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Nouvel appel pour que Québec reconnaisse le racisme systémique

Marjolaine Étienne parle au micro, alors que plusieurs personnes l'entourent.

La présidente de FAQ Marjolaine Étienne, au centre, était accompagnée du chef de Manawan, Sipi Flamand, du chef de l'APNQL, Ghislain Picard, ainsi que de Manon Massé, de Québec solidaire.

Photo : Radio-Canada / Jérôme Gill-Couture

Jérôme Gill-Couture

La présidente de Femmes autochtones du Québec (FAQ), Marjolaine Étienne, accompagnée du chef de l'APNQL, Ghislain Picard, ainsi que du chef de la communauté atikamekw de Manawan, Sipi Flamand, a déposé aujourd'hui sa pétition demandant au gouvernement du Québec de reconnaître l'existence du racisme et de la discrimination systémique au Québec.

La pétition a été officiellement présentée jeudi au Salon bleu de l'Assemblée nationale par la co-porte-parole de Québec solidaire, Manon Massé.

Les demandes au gouvernement du Québec contenues dans la pétition déposée vont comme suit :

  • reconnaître l’existence du racisme et de la discrimination systémiques envers les Autochtones, en particulier les femmes et les filles;

  • mettre en œuvre des actions concrètes pour éradiquer le racisme et la discrimination systémiques ancrés dans nos institutions depuis la colonisation;

  • adopter immédiatement et sans réserve le Principe de Joyce;

  • cocréer et mettre en œuvre des services culturellement adaptés et culturellement sécurisants en collaboration avec les Autochtones.

Lancée le 30 novembre dernier, la pétition a finalement été signée par près de 4000 personnes, et le nombre d'alliés ayant témoigné pour la cause a dépassé les attentes, selon Marjolaine Étienne.

Le soutien des Québécois et Québécoises se fait sentir, c’est maintenant au premier ministre Legault de nous écouter et de devenir un allié des femmes et des filles autochtones.
Une citation de Marjolaine Étienne, présidente de Femmes Autochtones du Québec

En appui au dépôt de la pétition, le chef de Manawan, Sipi Flamand, a expliqué qu'il est important de reconnaître un fait, un enjeu, une réalité afin de pouvoir améliorer les conditions dans la société. Le dépôt de cette pétition, initiée par Femmes Autochtones du Québec, indique au gouvernement de faire le pas vers l’avant s’il veut réellement travailler dans la réconciliation avec les peuples autochtones.

Ce n'est pas la première fois qu'une demande du genre est adressée au gouvernement de François Legault. Les pressions des organisations autochtones se sont accentuées, en particulier depuis le dépôt du rapport de la coroner Géhane Kamel sur le décès tragique de Joyce Echaquan en septembre 2020.

La coroner Géhane Kamel derrière le micro, en conférence de presse.

Dans son rapport sur la mort de Joyce Echaquan, la coroner Géhane Kamel a expliqué que le racisme systémique avait été une des causes du décès de la femme atikamekw.

Photo : Radio-Canada / Ivanoh Demers

La présence de discrimination systémique au Québec avait également été soulignée dans la Commission d’enquête sur les relations entre les Autochtones et certains services publics en 2019. 

Selon les signataires de la pétition, la reconnaissance du racisme systémique par le gouvernement du Québec est essentielle, puisqu'elle permettrait d'aborder les différentes problématiques et de proposer des solutions qui tiennent compte de leurs réelles origines.

Le racisme systémique est un fait, et tant qu’il ne sera pas reconnu par Québec, toutes les mesures que le gouvernement entreprendra ne permettront que de mettre un bandage sur des problèmes plus profonds.
Une citation de Sipi Flamand, chef de la communauté atikamekw de Manawan

Selon Femmes autochtones du Québec la reconnaissance du racisme systémique montrerait aux Premières Nations qu'elles sont entendues, elles qui dénoncent le problème depuis longtemps. Nous avons des femmes autochtones qui viennent nous voir tous les jours pour nous exprimer ce qu'elles vivent en termes de discrimination et de racisme systémique, explique Marjolaine Étienne.

La co-porte-parole de Québec solidaire, Manon Massé, a quant à elle exprimé son malaise personnel face à la situation : Comme pour les questions d'intersectionnalité [...] le fait que la Coalition avenir Québec [CAQ] ne reconnaisse pas le racisme systémique est incompréhensible.

Personnellement, le racisme systémique, je ne le vis pas, alors ce n'est pas mon rôle de remettre en cause les témoignages de ceux et celles qui en sont victimes... Alors, comment la CAQ peut-elle se donner ce droit?
Une citation de Manon Massé, co-porte-parole de Québec solidaire
Une vingtaine de personnes posent dans les escaliers du hall de l'Assemblée nationale du Québec.

Les personnes présentes pour le dépôt de la pétition se sont rassemblées après le point de presse.

Photo : Radio-Canada / Jérôme Gill-Couture

Une occasion ratée

De son côté, le chef de l'APNQL, Ghislain Picard, perçoit plusieurs occasions ratées dans la manière dont le gouvernement actuel mène ses politiques autochtones.

Nous vivons avec l'adversité tous les jours, ce qui est arrivé avec Joyce Echaquan en est la preuve, et d'accepter le Principe [de Joyce] serait de lui montrer une forme de respect [...] Et j'ai un doute qu'il existe cette volonté-là au niveau politique, puisque plus on insiste sur un sujet et plus le gouvernement se referme sur ses positions.

M. Picard ajoute par rapport à la reconnaissance du racisme systémique : On devrait plutôt voir, au gouvernement du Québec, une opportunité de se démarquer... En 2019, François Legault a présenté ici, dans cette Chambre, des excuses au nom de l'ensemble des Québécois (nouvelle fenêtre) : était-il sincère, est-ce que ses excuses ont changé quelque chose aujourd'hui?

François Legault s'adresse à l'Assemblée nationale.

Le premier ministre du Québec, François Legault, a présenté des excuses aux nations autochtones pour les préjudices que leur ont causés les politiques et les services publics mal adaptés à leur réalité.

Photo : Radio-Canada

Bien que le gouvernement ait répété depuis près de cinq ans qu'il ne reconnaîtrait pas l'existence du racisme systémique, M. Picard croit tout de même que la pétition donne une nouvelle chance au gouvernement de changer son fusil d'épaule.

Il demeure cependant réaliste, en raison de la distance qui sépare actuellement le gouvernement et les Premières Nations. À ce stade-ci, même M. Ford, le premier ministre de l'Ontario, est plus ouvert en ce qui a trait aux relations avec les peuples autochtones, et ce, même s'il est habituellement plus à droite.

Selon Manon Massé, la Coalition avenir Québec se défend présentement en disant qu'il s'agit d'une guerre de mots. Elle ne comprend tout simplement pas leur refus de reconnaître l'évidence.

Les autres porte-parole de la pétition ont un discours similaire : on ne sait pas pourquoi ils ne reconnaissent pas le racisme et la discrimination systémique, c'est une question à poser à François Legault et à Ian Lafrenière.

Malgré la série de refus auxquels ils se butent, ils ne comptent pas abandonner la partie, mais ont plutôt l'intention de poursuivre ensemble [leurs luttes] contre le racisme et la discrimination systémique.

Et même si le gouvernement Legault offre le même discours depuis son arrivée au pouvoir, le chef Sipi Flmand lance : Seuls les fous ne changent pas d'avis!

Jérôme Gill-Couture

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