fraises et framboises du Québec estime aussi que son nouveau format permettra de répondre aux besoins des personnes seules et de prévenir le gaspillage.

Mais à quel prix?

Il est toutefois difficile de savoir exactement à quel prix se vendront les fraises cette année.

D’une année à l’autre, le prix n’est pas le même. Ça bouge, indique l’agroéconomiste Maurice Doyon, citant l’offre et la demande. C’est plus cher en début de saison, et moins cher vers la fin. Les fraises du Québec sont habituellement disponibles dès le début du mois de juin et jusqu’en octobre.

Dame Nature a aussi son mot à dire (nouvelle fenêtre), rappelle le producteur Guy Pouliot.

S’il fait frais, j’ai moins de fruits, moins d'offre, et le prix augmente, indique-t-il. S’il fait très beau, c’est l’inverse, il y a trop de fraises et elles finissent par être vendues quasiment à perte.

Dans tous les cas, Guy Pouliot espère assurément vendre ses fraises plus cher cette année.

On va essayer de vendre plus cher parce que tout nous coûte plus cher, explique-t-il, citant notamment la hausse du salaire minimum parmi toutes ses dépenses.

Il me faut des employés. Et ils me coûtent tous 1 $ de plus que l’an passé, poursuit-il. Et là, je ne parle pas de l’essence, du plastique, des plants et des engrais, qui ont tous aussi augmenté.

Il est illusoire de croire que les fruits vont se vendre au même prix qu’en 1972. Il faut que ça augmente, parce que le coût de la vie augmente.
Une citation de Guy Pouliot, Association des producteurs de fraises et framboises du Québec

Les vendeurs comme les transformateurs de produits alimentaires essaient de minimiser l'impact sur les consommateurs, reprend Maurice Doyon. Et une des manières de faire, c’est de réduire les quantités.

En règle générale, les exemples de réduflation se limitent aux produits transformés, où il est plus simple de réduire les formats. Les produits frais, eux, que ce soit les fruits et légumes ou encore les viandes, se vendent la plupart du temps à l’unité ou au poids.

À défaut d’aller jusqu’à vendre la moitié d’un chou-fleur ou d’un céleri, leur prix augmente jusqu’à ce que le jeu de l’offre et la demande finisse par les rééquilibrer.

Selon l’agroéconomiste Maurice Doyon, la seule façon de procéder à de la réduflation avec les produits frais est lorsqu’ils se vendent dans un emballage, comme c’est le cas pour les fraises.

Un format qui divise

Certains producteurs auraient préféré s'en tenir au format de 1 litre, mais qu’il se vende plus cher, tout simplement.

Sauf que, pour le producteur Guy Pouliot, la décision d’acheter un panier de fraises à l’épicerie se prend en une fraction de seconde chez le consommateur, et c’est le prix qui compte.

Selon lui, l’abondance de choix à l’épicerie nuit aussi à son industrie.

Plus le prix sera élevé, moins il se vendra de fraises. Parce qu’à côté, tu peux acheter des bleuets, des kiwis ou des bananes. C’est de la compétition, résume-t-il.

Un point de vue que partage aussi Maurice Doyon.

Le prix des fraises américaines vient influencer grandement le prix de nos fraises, indique-t-il. Il faut qu’elles demeurent compétitives.

La capacité de s’approvisionner à l’étranger pour les bannières est très grande à l’année longue. Elles pourraient ne jamais vendre de fraises du Québec et très bien s’en sortir.
Une citation de Maurice Doyon, Université Laval

Je pense qu’on accepte que les fraises du Québec soient légèrement plus chères que les fraises américaines, à cause de l'achat local et parce que le goût n’est pas le même, reprend-il, en affirmant qu’elles sont meilleures.

Le producteur Guy Pouliot dénonce cette concurrence avec l’étranger comme étant un deux poids, deux mesures.

Au Québec, on a des normes environnementales et sociales parmi les plus exigeantes, indique-t-il, loin de la réalité des États-Unis ou du Mexique, par exemple.

Ici, on produit selon les conditions qu’on nous impose, mais on laisse rentrer des produits d’ailleurs sans vérifier sous quelles conditions sociales et environnementales ça a été fait. Et on nous demande de compétitionner avec ça.
Une citation de Guy Pouliot, Association des producteurs de fraises et framboises du Québec

On fait une fixation sur le contenant de 750 ml, mais en réalité, le problème, c‘est pourquoi on est rendu là. Nos coûts de production augmentent et on laisse rentrer l’étranger sans même vérifier comment c’est fait là-bas, conclut le producteur.

Reste à voir si les amateurs de fraises du Québec seront au rendez-vous (nouvelle fenêtre).

Daniel Blanchette Pelletier

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