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Ingérence : David Johnston veut finir son mandat malgré la motion demandant son retrait

Portrait de M. Johnston.

Le rapporteur spécial David Johnston

Photo : La Presse canadienne / Sean Kilpatrick

RCI

Une majorité de députés de la Chambre des communes à Ottawa ont voté en faveur du retrait du rapporteur spécial sur l'ingérence étrangère, David Johnston. Ce dernier a toutefois affirmé qu'il envisage de poursuivre son travail « jusqu'à la fin » de son mandat.

La motion, qui est non contraignante, a été soumise mardi par le Nouveau Parti démocratique (NPD) et a été adoptée mercredi avec 174 voix favorables contre 150. Elle a notamment été appuyée par tous les partis de l’opposition, alors que les libéraux, qui défendent le travail de M. Johnston, ont, sans surprise, voté contre.

D'importantes questions ont été soulevées à l'égard du processus du rapporteur spécial, de la conseillère juridique qu'il a engagée pour l'aider dans son travail, de ses constatations et de ses conclusions, peut-on lire dans le texte de la motion.

On y réclame encore une fois le déclenchement d'une enquête publique et indépendante sur les allégations d'ingérence étrangère, comme souhaité par l'ensemble des partis d'opposition.

Dans son rapport préliminaire présenté la semaine dernière (nouvelle fenêtre), M. Johnston a tranché en défaveur d'une telle enquête. (nouvelle fenêtre)

Dans une déclaration envoyée à Radio-Canada après le vote, le rapporteur spécial dit « respecter profondément » le droit de la Chambre de « s'exprimer » sur son travail. Il affirme toutefois que son mandat émane du gouvernement. J'ai le devoir de poursuivre ce travail jusqu'à la fin de mon mandat, ajoute-t-il.

Lorsque j'ai accepté le mandat de rapporteur spécial indépendant, je l'ai fait en pleine connaissance du fait que le travail qui m'attendait ne serait ni simple ni sans controverse.
Une citation de David Johnston, rapporteur spécial du Canada sur l'ingérence étrangère

M. Johnston doit encore produire un rapport et des recommandations pour mieux protéger la démocratie canadienne contre l’ingérence étrangère. Il doit aussi tenir des audiences publiques avant l’automne avec des représentants du public, du gouvernement et des experts.

Une « situation extrêmement toxique », selon Trudeau

En avant-midi, le premier ministre Justin Trudeau a rappelé avoir confié au rapporteur spécial la décision de trancher sur la pertinence d'une enquête parce que son gouvernement a entendu très clairement que les partis d'opposition veulent une enquête publique.

M. Trudeau s'en est de nouveau pris aux chefs conservateur et bloquiste, Pierre Poilievre et Yves-François Blanchet, en raison de leur refus de prendre connaissance d'informations délicates qui sous-tendent les conclusions du rapporteur spécial.

Justin Trudeau.

Le premier ministre Justin Trudeau

Photo : La Presse canadienne / Sean Kilpatrick

Ce qu'on est en train de voir, c'est que particulièrement l'approche que choisit M. Poilievre et, à un certain niveau, M. Blanchet rend la situation extrêmement toxique et la rendrait telle, quelle que soit la personne qu'on choisirait [à la place de M. Johnston], a soutenu M. Trudeau.

Ce qui est toxique, c'est de cacher de l'information que l'appareil média pourrait transmettre au public parce que le public et les électeurs ont besoin d'information pour faire un vote éclairé lorsque arrive l'élection.
Une citation de Yves-François Blanchet, chef bloquiste

MM. Blanchet et Poilievre refusent de consulter une annexe confidentielle du rapport Johnston puisqu'ils estiment que cela les réduirait au silence en raison des exigences de la cote de sécurité dite « très secrète » dont ils devraient se doter.

Néanmoins, un député bloquiste et trois élus conservateurs la liront puisqu'ils sont membres du Comité des parlementaires sur la sécurité nationale et le renseignement (CPSNR) qui passera en revue le travail du rapporteur spécial.

La position néo-démocrate

Le chef du NPD, Jagmeet Singh, a quant à lui accepté de se doter de la cote de sécurité et de prendre connaissance des informations ayant trait à la sécurité nationale.

En ce qui concerne M. Johnston, le chef néo-démocrate estime que « l'apparence de biais » visant ce dernier est « si élevée que cela érode le travail » qu'il est chargé de conclure d'ici à octobre.

Il a affirmé avoir été convaincu d'un besoin de retrait de l'ex-gouverneur général « particulièrement » par des révélations voulant que l'avocate Sheila Block, qui a épaulé M. Johnston jusqu'à présent, ait donné 7593 $ au Parti libéral du Canada entre 2003 et 2022.

Quoi qu'il en soit, il se dit résolu à tenter de convaincre les libéraux, avec lesquels son parti a une alliance, de changer leur fusil d'épaule dans cette affaire.

Or, de nombreux ministres ont insisté pour dire qu'Ottawa est tourné vers les recommandations de M. Johnston.

Le rapport contient des recommandations et notre rôle, nous, c'est d'aller de l'avant avec [celles-ci], a par exemple dit le ministre de l'Innovation, François-Philippe Champagne.

Il a assuré que le gouvernement prend acte de chaque motion adoptée par le Parlement, mentionnant qu'il y en a à peu près tous les jours.

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