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Réchauffement « plutôt alarmant » des eaux autour de la Nouvelle-Écosse

Carte géographique des Maritimes indiquant les variations de température des eaux.

Les scientifiques ont mesuré de nouveaux records de température des eaux de l'océan Atlantique autour de la Nouvelle-Écosse.

Photo : Pêches et Océans Canada

RCI

La température des eaux de l’océan Atlantique bordant la Nouvelle-Écosse a atteint de nouveaux records l’été dernier.

C’est plutôt alarmant, affirme une scientifique du ministère des Pêches et des Océans, Chantelle Layton.

Elle fait partie d’une équipe de chercheurs du ministère qui étudie les données recueillies dans le cadre d’un programme de surveillance des eaux de la région. Les scientifiques discutent cette semaine des données de 2022.

Chantelle Layton.

Chantelle Layton est océanographe physicienne au ministère des Pêches et des Océans du Canada.

Photo : Radio-Canada / Paul Withers

Les scientifiques mesurent la température des eaux à diverses profondeurs au-dessus du plateau néo-écossais, du détroit de Cabot jusqu’au banc Georges, ainsi que dans la baie de Fundy. Ils ont noté de nouveaux records dans 9 lieux sur 20 en 2022.

Les températures surpassaient de 1 à 2 degrés Celsius la moyenne des 30 dernières années.

Aux plus grandes profondeurs, la moyenne des températures de Halifax à Yarmouth était de 6 à 7 degrés Celsius. Dans la baie de Fundy, elle était d’environ 8 degrés.

Disparition d’une couche d’eau froide intermédiaire

Le changement mesuré en profondeur était le plus considérable, selon Mme Layton.

Le plus important, c’était l’ampleur du réchauffement que nous avons constamment observé durant l’année, par nos mesures, et l’absence d’eau plus froide en mi-profondeur, explique-t-elle.

Cette couche d’eau plus froide intermédiaire est définie comme ayant une température de 4 degrés Celsius ou moins. Ces eaux situées entre celles moins denses et chaudes de la surface et celles du fond marin jouent un rôle dans le mélange des éléments nutritifs et la productivité de l’écosystème.

Les scientifiques n’ont pris aucune mesure au-dessus de certaines parties du plateau néo-écossais, mais partout où ils l’ont fait, la couche intermédiaire d’eau froide était plus chaude que d'habitude.

C’était une première pour nous, affirme Chantelle Layton. Il y avait des eaux froides, mais leur température était supérieure à la normale d’environ 1 degré.

Les données de 2012 ne sont plus décisives

Bien des intervenants considèrent 2012 comme l’année d’une prise de conscience du réchauffement des eaux de l’océan à l’est du Canada. Leur température était supérieure à la normale de 2 à 4 degrés Celsius.

Toujours en 2012, l’Administration océanique et atmosphérique nationale des États-Unis, la National Oceanic and Atmospheric Administration, a indiqué que la température des eaux de surface au-dessus du plateau du nord-est était en moyenne de 14 degrés Celsius. C’était la moyenne la plus élevée des 150 années précédentes.

Selon Chantelle Layton, 2022 est une autre année où il faut réfléchir à ce qui se passe dans l’océan.

Si nous comparons nos résultats à ceux de 2012, l’année 2012 ne détient plus de records de température, souligne-t-elle.

Des conséquences sur la pêche

L’industrie du crabe des neiges et de la crevette a aussi détecté des températures plus chaudes en 2022, selon la pêcheuse chevronnée Ginny Boudreau. Elle attribue à ce réchauffement les faibles prises de crabes des neiges sur le plateau néo-écossais au sud d’Halifax dans le secteur 4X.

C’était difficile pour les pêcheurs, particulièrement parce que le crabe est sensible aux températures. Les pêcheurs doivent aller plus loin. Les coûts du carburant augmentent. Il faut faire plus de sorties pour capturer son quota, explique Mme Boudreau.

Ginny Boudreau donne une entrevue.

Ginny Boudreau fait partie de l’Association des pêcheurs côtiers du comté de Guysborough, en Nouvelle-Écosse.

Photo : Radio-Canada / Robert Guertin

Le réchauffement des eaux a aussi mené à une baisse de 25 % du quota de crevettes nordiques en 2023 dans l’est du plateau néo-écossais, selon elle.

Les pêcheurs de crevettes Billy Bond et Ken Snow, de la région de Canso, sont tous deux convaincus des effets du changement climatique.

Nos captures du moment où nous avons commencé, il y a des années, jusqu’à présent ont pas mal diminué, affirme Billy Bond.

Certaines personnes affirment que le réchauffement climatique est une fausse nouvelle, mais ce n’est pas le cas. Le niveau des eaux monte. Nous le voyons à nos quais, souligne Ken Snow.

Les deux pêcheurs interviewés dans une salle de réunion.

Billy Bond et Ken Snow, de Canso, en Nouvelle-Écosse, pêchent la crevette et sont convaincus des effets du réchauffement climatique.

Photo : Radio-Canada / Robert Guertin

Certains de nos quais les plus anciens demeuraient autrefois au-dessus des eaux durant les tempêtes. Maintenant, ils sont submergés durant les tempêtes et les ondes de tempête. Ils n’ont pas baissé; ce sont les eaux qui montent, conclut Ken Snow.

D'après un reportage de Paul Withers, de CBC

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