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Confusion à la CAQ au sujet de la fermeture du chemin Roxham

La ministre de l'Immigration a balayé l'idée du revers de la main... avant de revenir sur ses propos.

La ministre québécoise de l'Immigration, Christine Fréchette, entourée de journalistes durant un point de presse.

La ministre québécoise de l'Immigration, Christine Fréchette.

Photo : Radio-Canada / Sylvain Roy Roussel

Jean-François Thériault

Faut-il, oui ou non, fermer le chemin Roxham aux demandeurs d'asile irréguliers? Si le gouvernement Legault a plusieurs fois fait cette demande à Ottawa, sa position a semblé plus flottante jeudi matin.

En mêlée de presse avant la période des questions à l'Assemblée nationale, la nouvelle ministre de l'Immigration, Christine Fréchette, a d'abord balayé l'idée du revers de la main.

Ça ne règle absolument rien de proposer de fermer le chemin Roxham, a-t-elle dit aux journalistes. À partir du moment que le chemin Roxham est fermé, il pourra s'ouvrir un autre point irrégulier, non officiel, ailleurs, le long de la frontière, a-t-elle ajouté, reprenant ainsi un argument avancé par le gouvernement fédéral et par des associations de défense des droits des migrants.

Ce serait dangereux [pour les migrants]. Ça ferait en sorte qu'ils doivent passer par des chemins qui ne sont pas balisés comme le chemin Roxham. Ça rend la traversée beaucoup plus périlleuse pour des demandeurs d'asile potentiels.
Une citation de Christine Fréchette, ministre de l'Immigration du Québec

Son gouvernement avait pourtant une position contraire il y a quelques mois à peine. Le premier ministre avait lui-même interpellé le gouvernement fédéral à ce sujet (nouvelle fenêtre), jugeant que la renégociation de l'Entente sur les tiers pays sûrs avec les États-Unis piétinait.

Un moment donné, ce n’est même pas une question d’argent, c’est impossible, disait alors François Legault.

Jean Boulet, alors ministre de l'Immigration, estimait à son tour que dans l’état actuel des choses, il faut fermer le chemin Roxham.

Questionné jeudi au sujet des propos de sa ministre de l'Immigration, François Legault a semblé maintenir sa position. On demande au gouvernement fédéral de fermer [le chemin Roxham], ou en tout cas d'appliquer la même façon de faire qu'à l'aéroport Montréal-Trudeau, c'est-à-dire de retourner [les migrants].

François Legault, accompagné de trois personnes, marche dans les couloirs de l'Assemblée nationale.

Le premier ministre du Québec, François Legault.

Photo : Radio-Canada / Sylvain Roy Roussel

Roxham, basta

Christine Fréchette s'est à nouveau présentée devant les journalistes au sortir de la période des questions pour, selon ses dires, rectifier la perception que les gens peuvent avoir.

Roxham, il faut que ça ferme, a-t-elle dit d'emblée. Roxham, basta. On en a assez de ce flot incessant de demandeurs d'asile qui entrent de manière irrégulière.

Confrontée aux propos contradictoires qu'elle avait tenus à peine quelques heures plus tôt, la ministre a réitéré son désir que ce chemin-là ferme.

Il me semble que c'est clair, a-t-elle ajouté.

Maintenant, la gestion de la frontière canado-américaine relève du gouvernement canadien. C'est à lui de décider comment on va en arriver à cet objectif de fermeture.
Une citation de Christine Fréchette, ministre de l'Immigration

Il faudrait que tout le monde soit traité comme c'est le cas à l'aéroport Dorval-Pierre-Elliott-Trudeau, a-t-elle dit, reprenant ainsi la position de François Legault. J'ai dit ce que j'avais à dire, en parfaite concordance avec ce que le premier ministre avance, a dit la ministre.

Mme Fréchette a nié que le premier ministre lui ait demandé de changer sa position.

Dans un point de presse suivant une annonce à Charlevoix, François Legault a répété qu'il y a, selon lui, une urgence de s'assurer de bloquer le chemin Roxham, et ça, c'est la responsabilité du gouvernement fédéral.

Selon lui, son gouvernement a toujours dit qu'il fallait procéder à cette fermeture. Quant à savoir s'il avait demandé à sa ministre d'amender ses propos tenus avant la période des questions, le premier ministre s'est contenté de dire que son équipe a corrigé [ces propos], pour être très clair.

Le PQ demande une date butoir

C'est une motion présentée par Parti québécois (PQ) qui a relancé le débat jeudi.

Le texte, présenté par le porte-parole du PQ en matière d’immigration, de francisation et d’intégration, Pascal Bérubé, demandait à Québec d'exiger du gouvernement fédéral une date butoir pour fermer le chemin Roxham, à défaut de quoi le gouvernement québécois interviendrait lui-même pour fermer le point d'entrée irrégulier.

À terme le gouvernement québécois pourrait décider que la Sûreté du Québec (SQ) contrôle la frontière québécoise, a proposé Pascal Bérubé devant les journalistes, une idée qu'avait déjà évoquée son chef, Paul St-Pierre Plamondon (nouvelle fenêtre).

Un homme, debout derrière un lutrin et devant des drapeaux du Québec, gesticule en parlant lors d'un point de presse.

Le député péquiste de Matane-Matapédia, Pascal Bérubé.

Photo : Radio-Canada / Sylvain Roy Roussel

On a largement donné, a ajouté le député de Matane-Matapédia. On accueille les gens du mieux qu'on peut, mais on est dépassés. Il a ainsi fait valoir que le Québec n’a plus les ressources en matière de santé, d’éducation et autres pour accueillir un tel flux de réfugiés.

La motion du PQ n'a pas été adoptée en Chambre.

Selon La Presse, les demandeurs d’asile qui arrivent par le chemin Roxham ont fait bondir le nombre de bénéficiaires de l’aide sociale de plus de 73 % en un an sur l’île de Montréal. Une situation qui entraîne des coûts de 20 millions de dollars de plus par mois pour la province, des sommes que le gouvernement fédéral a promis de rembourser.

Jean-François Thériault

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