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La crise des surdoses a fait près de 2300 morts en 2022 en Colombie-Britannique

Dans la majorité des cas, du fentanyl a été détecté, seul ou associé à d'autres drogues.
Photo : Radio-Canada / Ben Nelms

En 2022, les drogues illicites ont provoqué 2272 morts en Colombie-Britannique, selon le dernier rapport du Service des coroners de la province. Il s'agit du nombre de décès le plus important enregistré au cours d'une année, après 2021 (nouvelle fenêtre), qui a connu un nombre record et revu à la hausse de 2306 surdoses mortelles.
En novembre et en décembre 2022, il y a eu respectivement 182 et 210 morts liées aux drogues illicites, selon les données des coroners, soit environ 6,4 décès par jour.
Notre province continue de perdre en moyenne six vies chaque jour, et de nombreuses autres personnes subissent de graves conséquences sur leur santé en raison de l'approvisionnement imprévisible et non réglementé en drogues
, déplore la coroner en chef de la Colombie-Britannique, Lisa Lapointe, dans un communiqué.
Vancouver, Surrey et le Grand Victoria ont connu le plus grand nombre de décès l’an dernier, bien que le Service des coroners indique qu’aucune région de la province n'a été épargnée.
Dans la majorité des cas (82 %), du fentanyl a été détecté, seul ou associé à d'autres drogues.
Le rapport ajoute que 70 % des victimes en 2022 étaient âgées de 30 à 59 ans, et que 79 % d’entre elles étaient des hommes.
Par ailleurs, la grande majorité des décès (84 %) sont survenus à l’intérieur de résidences, tandis que 15 % se sont produits à l’extérieur, c’est-à-dire dans des véhicules, dans la rue ou dans un parc.
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Ces décès sont évitables
, insiste Lisa Lapointe. Les données toxicologiques confirment que l'offre de drogues en Colombie-Britannique est de plus en plus instable et met la vie en danger.
Lors d’un point de presse, mardi, Lisa Lapointe a réitéré les recommandations faites par des comités d’experts en 2017 et en 2022 pour réduire le nombre de décès provoqués par des drogues illicites en Colombie-Britannique : garantir un approvisionnement en drogues sécuritaires (nouvelle fenêtre), mettre en place une stratégie provinciale coordonnée et assurer des soins pour les personnes qui consomment ces substances.
Elle a aussi mis l’accent sur la nécessité pour la province de réglementer et de superviser les programmes de traitement pour s'assurer qu'ils fournissent les soins dont les patients ont besoin et des résultats étroitement surveillés et évalués.
En janvier 2023, de grandes lacunes subsistent dans tous ces domaines. Alors que nous continuons à subir d'importantes pertes de vies à travers la province, ces recommandations restent pertinentes, et leur mise en œuvre est un besoin urgent
, a affirmé Lisa Lapointe.

La coroner en chef de la Colombie-Britannique, Lisa Lapointe, estime qu'un meilleur approvisionnement en drogues sécuritaires peut contribuer à prévenir les décès provoqués par les drogues illicites.
Photo : Radio-Canada / Mike McArthur
Une crise qui fait de nombreuses victimes
Le codirecteur médical du Centre des substances de la Colombie-Britannique (BCCSU), le Dr Paxton Bach, a aussi précisé que la crise des surdoses fait beaucoup plus de victimes dont on entend peu parler.
Pour chaque décès, il y a 10 autres personnes qui subissent des surdoses non mortelles, des infections ou de nombreuses autres conséquences [d'un problème d'approvisionnement en drogues sécuritaires]
, a-t-il expliqué.
Il souhaite que la province adopte une approche de soins plus coordonnée.
De son côté, la médecin hygiéniste en chef par intérim de la régie de la santé des Premières Nations, la Dre Nel Wieman, a souligné que les Autochtones, principalement des femmes, continuent d'être touchés de manière disproportionnée par la crise des surdoses en Colombie-Britannique.
Bien que les Premières Nations ne représentent que 3,2 % de la population provinciale, elles comptent pour plus de 15 % de tous les décès dus à des drogues toxiques dans la province en 2021 et au cours du premier semestre de 2022
, déplore-t-elle.
Elle espère que cette crise recevra le niveau de priorité
qu'elle mérite de la part du gouvernement.

Selon la ministre de la Santé mentale et des Dépendances de la Colombie-Britannique, Jennifer Whiteside, le gouvernement continue d’améliorer le système de traitement pour les personnes aux prises avec des problèmes de dépendance.
Photo : Radio-Canada / Ben Nelms
La province dit travailler pour améliorer les soins
En réponse à ces données, la ministre de la Santé mentale et des Dépendances de la Colombie-Britannique, Jennifer Whiteside, affirme que le gouvernement travaille d'arrache-pied
pour mettre en place un système de soins complet en matière de santé mentale et de toxicomanie.
Il ne fait aucun doute que les données sont bouleversantes et tragiques pour les familles et les communautés.
Nous voulons nous assurer que, lorsque les gens prennent la décision importante de demander de l'aide, des services sont disponibles pour les aider à chaque étape de leur parcours
, affirme-t-elle dans un point de presse.
Elle précise que le gouvernement continue d’ajouter des services et d’améliorer le système de traitement et de rétablissement dans la province, notamment en augmentant le nombre de nouveaux lits pour soigner les consommateurs de substances ou l’accès à des consultations psychologiques abordables.
Jennifer Whiteside admet cependant que le gouvernement doit en faire plus pour obtenir de meilleures données, afin de mieux évaluer les soins offerts et leur impact pour réellement s'attaquer à la crise. Le travail est en cours
, assure-t-elle.
La décriminalisation, une étape parmi d’autres
Ce rapport survient alors que la possession de petites quantités de drogues dures n’est plus considérée comme une infraction criminelle (nouvelle fenêtre) en Colombie-Britannique.
À partir du 31 janvier 2023, pour une durée de trois ans, les adultes qui possèdent jusqu'à 2,5 grammes d'opioïdes, de méthamphétamine, de MDMA ou de cocaïne ne seront ni arrêtés ni accusés en Colombie-Britannique, et leurs drogues ne seront pas saisies.
Il s'agit d'un changement historique et extrêmement important.
Ce changement reflète une évolution. De la marginalisation et de la stigmatisation des consommateurs de drogues, on passe à la reconnaissance qu'il s'agit de personnes que nous apprécions et dont nous nous soucions
, a affirmé Lisa Lapointe.
Selon le Service des coroners, au moins 11 171 décès sont liés aux drogues illicites depuis que la Colombie-Britannique a déclaré l’état d’urgence sanitaire (nouvelle fenêtre), en avril 2016.