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[Reportage] Have you eaten yet? : les restaurants chinois sous la plume de Cheuk Kwan

Il sourit dans une rue de Montréal.

Cheuk Kwan est l’auteur de « Have you eaten yet? »

Photo : Radio-Canada / Cedric Sam

Yan Liang

Le cinéaste, écrivain et activiste canadien d’origine chinoise Cheuk Kwan a passé quatre ans à visiter des restaurants chinois dans une dizaine de pays. En 2005, il a réalisé Chinese Restaurants, une série documentaire en 15 épisodes.

L'année dernière, il a publié un livre en anglais sur cette expérience, Have You Eaten Yet? [As-tu mangé?, traduction libre], aux éditions Pegasus Books. Il a également signé un contrat avec un éditeur taïwanais pour sa version chinoise.

La couverture du livre avec le titre écrit en rouge.Agrandir l’image (nouvelle fenêtre)

En 2022, Cheuk Kwan a publié « Have You Eaten Yet? »

Photo : Radio-Canada / US Edition From Simon & Schuster

Le livre a été bien accueilli par les critiques. Certains y trouvent une réflexion profonde sur l'identité, l'appartenance et la famille.

Il y a des restaurants chinois partout où vivent les Chinois

Lors d’une entrevue accordée à Radio Canada International (RCI), Cheuk Kwan dit qu’il éprouve beaucoup d'empathie pour les expatriés chinois en raison de sa propre expérience. Il voulait faire un documentaire sur eux, qui raconte l’histoire des Chinois qui vivent dans différentes régions du monde. Le restaurant chinois est un angle idéal pour les présenter aux spectateurs.

On peut dire que les restaurants chinois existent partout où vivent les Chinois. C’est un symbole de l'adaptation et de la résilience des Chinois.
Une citation de Cheuk Kwan, cinéaste

Pendant quatre ans, il a voyagé au Canada, à Trinidad, à Madagascar, à Cuba, en Argentine, en Turquie et en Israël pour visiter une dizaine de restaurants chinois. Son documentaire et son livre décrivent le parcours long et difficile de leurs propriétaires, qui ont quitté leur pays natal afin d’échapper à la guerre ou au tumulte politique, puis se sont efforcés de prendre racine et de s’épanouir à nouveau dans un pays inconnu.

Au Canada, presque chaque municipalité a un restaurant chinois ou un café tenu par des immigrants d’origine chinoise. Et RCI a interviewé beaucoup de descendants d’immigrants chinois qui ont une histoire personnelle liée au restaurant.

Un symbole de la capacité d’adaptation et de résilience

Cheuk Kwan explique qu'il a verbalisé ses réflexions et ses expériences vécues pendant le tournage de Chinese Restaurants dans son ouvrage Have you eaten yet? Il affirme que l’écriture et le documentaire sont deux formats tout à fait différents et que la caméra n’est pas capable de rendre certains détails de l’histoire et de la culture.

À la suggestion de son éditeur, il a ajouté son expérience personnelle et celle de son caméraman Kwoi dans le livre, pour apporter une dimension plus émotionnelle. Au cours des 18 ans depuis la sortie de sa série documentaire, il a acquis plus d’expériences et de connaissances qu’il a l’intention de partager avec ses lecteurs.

Je vois le courage, la survie et l'espoir chez ces gens-là.
Une citation de Cheuk Kwan, cinéaste

Il estime que pour les immigrants chinois entravés par la barrière de la langue et la discrimination, la restauration a été pendant longtemps un bon gagne-pain, qui exigeait peu au début et qui leur permettait de faire venir des membres de famille et de les soutenir.

Selon lui, les restaurateurs chinois du monde entier font tous preuve d’une excellente capacité d’adaptation et d’une grande résilience. Ils sont capables de trouver rapidement des combinaisons de saveurs des cuisines chinoise et locale, et d’endurer la solitude et des souffrances inimaginables.

Tous prêts à faire des sacrifices pour la prochaine génération, ils attachent une très grande importance à l'éducation de leurs enfants et espèrent les préparer aux professions de médecin, d’avocat ou d’universitaire.

Né à Hong Kong, Cheuk Kwan a grandi à Singapour, à Hong Kong et au Japon. Il a également vécu aux États-Unis et en Arabie saoudite avant d'immigrer au Canada. Il parle anglais, japonais, français, cantonais et mandarin.

En 1978, il a fondé en collaboration avec d’autres The Asianadian, le premier magazine sur les arts, la culture et la politique des Canadiens d'origine asiatique.

Il est également l'un des fondateurs du Chinese Canadian National Council.

Le quatrième épisode de sa série documentaire Chinese Restaurants a remporté le prix spécial du jury du 24e San Francisco International Asian American Film Festival.

Le racisme et l’ingérence chinoise

Cette année, la communauté chinoise organise différentes activités pour souligner le centenaire de l'adoption de la Loi de l’immigration chinoise, aussi connue sous le nom de loi sur l’exclusion des Chinois, qui a été en vigueur de 1923 à 1947. Au même moment, un comité parlementaire est en train d’enquêter sur l'ingérence de la Chine lors des élections canadiennes, et le gouvernement vient tout juste de terminer les consultations publiques sur la création d'un registre des agents étrangers.

Cheuk Kwan souhaite mettre en garde par rapport à la comparaison entre le registre des agents étrangers et la loi sur l’exclusion des Chinois, la jugeant très absurde. Selon lui, le Canada est capable de tirer des leçons sur la discrimination du passé tout en luttant contre l’ingérence étrangère.

Nous sommes responsables de défendre les intérêts cruciaux de la société canadienne, soit la démocratie et la liberté, conclut-il.

Note : ce reportage est également disponible en chinois traditionnel et en chinois simplifié et a été traduit en français par Wei Wu.

Yan Liang

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