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La Ville de New York finance le transport des migrants qui veulent aller au chemin Roxham

Devant la crise humanitaire qui touche la plus grande ville américaine, des titres de transport gratuits sont distribués aux migrants, y compris à ceux qui souhaitent se rendre au Canada.

Un taxi devant les installations canadiennes près du chemin Roxham

La plupart des demandeurs d'asile qui se rendent jusqu'au chemin Roxham arrivent dans la ville américaine de Plattsburgh, souvent en autocar, avant de prendre un taxi jusqu'à la frontière canado-américaine. (Photo d'archives)

Photo : Radio-Canada / Romain Schué

Romain Schué
Romain Schué

Se rendre au chemin Roxham, en partie grâce à un billet d'autocar payé par les autorités américaines, c'est possible.

Notre objectif consiste à aider les demandeurs d'asile qui souhaitent se rendre à un autre endroit, a confirmé une porte-parole de la Ville de New York à Radio-Canada.

Depuis plusieurs mois, la Ville de New York fait face à une crise sans précédent.

Plusieurs États républicains (nouvelle fenêtre) envoient chaque semaine, par différents moyens de transport, des centaines de personnes arrivées par le Mexique vers le nord-est du pays. Et les centres new-yorkais d'aide aux migrants, récemment ouverts, sont débordés. (nouvelle fenêtre)

La Ville de New York, dirigée par le démocrate Eric Adams, a donc pris la décision d'aider [ces gens] à rejoindre leur destination finale, même si celle-ci n'est pas New York, a expliqué l'attachée de presse Kate Smart.

Beaucoup de gens arrivés ici en bus ne voulaient pas se rendre à New York, n'avaient pas l'intention de le faire ou ne voulaient pas rester ici à long terme.
Une citation de Kate Smart, porte-parole de la Ville de New York

Des organisations communautaires ont également aidé à émettre des titres de transport pour ceux qui veulent aller ailleurs, a-t-elle précisé.

Les migrants qui arrivent en sol américain dans les États du sud du pays ne sont pas les bienvenus.

Les migrants qui arrivent en sol américain dans des États du sud du pays ne sont pas les bienvenus.

Photo : Getty Images / David McNew

Des billets jusqu'à Plattsburgh

La Ville de New York ne finance cependant pas, directement, un voyage jusqu'au chemin Roxham, une route devenue mondialement célèbre (nouvelle fenêtre). En réalité, les personnes qui le désirent peuvent aller jusqu'à Plattsburgh en autocar.

Dans le terminus d'autocars de cette ville américaine, située à une trentaine de minutes de la frontière, une véritable industrie (nouvelle fenêtre), très lucrative, s'est organisée pour déposer ensuite les migrants au chemin Roxham, comme l'a révélé l'an passé une enquête de Radio-Canada (nouvelle fenêtre).

Des chauffeurs de taxi les attendent à bord de véhicules qui portent mention de la frontière et du chemin Roxham. En échange de plusieurs dizaines de dollars, ils les amènent à destination.

Un journal américain, le New York Post (nouvelle fenêtre), s'est rendu sur place, à Plattsburgh, et a rencontré des migrants dont le titre de transport avait été payé par les autorités publiques américaines.

Le maire Adams sait-il que ces personnes iront ensuite au Canada? Son cabinet n'a pas répondu à cette question de Radio-Canada.

Nous ne traitons pas Plattsburgh différemment de n'importe quelle autre autre ville, a néanmoins mentionné son équipe.

Une pancarte indique qu'on peut se rendre au chemin Roxham.

À Plattsburgh, des chauffeurs de taxi proposent aux migrants de les conduire au chemin Roxham.

Photo : Radio-Canada / Romain Schué

Québec veut des changements, Ottawa poursuit ses discussions

En raison de l'Entente sur les tiers pays sûrs, signée en 2002 entre le Canada et les États-Unis, ces migrants ne peuvent pas se présenter dans un poste de douane officiel. Selon cet accord, ils doivent présenter leur demande d'asile dans le premier des deux pays qu'ils traversent.

Cette entente n'encadre cependant pas les entrées irrégulières, comme celles qui sont faite en empruntant le chemin Roxham. Une fois au Canada, ces personnes ont le droit de demander le statut de réfugié.

Cette faille fait l'objet d'une discussion entre les autorités canadiennes et américaines depuis plusieurs années. Le gouvernement de Justin Trudeau souhaite moderniser ce texte, mais les discussions tardent à aboutir.

Tout en questionnant la pertinence [pour le gouvernement américain] de payer des tickets pour aller au Canada, la ministre québécoise de l'Immigration, Christine Fréchette, réclame des mesures rapides de la part d'Ottawa.

Il y a urgence, a-t-elle clamé mardi lors d'un point de presse.

[Cette histoire] démontre surtout l'importance de régler le problème du chemin Roxham et de cette entente. On attend que cette négociation se conclue pour que l'Entente s'applique sur l'ensemble de la frontière.
Une citation de Christine Fréchette, ministre québécoise de l'Immigration

Cette question a également rebondi à la Chambre des communes. Aux yeux du Bloc québécois, « les Américains ridiculisent le gouvernement [de Justin Trudeau] ».

« Les Américains doivent se bidonner quand ils entendent le Canada dire qu’il négocie pour moderniser l’Entente sur les tiers pays sûrs », a soutenu le député Alexis Brunelle-Duceppe tout en réclamant une suspension de cet accord.

En guise de réponse, le ministre fédéral de l'Immigration, Sean Fraser, a spécifié que ce n'est « pas une bonne solution ».

« Nous avons une entente et des principes pour protéger les droits des réfugiés. C’est une des valeurs canadiennes », a quant à lui fait valoir Marco Mendicino, le ministre de la Sécurité publique.

Des policiers traînent des bagages.

Des agents de la GRC se relaient jour et nuit au chemin Roxham pour accueillir et arrêter les demandeurs d'asile qui arrivent en nombre au Canada. (Photo d'archives)

Photo : Radio-Canada / Romain Schué

Nouveau record en perspective

Le chemin Roxham connaît un achalandage record depuis plus d'un an. L'an passé, plus de 39 000 personnes ont utilisé cette voie pour entrer au Canada, dont près de 4700 en décembre.

Selon nos informations, malgré le froid et des conditions climatiques difficiles, le flux ne s'arrête pas. Tout indique même que la hausse pourrait se poursuivre en 2023.

Les journées où plus de 200 personnes arrivent au chemin Roxham seraient de plus en plus fréquentes, d'après des sources policières.

Les nationalités des demandeurs d'asile sont également variées. Outre les Haïtiens, toujours très présents, il y a de plus en plus de Vénézuéliens, de Turcs et même d'Afghans.

Romain Schué
Romain Schué

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