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Recrutement en santé : Vitalité courtise le personnel de pays d’Afrique de l’Ouest

Mains d'infirmière noire.

Le Réseau de santé Vitalité lorgne des pays de l'Afrique de l'Ouest pour recruter du personnel, mais ces pays connaissent aussi une crise de main-d'oeuvre de la santé.

Photo : afp via getty images / YASUYOSHI CHIBA

RCI

Le Réseau de santé Vitalité tente de recruter du personnel dans des pays d’Afrique de l’Ouest qui, selon l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), connaissent eux-mêmes de graves pénuries de main-d’œuvre en santé.

Des délégués de Vitalité seront au Sénégal et en Côte d’Ivoire au cours des prochaines semaines pour embaucher des infirmières d’Afrique de l’Ouest et d’Europe francophone.

Le Sénégal et la Côte d’Ivoire sont sur une liste de l'Organisation mondiale de la santé de pays qui font face aux défis les plus urgents en matière de main-d’œuvre du secteur de la santé.

Une infirmière travaille sur un patient à l'urgence du Centre hospitalier universitaire Dr-Georges-L.-Dumont.

Plus de 150 infirmières ont quitté le réseau Vitalité en 2021-2022. Selon certains intervenants, la rétention est aussi importante que le recrutement.

Photo : Radio-Canada / Patrick Lacelle

Tous les pays figurant sur la liste devraient bénéficier de mesures de protection qui découragent le recrutement international actif de personnel de santé, indique l’Organisation mondiale de la santé.

L’Organisation mondiale de la santé n’interdit pas les accords de gouvernement à gouvernement sur les travailleurs de la santé qui permettent aux pays riches d’embaucher du personnel des pays énumérés.

L'organisation souligne toutefois que ces accords doivent être conclus avec précaution pour éviter les impacts négatifs dans les pays visés.

Collaboration d’Opportunités N.-B.

Vitalité a d’abord mentionné que ses efforts de recrutement d’infirmières s’étendaient à l’échelle nationale aux villes du Québec et à l’échelle internationale, notamment au Sénégal, en Côte d’Ivoire et au Maroc.

Mais lorsque Canadian Broadcasting Corporation News a posé une question dans un courriel de suivi au sujet des considérations éthiques liées à l’embauche d’infirmières de ces pays, Vitalité a répondu qu’Opportunités Nouveau-Brunswick (Opportunités Nouveau-Brunswick) organisait les missions de recrutement et que les questions devraient leur être adressées.

Le porte-parole de l’Opportunités Nouveau-Brunswick, Michel LeBlanc, a déclaré que l’agence compte recruter des travailleurs de la santé, et non des infirmières, de ces pays.

M. LeBlanc prétend que l’agence a travaillé en étroite collaboration avec Vitalité et les autorités des deux pays par l’entremise de leurs agences d’emploi respectives.

Aucune activité de recrutement dans le domaine de la santé (ou autre) n’a lieu sans consultation préalable avec les ambassades canadiennes et les agences nationales d’emploi , a déclaré Michel LeBlanc.

Des embauches problématiques

Peu importe que Vitalité embauche des infirmières ou des travailleurs de la santé, l’embauche de travailleurs de la santé du Sénégal et de la Côte d’Ivoire est problématique, a indiqué Ivy Bourgeault, professeure de sociologie à l’Université d’Ottawa et responsable du Réseau canadien sur les effectifs en santé.

Ivy Bourgeault, professeure de sociologie à l’Université d’Ottawa et responsable du Réseau canadien sur les effectifs en santé.

Ivy Bourgeault, professeure de sociologie à l’Université d’Ottawa et responsable du Réseau canadien sur les effectifs en santé.

Photo : Idil Mussa/CBC

Si vous emmenez des agents de santé du Sénégal et de la Côte d’Ivoire et les amenez ici au Canada, un pays à revenu élevé, et les intégrez dans n’importe quel rôle, cela enlève encore d’importantes ressources aux travailleurs de la santé des pays qui en ont absolument besoin, a déclaré Mme Bourgeault.

Selon ses propos, une autre préoccupation tient au fait que de nombreux travailleurs de la santé dans des pays comme le Sénégal font souvent le travail d’une infirmière, mais que leurs qualifications officielles leur donnent un autre titre une fois recrutés par des pays étrangers.

C’est un bon signe qu’Opportunités Nouveau-Brunswick affirme travailler avec les autorités du Sénégal et de la Côte d’Ivoire, mais on ne sait pas si les soins de santé dans ces pays bénéficient de l’entente.

CBC News a demandé à Vitalité et à ONB si les deux pays recevaient quelque chose lorsque leurs travailleurs étaient recrutés. Michel LeBlanc a déclaré qu’il n’y a aucun cas où ONB offrait une compensation à un pays pour le recrutement.

La rétention de préférence au recrutement étranger

Ivy Bourgeault soutient qu’au lieu de chercher à l’extérieur de la province, le Nouveau-Brunswick devrait essayer de conserver le personnel actuel et d’inviter de nouveau des employés qui sont partis.

La présidente du Syndicat des infirmières et infirmiers du Nouveau-Brunswick, Paula Doucet, est d’accord et précise que la rétention a un rôle aussi important à jouer que le recrutement pour remédier à la pénurie de personnel.

La présidente du Syndicat des infirmières et infirmiers du Nouveau-Brunswick, Paula Doucet.

La présidente du Syndicat des infirmières et infirmiers du Nouveau-Brunswick, Paula Doucet.

Photo : CBC

Si nous ne commençons pas à garder l’expérience et les infirmières ici dans notre système pour encadrer, orienter et aider à former ceux qui sont nouvellement mis dans le système, nous les préparons à l’échec, a-t-elle prévenu.

Dans ses efforts de recrutement, Vitalité offre des primes à la signature de 10 000 $ aux infirmières qui acceptent un travail à temps plein et signent un contrat de trois ans.

Le réseau de la santé offre également une prime à la signature de 10 000 $ aux préposés aux soins des patients qui signent un contrat de deux ans.

D'après un reportage d'Aidan Cox, de CBC

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