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L’intelligence artificielle, nouveau champ de bataille des géants du web

Microsoft, OpenAI, Baidu, Google et Meta se livrent une lutte féroce en matière d'intelligence artificielle.
Photo : iStock
Qui combinera intelligence artificielle (IA) et recherche sur Internet le premier? Si Microsoft a pris une longueur d'avance en misant des milliards de dollars sur le robot conversationnel ChatGPT, l'américain Google et le chinois Baidu viennent de riposter en annonçant leurs propres outils utilisant l'IA.
La génération par une IA de textes ou d'images peut en effet révolutionner la recherche sur le web en fournissant des réponses en langage naturel, et non plus une liste de documents. En prime pour les géants de l’informatique : des revenus publicitaires accrus.
L'IA peut aussi doper les autres aspects d'un moteur de recherche, comme la cartographie, les outils de réunion, les techniques de prévision ou même l'analyse d'images.
Tout s'accélère dans ce nouveau champ de bataille de l'information.
Une lutte féroce
En novembre, la jeune pousse californienne OpenAI, épaulée notamment par Microsoft, a lancé son robot conversationnel ChatGPT, capable de répondre à n'importe quelle question – avec plus ou moins de justesse – en nous donnant l’impression de dialoguer avec un être humain. Il est offert gratuitement au public, et son succès est phénoménal, avec ses quelque 100 millions d’adeptes en deux mois.
Le robot conversationnel ChatGPT a été rendu accessible au grand public en novembre dernier.
Photo : Radio-Canada / Érik Chouinard
À la fin de janvier, Microsoft a annoncé vouloir investir plusieurs milliards de dollars
dans OpenAI. Selon la presse américaine, le groupe y a déjà investi 3 milliards de dollars américains (4 milliards de dollars canadiens) et pourrait y injecter 10 milliards de dollars de plus, pour un total de 17,5 milliards de dollars canadiens.
Cela démontre l’importance de déployer rapidement cette technologie dans des produits. Microsoft a lancé lundi une version plus chère de son logiciel de communication Teams, avec des fonctionnalités de ChatGPT permettant notamment de générer des résumés de réunion.
Le géant américain a aussi annoncé il y a deux semaines qu'il voulait ajouter une couche d'intelligence
de ChatGPT à tous ses autres produits, dont son moteur de recherche Bing, jusqu'ici écrasé par son compétiteur Google.
Il n'aura pas fallu un mois à son grand rival américain Google pour riposter, en lançant lundi son robot conversationnel nommé Bard. (nouvelle fenêtre)
Bard a pour ambition de combiner l'étendue des connaissances du monde avec la puissance, l'intelligence et la créativité de nos grands modèles de langage. Il s'appuie sur les informations du web pour fournir des réponses actualisées et de haute qualité
, a affirmé Google lundi.
De son côté, le géant chinois de l'Internet Baidu devrait être en mesure de terminer en mars les tests internes
de son robot conversationnel, selon ce qu’a déclaré mardi à l'Agence France-Presse (AFP) un porte-parole de l’entreprise. Baptisé Ernie Bot, il sera offert au grand public à une date non précisée.
Meta, la maison mère de Facebook, également très impliquée dans la course à l’IA, a connu de son côté des ratés. Juste avant la sortie de ChatGPT, le 15 novembre, le groupe sortait Galactica, modèle de langage censé résumer des articles scientifiques.
Toutefois, Galactica générait trop d'absurdités et pouvait écrire des commentaires racistes si on lui posait des questions en ce sens. Meta a donc dû interrompre les activités de son démonstrateur trois jours plus tard.
Nouvelle ère de la recherche web
Si Google a pesé sur l’accélérateur ces derniers mois, c'est qu'avec l'IA, Microsoft risquait, pour la première fois depuis 10 ans, de reprendre avec Bing la tête des moteurs de recherche les plus populaires.

Google est le moteur de recherche le plus populaire.
Photo : Reuters / Regis Duvignau
Google occupe plus de 90 % de ce marché très lucratif. Voyant le succès de ChatGPT, l’entreprise a aussitôt lancé un code rouge
, conscient que ce type de robot à questions-réponses pouvait tuer la recherche telle qu'on la connaît depuis 20 ans, selon la presse américaine.
Un moteur de recherche intégrant de l'IA donnera une réponse structurée à une question posée. Non pas des documents, comme actuellement, mais des réponses
, explique à l'AFP Thierry Poibeau, directeur de recherche au Centre national de la recherche scientifique (CNRS).
[C’est] avec le risque que l'internaute s'en contente, malgré les possibles biais ou contrôle de cette unique réponse
, avertit Claude de Loupy, dirigeant de Syllabs, une entreprise française spécialisée dans la génération automatique de texte.
On n'aura plus besoin des moteurs. Mieux que de trouver une source, l'IA pourra trouver une réponse détaillée. Comme l'illusion d'un être omniscient qui aurait tout lu. Mais c'est terrifiant, car cette réponse est contrôlable et ce sera contrôlé
, avertit le patron de Syllabs.
Pour un site, la seule manière d'arriver en tête sera [d'avoir recours à] des annonces payantes, qui seront donc encore plus nombreuses
, analyse-t-il.
Toutefois, les IA conversationnelles comme ChatGPT donnent aussi de mauvaises réponses, ce qui est gênant pour un moteur de recherche. [Des gens] travaillent donc sur un outil qui mentionnerait les sources
, précise Thierry Poibeau.