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Marjorie Villefranche et la mission de la Maison d’Haïti

Visage de Marjorie Villefranche

Marjorie Villefranche donne une entrevue à l'émission 24 heures en 60 minutes, le 3 août 2017. Il est question de l’afflux au Québec de réfugiés haïtiens en provenance des États-Unis.

Photo : Radio-Canada

RCI

L’organisme montréalais la Maison d’Haïti existe depuis 1972. Si la Maison a d’abord été créée par des membres de la communauté haïtienne, elle offre aujourd’hui des services à tous les nouveaux arrivants du quartier Saint-Michel à Montréal. Sa directrice générale, Marjorie Villefranche, a connu un parcours d’implication sociale inspirant, comme en témoignent nos archives.

Marjorie Villefranche arrive au Québec au courant des années 1960 à l’âge de 12 ans. En 1964, ses parents l’envoient chez une tante établie au Québec.

C’est l’époque du régime de Duvalier père, celle de la répression en Haïti.

Durant quatre ans, Marjorie Villefranche est pensionnaire chez les Ursulines de Trois-Rivières, puis à l’école Sophie-Barat de Montréal.

C’est en 1975 qu’elle découvre la Maison d’Haïti, fondée deux ans plus tôt pour accueillir les réfugiés qui fuient le régime de Duvalier fils.

Les Duvalier ont régné sans partage sur Haïti de 1958 à 1986 laissant de terribles séquelles dans la population.

La Maison d’Haïti est pour Marjorie Villefranche un lieu qui lui permet de renouer avec sa culture d’origine. Inspirée par des militantes noires américaines comme Angela Davis, elle commence à s’impliquer socialement pour la communauté haïtienne dès les années 1970.

Le 9 novembre 1981 à l’émission Femme d’aujourd’hui, la militante s’entretient avec la journaliste France Labbé. Cette année-là, Marjorie Villefranche témoigne au Congrès mondial des femmes qui se tient à Prague.

À titre de représentante de l’Union des femmes haïtiennes, elle dénonce les conditions de vie de la femme haïtienne.

Femme d’aujourd’hui, 9 novembre 1981

En 1981, toujours sous le régime de Duvalier fils, alias Bébé Doc, les femmes haïtiennes vivent une oppression, un manque de liberté, un manque d’éducation et une pauvreté immense. Seulement 13 % des enfants haïtiens vont à l’école .

J’y suis allée pour lancer un cri d’alarme; voilà des enfants, voilà des femmes, qui vivent dans des conditions extrêmes. Je suis allée chercher la solidarité internationale et je peux dire que je l’ai sentie.
Une citation de Marjorie Villefranche, Union des femmes haïtiennes, 1981

À partir de 1983, Marjorie Villefranche devient employée à la Maison d’Haïti, qui s’établit alors dans le quartier Saint-Michel. Elle y mène plusieurs projets dans l’ombre et y devient directrice des programmes. Un poste qu'elle occupe une vingtaine d'années avant d’être nommée directrice générale en janvier 2011. Elle succède alors à Mme Célitard Toussaint, qui en fut la directrice générale durant plus de 30 ans.

Depuis le terrible tremblement de terre qui a secoué Haïti le 12 janvier 2010, Marjorie Villefranche est encore plus présente dans les médias. La Maison d’Haïti a été le lieu où la solidarité s’est exprimée face à cette tragédie qui a fait 300 000 morts.

Lors du séisme de 2010, la Maison d’Haïti est devenue un point de ralliement important pour la communauté montréalaise. La Maison a servi de courroie de transmission dans plusieurs dossiers de recherche et de parrainage.
Une citation de Normand Latour

Le 23 novembre 2012, près de deux ans après avoir été nommée au poste de directrice de la Maison d’Haïti, Marjorie Villefranche donne une entrevue à Marcia Pilote à l’émission C’est ça la vie.

L’entrevue est précédée d’un reportage du journaliste Normand Latour qui rend compte des différents services offerts à la Maison d’Haïti.

C’est ça la vie, 23 novembre 2012

La directrice générale revient sur son déracinement et son arrivée au Québec, parle de son enfance ici, de la particularité d’avoir deux pays et de sa recherche identitaire.

Elle décrit la mission de l'organisme la Maison d'Haïti qui accompagne les réfugiés et les nouveaux arrivants lors de leur arrivée ici. L’organisme s’est donné comme mission « l’accueil, l’éducation, l’intégration et l’amélioration des conditions de vie des personnes d’origines haïtienne, afro descendantes et immigrantes ».

40 % des nouveaux arrivants qui fréquentent l’organisme du quartier Saint-Michel ne sont pas d’origine haïtienne. Pour Marjorie Villefranche, un immigrant, c’est d’abord quelqu’un qui vit le deuil de son pays d’origine.

C’est une personne qui arrive avec un morceau d’elle qu’elle a laissé. Même en pensant qu’on quitte pour le mieux, on a quand même beaucoup de peine de quitter son pays, parce qu’on quitte tout un monde. On quitte sa famille, son voisinage… On quitte une façon de vivre, de manger, des bruits, des odeurs. C’est incroyable ce que ça nous manque au début.
Une citation de Marjorie Villefranche

En plus des projets éducatifs et culturels menés à la Maison d’Haïti, Marjorie Villefranche a produit trois documentaires qui abordent les thèmes du racisme et de la discrimination : Port-au-Prince ma ville, District 67 et Petites mères.

Marjorie Villefranche a obtenu plusieurs prix qui soulignent son implication auprès des nouveaux arrivants : « le prix Femme de Mérite de la Fondation du Y des Femmes en 2008, le prix Solis de la ville de Montréal en 2010, personnalité de la semaine La Presse Radio-Canada en 2012, le prix Bâtisseuse de la cité de la ville de Montréal en mars 2017 ».

Le 28 octobre 2016, une nouvelle Maison d’Haïti est inaugurée. Lumineux, chaleureux et coloré, le lieu invitant abrite également le Centre des arts de la Maison d’Haïti, un espace de diffusion et une vitrine culturelle pour toute la communauté du quartier Saint-Michel.

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