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McKinsey : le fédéral a constaté des irrégularités dans les contrats
Ottawa affirme que l'examen préliminaire n'a, en revanche, démontré aucune interférence politique.
La présidente du Conseil du Trésor, Mona Fortier.
Photo : La Presse canadienne / Adrian Wyld

L'examen préliminaire des contrats octroyés par le gouvernement fédéral à la firme McKinsey révèle plusieurs irrégularités. Par exemple, des contrats ont été faussement déclarés comme issus de processus compétitifs, alors qu'ils ne l'étaient pas. Le Bureau du Conseil privé, celui du premier ministre Justin Trudeau, fait aussi l'objet de reproches.
C'est le Secrétariat du Conseil du Trésor (SCT), présidé par Mona Fortier, qui a rendu publics ces constats préliminaires vendredi matin. Un rapport final sera produit d’ici le 30 juin 2023.
Il y a des indications que certaines procédures et exigences administratives n’ont pas été suivies de manière cohérente.
Cette annonce survient alors que tous les regards des médias sont tournés ailleurs avec la visite du président des États-Unis, Joe Biden, au Canada et l'annonce de la fermeture, dès ce soir, du chemin Roxham.

Les vérificateurs tapent sur les doigts de plusieurs ministères
Les vérificateurs internes des ministères, qui sont indépendants, ont découvert qu'il manquait des signatures ou des documents essentiels dans plusieurs attributions. Par exemple, au ministère des Anciens combattants, un contrat avec McKinsey a été prolongé verbalement.
La Défense nationale a parfois payé McKinsey avant que les services soient rendus et les risques de conflits d'intérêts n'ont pas été assez encadrés, alors qu'on a constaté que des réservistes travaillaient pour la firme.

Le cabinet-conseil McKinsey a obtenu des dizaines de millions de dollars de la part du gouvernement fédéral canadien au cours des dernières années.
Photo : AFP / Fabrice Coffrini
À l'Agence des services frontaliers du Canada (ASFC), des preuves ont été trouvées que, pour deux contrats, McKinsey était envisagée par la direction avant la publication de la demande de proposition
.
Cela soulève des questions quant à l'équité et à l'ouverture globales des processus, car il pourrait être perçu que les offres de McKinsey aient été favorisées par l'ASFC.
Par ailleurs, toujours à l'aucun document n'était disponible pour montrer clairement que toutes les cotes de sécurité avaient été obtenues avant le début des travaux ou que les personnes responsables de la surveillance du contrat surveillaient et supervisaient le rendement de l'entrepreneur
.
Pas d'ingérence politique, selon le rapport préliminaire
D’après les observations préliminaires du ces derniers ne révèlent aucune preuve d’ingérence politique et une conformité générale aux engagements en matière de valeurs et d’éthique
.
Des reproches au bureau du premier ministre
L'audit du Bureau du Conseil privé, celui de Justin Trudeau, démontre qu'un contrat octroyé à McKinsey en 2017-2018 n'a été rendu public qu'en 2022-2023, soit cinq ans plus tard, et des documents n'avaient pas été conservés.
Pour ce contrat, d'un montant de 21 900 $, la dirigeante principale de la vérification et de l'évaluation, Claudette Blair, n'a trouvé aucune preuve que le prix avait été validé comme étant juste et raisonnable
.
Le bureau de Justin Trudeau a aussi fait appel aux services de McKinsey.
Photo : La Presse canadienne / Justin Tang
Ce contrat devrait fournir au bureau du premier ministre une analyse des conséquences possibles sur le gouvernement de différentes technologies et tendances perturbatrices
(intelligence artificielle, chaîne de blocs, biométrie, Internet des objets, véhicules autonomes).
Il se peut que le contrat n’ait pas été mis en place avant que le fournisseur ne commence à travailler.
McKinsey a aussi été payé pour tout le montant alors que la vérificatrice a constaté qu’il n’a pas livré tout ce qui était attendu au contrat.
Des correctifs apportés et d'autres enquêtes en cours
À la suite de ces premiers constats, les gestionnaires concernés ont mis en place des plans d’action pour éviter ce genre d'erreurs. Une dizaine de ministères ont fait appel à McKinsey depuis l'arrivée au pouvoir des libéraux pour un montant total au-delà de 100 millions de dollars (nouvelle fenêtre).
Un examen plus approfondi des données de tous ces contrats doit encore être réalisé par le Secrétariat du Conseil du Trésor. Ces différentes dépenses ont fait l'objet de critiques ces derniers mois, car elles sont 30 fois plus importantes que sous le précédent gouvernement conservateur (nouvelle fenêtre).
À noter que l'audit préliminaire sur Services publics et Approvisionnement Canada n'est pas encore terminé.
Quant aux sociétés d'État, aucun audit n'a été rendu public. Des contrats ont aussi été signés avec McKinsey par la Banque de développement du Canada (nouvelle fenêtre) et la Banque d'infrastructure du Canada (nouvelle fenêtre).
Ces examens internes complètent le travail du Bureau du vérificateur général et celui de l’ombudsman de l’approvisionnement, ainsi qu’une étude en cours au sein du Comité permanent des opérations gouvernementales et des prévisions budgétaires.