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[Reportage] L’ambassadeur du Pérou au Canada affirme que son pays est prêt à dialoguer
Face aux accusations de violations des droits de la personne dans son pays, Roberto Rodríguez Arnillas, ambassadeur du Pérou au Canada, affirme que son gouvernement est ouvert au dialogue et engagé pour que la lumière soit faite sur les incidents.
Lors d’une entrevue avec Radio Canada International (RCI), l’ambassadeur péruvien Roberto Rodríguez Arnillas a déclaré que la priorité du gouvernement de transition de son pays était la mise en œuvre de politiques qui répondent aux demandes sociales de la population.
Photo : RCI/Captura de pantalla / Paloma Martinez-Mendez
Depuis le début du mois de décembre 2022, suite à la destitution et à l’arrestation du président de gauche Pedro Castillo, le Pérou connaît une vague de protestations et de blocages de routes.
Jusqu’à présent, 56 décès ont été recensés au total, dont 17 se sont produits le mardi 10 janvier dans la ville de Juliaca (Puno). On dénombre également 900 civils blessés.
Vendredi dernier, le gouvernement de transition dirigé par Dina Boluarte a demandé l’intervention de la police et de l’armée pour lever les 88 blocages de routes dans 8 des 25 régions que compte le Pérou.
C’est dans ce contexte que Radio Canada International (RCI) s'est entretenu en exclusivité avec l’ambassadeur du Pérou au Canada, Roberto Rodríguez Arnillas. Ce dernier a affirmé que son gouvernement regrette profondément les pertes humaines et fait preuve d’un solide engagement en faveur de la promotion et de la protection des droits de la personne
.
L’ambassadeur a également déclaré que Lima est prête à tout mettre en œuvre pour que la lumière soit faite sur ce qui s’est véritablement passé. Nous faisons preuve de transparence, d’ouverture et de responsabilité
, a-t-il manifesté.
Entrevue intégrale avec Roberto Rodríguez Arnillas (en espagnol) :
En ce qui concerne les garanties que le gouvernement péruvien peut offrir à sa population et à la communauté internationale pour réduire les inégalités de distribution des richesses ainsi que l’insécurité alimentaire et physique, l’ambassadeur Rodríguez Arnillas a indiqué que la priorité est de lever les blocages de routes.
Ce dont nous avons besoin, c’est que les routes soient débloquées pour pouvoir justement nous occuper de ce que vous mentionnez, soit de pouvoir acheminer du carburant, du gaz, de la nourriture et des médicaments [...] Lors de toutes ses interventions, la présidente Boluarte a été très claire en ce qui concerne la nécessité de dialoguer. L’État péruvien est prêt à s’asseoir à la table des discussions.
Le diplomate a dit que la population a été invitée à s’exprimer et à se manifester, mais que malheureusement, jusqu’à présent, il a été impossible d’établir le dialogue
.
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À propos des appels à enquêter sur les décès et sur les blessures survenus pendant les manifestations, Roberto Rodríguez Arnillas a rappelé que la séparation des pouvoirs existe au Pérou et que les enquêtes sont menées par le procureur général.
Le gouvernement péruvien est prêt à fournir toutes les informations demandées par le bureau du procureur [...] Suite aux pertes humaines, que nous regrettons profondément, le gouvernement a réagi immédiatement : il a invité la Commission interaméricaine des droits de l’homme et le Haut-Commissariat aux droits de l’homme de l’ONU. Il leur a assuré que tous les moyens seraient mis à leur disposition pour faciliter les enquêtes.
Le diplomate a également assuré que son gouvernement avait mis en place une commission multisectorielle dans le but d’entrer en contact avec les familles des personnes décédées et de mettre des moyens à leur disposition. Il discute également avec les personnes blessées pour qu’elles reçoivent les traitements adéquats et pour faire un suivi de leur situation.
Par ailleurs, M. Rodríguez Arnillas a déclaré qu’il s’était réuni avec la secrétaire générale d’Amnistie internationale Canada, qui a manifesté son inquiétude par rapport aux événements actuels dans son pays. L’ambassadeur a dit lui avoir fourni des informations amples et exhaustives
sur l’ensemble des actions de son gouvernement.

Amnistie internationale Canada dispose d’équipes qui se consacrent à l’observation de la situation des droits de la personne dans le monde entier, y compris en Amérique latine.
Photo : Getty Images / AFP / Isaac Lawrence
En effet, comme l’évoque l’ambassadeur, les sections anglophone et francophone d’Amnistie internationale (AI) Canada l’ont rencontré le 19 janvier à l’ambassade du Pérou pour lui faire part de leur profonde préoccupation vis-à-vis des violations des droits de l’homme dans le contexte de la violente répression des manifestations au Pérou de la part des forces de sécurité de l’État
, a expliqué à RCI Kathy Price, responsable des campagnes en Amérique latine pour l’organisation.
Elle a déclaré que des dizaines de personnes sont mortes et que plus de 900 personnes ont été blessées depuis le début des manifestations, au mois de décembre.
Amnistie internationale a également dénoncé les agressions envers les journalistes qui couvraient les manifestations et la violente incursion de la police dans l’Université de San Marcos, le 21 janvier
.
Amnistie internationale Canada est profondément préoccupée par les images choquantes de violences policières et par les déclarations publiques dangereuses et stigmatisantes des autorités péruviennes, qui ont faussement qualifié de terroristes et de délinquants les habitants des communautés rurales historiquement marginalisées et les peuples autochtones, qui manifestent pacifiquement pour exprimer leur mécontentement légitime.
Des milliers de sympathisants d’Amnistie internationale ont envoyé des messages aux autorités péruviennes pour leur demander des comptes concernant le nombre croissant de morts et de blessés dans la population civile, le respect du droit de manifester pacifiquement et la fin de la répression aveugle et brutale de l’État, qui ne fait qu’aggraver la crise politique au Pérou.

Le 27 janvier dernier, le journal « Le Soleil » a publié la lettre du Collectif Solidarité Québec-Pérou adressée au premier ministre du Canada, Justin Trudeau.
Photo : Radio-Canada / Paloma Martinez-Mendez
Dans une lettre adressée au premier ministre canadien Justin Trudeau, les membres du Collectif Solidarité Québec-Pérou, dont le doctorant en anthropologie de l’Université McGill à Montréal Alonso Gamarra, la professeure adjointe à l’École de travail social à l’Université de Montréal Rossio Motta-Ochoa et l'avocate et candidate à la maîtrise en droit à l’Université du Québec à Montréal Lucía Flores Echaiz, demandent au gouvernement du Canada de dénoncer la violente répression des manifestants au Pérou
de la part du gouvernement de Dina Boluarte.
Nous exhortons le gouvernement canadien à rejeter toute violation des droits de la personne commise par le gouvernement Boluarte au Pérou et à ajouter sa voix aux appels de la communauté internationale pour mettre fin à la répression violente des civils exerçant leur droit de manifester.
Alonso Gamarra, Rossio Motta-Ochoa et Lucía Flores Echaiz signent en représentation des autres 195 signataires de cette lettre.
Le Collectif Solidarité Québec-Pérou a organisé une manifestation devant le consulat du Pérou à Montréal le vendredi 27 janvier.
Le Collectif Kuskalla Abya Yala a également organisé deux événements le même jour à Toronto en défense des droits de la personne au Pérou.

Affiches des événements organisés par la communauté péruvienne de Toronto.
Photo : Colectivo Kuskalla Abya Yala
Note : ce reportage est également disponible en espagnol et en anglais