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Peu de minorités visibles dans le domaine des ressources humaines au Québec

Des employés issus de la diversité sont assis autour d'une table.

La tournée « Les affaires au féminin » aura lieu jeudi à Wellington.

Photo : Getty Images

Flavie Villeneuve, journaliste à Radio-Canada.
Flavie Villeneuve

Les directions des ressources humaines dans les organismes publics et parapublics sont loin d'être assez diversifiées, selon le Sommet Jeunes Afro, dont la rencontre annuelle a lieu à Québec en fin de semaine.

Le collectif a procédé à 203 demandes auprès d’organismes provinciaux et a constaté que les minorités visibles sont sous-représentées.

La première réaction : moi, je suis découragé, lance Édouard Staco, le président du Sommet Jeunes Afro, qui voulait savoir si les directions des ressources humaines des organismes prêchent par l’exemple.

Le président du Sommet Jeunes Afro, Édouard Staco, en entrevue.

Le président du Sommet Jeunes Afro, Édouard Staco, en entrevue

Photo : Radio-Canada / Nicolas Perron-Drolet

Sur un échantillon de 47 organisations qui ont plus de 20 employés dans leur département des ressources humaines, le Sommet a constaté que 27 n’ont même pas 10 % du personnel représentant des minorités visibles.

Pourtant, selon Édouard Staco, 14 % des Québécois sont issus de ces communautés.

On ne voit pas que ça bouge de façon substantielle. Par contre, je suis en mode action parce qu'on ne peut pas accepter, pour le bien de notre société, de marginaliser des talents, ajoute le président du Sommet.

À l'origine, l’étude s’est concentrée spécifiquement sur la représentativité des personnes noires dans les directions des ressources humaines. Toutefois, lorsque les statistiques ont été dévoilées par certaines organisations, il était plutôt mentionné minorité visible.

Quand on parle de données de minorité visible, on parle de groupes extrêmement différents. On aimerait avoir des données spécifiques sur les communautés noires, par exemple, ce que le gouvernement fédéral a entrepris de faire, ajoute M. Staco.

Le Sommet Jeunes Afro à Québec

ÉMISSION ICI PREMIÈRE • Première heure

Alex Boissonneault porte une chemise grise et sourit.

De grands absents

Après avoir compilé les statistiques de 133 organismes qui ont accepté de répondre, Édouard Staco est rapidement arrivé à la conclusion que moins d’un employé sur dix s'identifie comme faisant partie d'une minorité visible.

Édouard Staco a aussi révélé que plusieurs organisations n'ont pas souhaité partager leurs données. La Ville de Montréal a refusé de dévoiler ses statistiques. Ça fait deux ans que la Ville de Montréal utilise toutes sortes de stratagèmes pour ne pas nous répondre, déplore M. Staco.

Il y a aussi le CIUSSS du Nord-de-l'Île-de-Montréal qui ne répond pas, pendant que d'autres CIUSSS répondent. On est dans le même cadre légal. Je ne comprends pas comment ces organismes peuvent arriver avec des conclusions différentes.
Une citation de Édouard Staco, président du Sommet Jeunes Afro

Des obstacles dans une carrière

Derrière chaque statistique se cache une histoire, celle notamment d'Ibrahima Sidibé-Pommier. Il a obtenu une maîtrise en gestion des ressources humaines dans une université française. Son diplôme est reconnu au Québec et pourtant, après 10 ans dans la province, il n’a toujours pas réussi à accéder à un poste de direction en ressources humaines au privé.

Il ne s'en cache pas : son expérience personnelle a été particulièrement difficile.

Ibrahima Sidibé-Pommier en entrevue.

Ibrahima Sidibé-Pommier

Photo : Radio-Canada / Nicolas Perron-Drolet

Il y a beaucoup de biais de communication, beaucoup de ces gens qui sont dans les services de RH sortent de l’université [et] vont donc se cramponner dans les stratégies à recruter des gens qui leur ressemblent.

Selon l’Ordre des conseillers en ressources humaines agréés, la diversité au sein des directions est importante.

On espère qu’au fil du temps, parce qu'on voit quand même la progression de notre côté, [...] on va réduire, qu’il n'y aura plus d'écart entre la population active et la représentation des gens en ressources humaines, mentionne Manon Poirier, directrice générale de l’Ordre.

Il y a un an, M. Sidibé-Pommier a abandonné l'idée de travailler en ressources humaines dans le domaine du détail. Je sentais vraiment que je n’arrivais pas à cet objectif, confie-t-il. Il est désormais préposé aux renseignements dans la fonction publique. Il espère un jour accéder à un poste en ressources humaines au sein du gouvernement.

D’après le reportage de Marika Wheeler

Flavie Villeneuve, journaliste à Radio-Canada.
Flavie Villeneuve

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