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[Reportage] Accueil de réfugiés ouïgours : le Canada fait preuve de leadership à l’international, dit une experte

Sameer Zuberi et Dulkin Isa

Mercredi , Sameer Zuberi (à droite) le député libéral qui a déposé la motion M-62, se présente à une conférence de presse à Ottawa en compagnie de Dulkin Isa, président du Congrès ouïgour mondial.

Photo : The Canadian Press / Adrian Wyld

Yan Liang

La Chambre des communes a adopté à l'unanimité la motion M-62 mercredi dernier. Elle mentionne que le Canada promet d’accueillir, sur une période de deux ans, 10 000 réfugiés ouïgours qui ont déjà fui la Chine.

Le Canada est devenu le premier pays à faire une telle promesse. Sameer Zuberi, le député libéral qui a déposé la motion, a déclaré en conférence de presse qu'il s'agit d'un vote historique et a remercié ses collègues pour leur soutien.

On voit en arrière-plan le parlement canadien.

Margaret MacCuaig-Johnston est une spécialiste de la politique chinoise.

Photo : Radio-Canada / CBC

Margaret MacCuaig-Johnston, une spécialiste de la politique chinoise, a aidé à rédiger la motion et a rencontré des réfugiés ouïgours au cours des derniers mois. Lors d’une entrevue accordée à Radio Canada International (Radio Canada International ), elle constate qu’ils sont physiquement et psychologiquement atteints et qu’ils ont besoin d’une aide urgente de la communauté internationale.

Les Ouïgours sont menacés de génocide culturel et physique depuis assez longtemps. Beaucoup de gouvernements ont adopté des motions qui la condamnent, mais seulement de façon générale. Le Canada est le premier pays à prendre des actions concrètes pour donner aux Ouïgours une lueur d’espoir d’échapper à la perturbation et d’avoir finalement un vrai foyer. Cette motion montre le dynamisme et le leadership du Canada à la communauté internationale. J’espère que d’autres pays suivront notre exemple.
Une citation de Margaret MacCuaig-Johnston, spécialiste de la politique chinoise

Heureuse de sa contribution à la motion, Mme McCuaig-Johnston confie qu'elle n’a jamais été aussi fière en près de 40 ans de carrière au sein du gouvernement et en milieu académique lorsque cette dernière a été adoptée.

Elle considère l’adoption de la motion M-62 comme un autre signe du changement du gouvernement Trudeau dans sa politique envers la Chine. Selon elle, le Canada a déjà réalisé que le défi venu de la Chine ne concerne pas que les Ouïgours, et que son pouvoir de coercition et son agressivité menacent le monde entier.

En février 2021, la Chambre des communes avait adopté une motion qui reconnaissait l’existence d’un génocide contre les Ouïgours au Xinjiang. Le premier ministre Justin Trudeau et tous les membres de son cabinet s'étaient toutefois abstenus lors du vote.

Comment faire appliquer une motion non contraignante?

La motion M-62 est non contraignante et plusieurs se demandent comment le gouvernement canadien la mettra en œuvre par la suite.

Margaret McCuaig-Johnston suggère que les organismes de défense des droits des Ouïgours et le ministère de l’Immigration du Canada préparent un projet concret et réalisable, et que le ministère des Affaires étrangères entame des négociations avec les pays qui hébergent actuellement les réfugiés ouïgours.

Je suis convaincue que c’est un objectif que nous pouvons atteindre. Le ministre de l’Immigration Sean Fraser a promis de prendre des mesures pour le réaliser. C’est une promesse importante. Je crois que ce projet serait parmi les priorités du gouvernement.
Une citation de Margaret MacCuaig-Johnston, spécialiste de la politique chinoise

Les Ouïgours qui ont réussi à fuir la Chine vivent dans une dizaine de pays du Moyen-Orient et d'Asie centrale, notamment en Turquie, en Égypte et aux Émirats arabes unis.

De nombreux Ouïgours en exil ont des membres de leur famille qui sont détenus, qui ont été condamnés à de lourdes peines ou qui ont même été exécutés en Chine. Ils s’inquiètent également de la possibilité d’être renvoyés en Chine par les pays qui les hébergent provisoirement. Par exemple, la Turquie subit des pressions du gouvernement chinois, avec qui elle a un accord d’extradition. Les réfugiés ouïgours dans le pays ont désespérément besoin d’un foyer sûr et permanent.

Note : une version longue de cette entrevue est également disponible en chinois traditionnel et en chinois simplifié. Elle a été traduite et éditée en français par Wei Wu.

Yan Liang

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