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Des villes pressent Ottawa de légiférer contre les PFAS et les microfibres dans l’eau

Un canard nage sur le fleuve Saint-Laurent à Montréal.

Les microfibres et les composés perfluorés (PFAS) menaceraient la santé des êtres humains, des poissons et des animaux en général.

Photo : La Presse canadienne / Paul Chiasson

La Presse canadienne

En cette Journée mondiale de l'eau, l'Alliance des villes des Grands Lacs et du Saint-Laurent unit sa voix à celle de la Ville de Montréal pour demander aux gouvernements du Québec et du Canada de légiférer contre les microfibres et les composés perfluorés (PFAS), qui menaceraient la santé des humains, des poissons et des animaux.

Selon l'organisation à but non lucratif Ocean Wise, établie à Vancouver, une maison moyenne au Canada et aux États-Unis émet 533 millions de microfibres de plastique par an par l'entremise de la lessive à domicile.

Avec le temps, les textiles perdent des fibres synthétiques, et c'est souvent dans les cours d'eau que ces minuscules particules de plastique se retrouvent.

Selon une récente étude d'une équipe de chercheurs de Polytechnique Montréal, jusqu'à 13 tonnes de microplastiques pourraient être détournées du réseau des eaux usées de Montréal en filtrant les eaux rejetées par les laveuses de la métropole.

Dans un communiqué publié lundi, la Ville de Montréal demande aux gouvernements du Québec et du Canada de légiférer afin que les nouvelles machines à laver en vente au Canada soient équipées de filtres qui recueillent les microfibres provenant du lavage.

Cette demande est également formulée par l'Alliance des villes des Grands Lacs et du Saint-Laurent, composée de 230 municipalités.

Dominique Claveau-Mallet, qui faisait partie des chercheurs de l'étude réalisée par Polytechnique, a indiqué à La Presse canadienne que la France et la Californie ont légiféré pour que les fabricants intègrent des filtres aux machines à laver.

Réduire les achats de vêtements neufs constitue également une solution, selon cette professeure adjointe au Département des génies civil, géologique et des mines de Polytechnique.

C'est une question de flux. En achetant un nouveau vêtement, on ajoute de la nouvelle matière dans le flux, et les vêtements neufs relarguent un peu plus de microfibres de plastique que les usagés.

Interdire les substances perfluoroalkyliques et polyfluoroalkyliques

Cette alliance et la Ville de Montréal souhaitent également que soit interdite la vente de produits contenant des composés perfluorés (substances perfluoroalkyliques et polyfluoroalkyliques) au Canada.

L'idée est d'éliminer le problème à la source pour les substances perfluoroalkyliques et polyfluoroalkyliques, ces polluants éternels, a déclaré Maja Vodanovic, mairesse de l'arrondissement de Lachine, membre du comité exécutif de la Ville de Montréal et représentante de Montréal à l'Alliance des villes.

Ne plus en produire, oui, est une chose, mais il faut aussi interdire la vente de produits qui en contiennent sur le sol canadien; rien de moins, a ajouté Maja Vodanovic dans un communiqué.

Les substances perfluoroalkyliques et polyfluoroalkyliques sont un groupe de produits chimiques dont les propriétés peuvent rendre les produits résistants à l'eau, à l'huile ou aux changements de température, ou encore réduire la friction. On les trouve dans une multitude d'objets courants, qu'il s'agisse des instruments de cuisine non adhésifs ou des mousses ignifuges en passant par les tissus résistants aux taches.

Des études menées au cours des dernières années ont associé les substances perfluoroalkyliques et polyfluoroalkyliques à divers problèmes de santé humaine. Les données scientifiques les plus solides portent sur les éléments suivants : risque accru de diminution de la réponse immunitaire, taux de cholestérol élevés chez les enfants et les adultes, problèmes de croissance chez les fœtus et les bambins, cancer du rein chez l'adulte.

Selon Santé Canada, les citoyens sont exposés aux substances perfluoroalkyliques et polyfluoroalkyliques principalement par l'ingestion d'aliments, d'eau potable et de poussière.

Santé Canada propose un seuil de 30 nanogrammes

L'agence de santé fédérale a lancé une consultation publique, qui se terminera le 12 avril et qui propose de fixer un seuil de 30 nanogrammes par litre, pour la somme des concentrations de substances perfluoroalkyliques et polyfluoroalkyliques totales détectées dans l'eau potable.

Au Québec, les échantillons recueillis dans quatre municipalités dépassent le seuil proposé dans la consultation publique de Santé Canada, selon une étude coécrite par Sébastien Sauvé, professeur au Département de chimie de l'Université de Montréal.

Son équipe a analysé l'eau potable de 376 municipalités de la province entre 2018 et 2020 et a conclu que la quasi-totalité des échantillons analysés contenaient des substances perfluoroalkyliques et polyfluoroalkyliques.

Les concentrations de substances perfluoroalkyliques et polyfluoroalkyliques dépassaient 30 nanogrammes par litre à Val-d'Or, en Abitibi-Témiscamingue, à Saint-Donat et à Sainte-Adèle, dans les Laurentides, ainsi qu'à Sainte-Cécile-de-Milton, en Estrie.

Personnellement, avec les informations scientifiques sur les effets reconnus des substances perfluoroalkyliques et polyfluoroalkyliques sur la santé, je pense qu'il faut appliquer le principe de précaution et faire le maximum possible pour diminuer notre exposition à ces substances.
Une citation de Sébastien Sauvé, dans un communiqué publié sur le site de l'Université de Montréal

À la fin du conseil municipal du 20 mars, la Ville de Montréal a publié une déclaration dans laquelle elle indique que compte tenu du principe de précaution en matière de santé, la solution la plus sensée et [la plus] efficace est d'interdire la vente de biens et de produits avec des substances perfluoroalkyliques et polyfluoroalkyliques afin d'éliminer la pollution à la source.

Les citoyens qui souhaitent participer à la consultation publique organisée par Santé Canada au sujet des substances perfluoroalkyliques et polyfluoroalkyliques peuvent écrire à cette agence par courriel au water-eau@hc-sc.gc.ca ou encore faire part de leurs commentaires par la poste.

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