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Allégations d’ingérence chinoise : le député Han Dong quitte le caucus libéral

Le député de la région de Toronto aurait recommandé à Pékin de reporter la libération des deux Michael, qui ont été détenus en Chine pendant près de trois ans.

Un homme marchant, les yeux baissés.

Le député libéral Han Dong (Photo d'archives)

Photo : Chris Rands/CBC

RCI

Les appels pour une enquête publique et indépendante sur les allégations d’ingérence chinoise dans la politique fédérale ont été relancés mercredi à la suite de nouvelles révélations selon lesquelles un député libéral aurait recommandé à Pékin de reporter la libération des deux Michael, ces Canadiens détenus en Chine pendant près de trois ans.

Ces allégations, qui n’ont pas pu être vérifiées de manière indépendante par Radio-Canada, ont été révélées mercredi par Global News.

Selon Global, Han Dong aurait dit au consul général chinois de Toronto, Han Tao, que la Chine devrait patienter avant de libérer les deux Canadiens Michael Kovrig et Michael Spavor. Ces derniers avaient été arrêtés en décembre 2018 quelques jours après que la directrice financière de Huawei, Meng Wanzhou, eut été elle-même arrêtée au Canada à la demande des autorités américaines.

Selon ce reportage, M. Dong aurait eu une conversation en février 2021 avec Han Tao. Il aurait affirmé que la libération des deux Michael pourrait bénéficier au Parti conservateur du Canada, dont le chef à l’époque, Erin O’Toole, pressait le gouvernement d'adopter une position plus sévère contre la Chine.

Suite à ces allégations, le principal intéressé a décidé de se retirer du caucus libéral pour ne pas interrompre le travail du gouvernement en attendant de pouvoir prouver [son innocence] et de présenter la vérité au Parlement et au peuple canadien, a-t-il expliqué mercredi soir en Chambre.

Les deux Michael ont finalement été libérés en septembre 2021 (nouvelle fenêtre), tandis que Mme Wanzhou rentrait en Chine après que la Cour suprême de Colombie-Britannique eut entériné une entente conclue entre la cadre de Huawei et la justice américaine (nouvelle fenêtre).

Ce sont des allégations extrêmement graves, a réagi sur Twitter le chef du Nouveau Parti démocratique, Jagmeet Singh. Si c'est vrai, la sécurité des Canadiens a été mise en danger à des fins politiques. Le premier ministre [Justin] Trudeau doit retirer Han Dong du caucus et ces allégations doivent faire l'objet d'une enquête approfondie.

Il doit y avoir une enquête publique, a-t-il encore écrit.

Le chef du Parti conservateur du Canada a quant à lui qualifié ces allégations de sérieuses, affirmant qu’elles menacent le coeur de la démocratie canadienne.

Fini les cachotteries, fini les camouflages. Il faut une enquête ouverte, publique et indépendante maintenant, a tweeté Pierre Poilievre. Même son de cloche du côté du Bloc québécois.

Seule une enquête publique fera l’affaire. Point, a de son côté tweeté le sénateur conservateur Leo Housakos, qui avait déposé au Sénat, il y a un an, un projet de loi d'initiative parlementaire visant à établir un registre des agents d'influence étrangers.

Han Dong dément les allégations

Ce n’est pas la première fois que M. Dong fait face à de telles accusations. Fin février, Global News avait rapporté que l’élu libéral aurait été aidé par le consulat chinois lorsqu'il se présentait à l'investiture libérale dans la circonscription de Don Valley-Nord, dans la région de Toronto, en vue des élections de 2019.

Selon Global, le Service canadien du renseignement de sécurité aurait exhorté les cadres supérieurs du Parti libéral à annuler la nomination de M. Dong, mais Justin Trudeau aurait tout de même approuvé sa candidature. Le député a ensuite été réélu en 2021.

L’élu libéral a nié les allégations de Global News, tout en reconnaissant avoir communiqué avec le consul chinois pour exiger la libération immédiate des deux ressortissants canadiens.

À chaque occasion [...], j'ai catégoriquement exigé leur libération sans délai. Toute suggestion contraire est fausse et représente une tentative de vous induire en erreur, vous et vos lecteurs, et de me calomnier, a écrit M. Dong dans un courriel envoyé à Global.

À Pékin, un porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères a nié les allégations d'ingérence dans les affaires canadiennes. « La Chine s'oppose à l'ingérence dans les affaires internes d'autres pays. Nous n'avons aucun intérêt et nous n'allons pas nous ingérer dans les affaires internes du Canada », a souligné Wang Wenbin.

Les partis d'opposition réclament le lancement d’une enquête publique et indépendante sur l’ingérence alléguée de la Chine dans le processus électoral du Canada depuis plusieurs semaines.

Le 15 mars, le premier ministre Justin Trudeau a nommé l'ancien gouverneur général du Canada David Johnston (nouvelle fenêtre) au poste de rapporteur spécial indépendant. Il sera notamment chargé de déterminer si, oui ou non, une commission d'enquête doit être créée pour examiner ces allégations.

Cette nomination divise toutefois les partis d’opposition (nouvelle fenêtre), les chefs du Parti conservateur du Canada, Pierre Poilievre, et du Bloc québécois, Yves-François Blanchet, accusant M. Johnston de proximité avec M. Trudeau.

Avec les informations de La Presse canadienne.

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