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Ukraine : salve de missiles russes après l’annonce d’envoi de chars occidentaux

Un homme aidant une femme à sortir d'un cratère après un bombardement russe dans la région de Kiev.

Selon les autorités ukrainiennes, la Russie a tiré jeudi 55 missiles aux abords de Kiev.

Photo : Getty Images / Roman Pilipey

Agence France-Presse

L'Ukraine a été la cible jeudi de nouveaux bombardements russes d'ampleur, qui ont fait au moins 11 morts et 11 blessés et provoqué des pannes de courant, au lendemain de la décision des Occidentaux de livrer des chars lourds à l'armée ukrainienne (nouvelle fenêtre).

Mercredi, le président ukrainien Volodymyr Zelensky avait appelé à fournir ces blindés le plus vite possible, car son ministère de la Défense précisait que les troupes russes, en supériorité numérique, intensifiaient les combats dans l'est de l'Ukraine.

À Bakhmout, l'épicentre des affrontements dans l'est de l'Ukraine, Lisa, une médecin, regrettait jeudi matin auprès de l'AFP les tergiversations occidentales sur les chars, car le feu vert aurait dû être donné plus tôt et pour une plus grande quantité de ce matériel, estimait-elle.

Mais, bien sûr, nous sommes très reconnaissants de ce que nous avons obtenu, ajoutait-elle.

Dans l'immédiat, 11 personnes ont été blessées et, malheureusement, 11 autres sont décédées, a déclaré à la télévision le porte-parole des secours ukrainiens, Oleksandre Khorounejy, selon qui les dégâts les plus importants sont dans la région de Kiev. Un précédent bilan local faisait état d'un mort et de deux blessés dans la capitale, selon son maire, Vitali Klitschko.

Plusieurs dizaines de missiles

Un lance-missiles fait feu durant des exercices en Crimée.

Les salves de missiles tirés sur des infrastructures électriques névralgiques pendant l'hiver sont devenues la principale stratégie du Kremlin, en attendant les offensives du printemps.

Photo : via reuters / Ministère de la Défense de la Russie

Selon le commandant en chef des forces armées ukrainiennes, le général Valery Zaloujny, la Russie a tiré jeudi 55 missiles sur l'Ukraine et 47 ont été détruits, dont 20 aux abords de Kiev.

L'Ukraine a également dit avoir abattu dans la nuit 24 drones explosifs Shahed, de fabrication iranienne. Un premier bilan a fait état d'un mort et de deux blessés dans la capitale, selon son maire, Vitali Klitschko.

Des coupures d'électricité d'urgence ont été imposées à Kiev et dans d'autres régions après que des sites énergétiques ont été touchés, la Russie essayant de causer une défaillance systémique du réseau national, selon le ministre de l'Énergie, Guerman Galouchtchenko.

La situation reste maîtrisée, a assuré le premier ministre Denys Chmygal.

Jeudi soir, dans son allocution quotidienne sur Internet, le président Zelensky a admis qu'il y a des restrictions d'électricité dans la plupart de nos régions, mais assuré que tout était mis en œuvre afin de réparer le réseau le plus vite possible.

À Odessa (sud-ouest), malgré des difficultés, le courant était rétabli en milieu de journée dans les hôpitaux et les autres infrastructures essentielles de la ville, a annoncé la compagnie d'électricité privée DTEK.

Les frappes près de cette grande ville portuaire ont eu lieu peu avant que la cheffe de la diplomatie française, Catherine Colonna, n'y arrive dans la matinée pour discuter avec son homologue ukrainien, Dmytro Kouleba.

Après une série de revers militaires sur le terrain à la fin de l'été et à l'automne, le Kremlin a commencé en octobre à régulièrement frapper les transformateurs et les centrales électriques de l'Ukraine (nouvelle fenêtre), plongeant à chaque fois des millions de civils dans le noir et le froid.

En attendant les chars occidentaux

Des chars d'assaut embarqués sur un train.

Les États-Unis ont promis cette semaine 31 chars d'assaut Abrams aux Ukrainiens.

Photo : AFP / PETRAS MALUKAS

Cette nouvelle vague de bombardements intervient au lendemain du feu vert de Washington et de Berlin au transfert de dizaines de chars lourds à Kiev, une décision inédite en 11 mois de guerre. L'Allemagne compte livrer fin mars ou début avril les premiers Leopard 2 promis (nouvelle fenêtre).

Le Canada a annoncé son intention de fournir quatre chars du même type à l'Ukraine (nouvelle fenêtre), a annoncé la ministre de la Défense Anita Anand.

Ces quatre chars sont prêts au combat et seront déployés dans les semaines à venir, a ajouté Mme Anand, et le nombre de chars livrés pourrait augmenter à l'avenir, a-t-elle précisé.

Le Royaume-Uni compte, lui, faire arriver fin mars ses chars Challenger 2 promis à l'Ukraine.

Volodymyr Zelensky, selon lequel il s'agit d'une étape importante vers la victoire finale, a remercié ses alliés. Mais il a souligné que la clé du succès était désormais la vitesse et le volume des livraisons, Kiev demandant des centaines de blindés pour entamer la reconquête des territoires sous occupation dans l'Est et le Sud.

Le président ukrainien a aussi réclamé des avions de combat et des missiles de longue portée (nouvelle fenêtre), autant d'armes que les Occidentaux refusent jusqu'ici de fournir, de peur de provoquer une escalade militaire.

Par ailleurs, dans une entrevue avec l'AFP à Kiev, le haut-commissaire de l'ONU pour les réfugiés Filippo Grandi a affirmé que les Européens devaient se préparer à une probable nouvelle vague de déplacés ukrainiens fuyant les combats.

Toute exacerbation de la guerre risque de provoquer de nouveaux déplacements, d'une manière ou d'une autre, et nous devons nous y préparer, a-t-il déclaré.

Notre         dossier Guerre en Ukraine

Engagement direct dans le conflit

D'ores et déjà, le Kremlin considère que la livraison de chars est la preuve de l'engagement direct dans le conflit des Occidentaux. Et nous voyons que [cet engagement] grandit, a signalé jeudi face à la presse le porte-parole de la présidence russe, Dmitri Peskov.

D'après l'Ukraine, l'obtention d'armements est vitale pour reprendre les territoires dont la Russie revendique l'annexion. D'autant que, dans l'Est, les combats s'intensifient, a relevé mercredi soir la vice-ministre ukrainienne de la Défense, Ganna Maliar.

Un char d'assaut dans l'eau.

Une douzaine de pays possèdent des chars d'assaut de type Leopard 2, fabriqués en Allemagne.

Photo : Getty Images / Sean Gallup

Nous ne sommes pas en guerre avec la Russie et aucun de nos partenaires ne l'est, a répliqué la porte-parole du ministère français des Affaires étrangères, Anne-Claire Legendre. La livraison d'équipements militaires dans le cadre de l'exercice de sa légitime défense ne constitue pas une cobelligérance, a-t-elle soutenu face à la presse.

Cette mise au point intervient également après une déclaration maladroite de la ministre allemande des Affaires étrangères, Annalena Baerbock, qui, alors que son pays a été très critiqué pour ses atermoiements, avait dit mercredi : Nous combattons dans une guerre contre la Russie et non entre nous.

Pour l'heure, dans l'Est, les combats s'intensifient, a souligné mercredi soir Ganna Maliar.

Les forces russes y sont en supériorité numérique, a-t-elle noté, citant la zone de Bakhmout, dont les troupes de Moscou tentent de s'emparer depuis plusieurs mois, mais aussi celle autour de Vougledar, une localité au sud-ouest de Donetsk.

Un homme marche près d'un pylône électrique.

Les infrastructures électriques ukrainiennes sont les cibles prioritaires des missiles et drones russes en plein hiver.

Photo : Getty Images / Spencer Platt

Par ailleurs, l'Ukraine a admis mercredi avoir dû abandonner Soledar – au nord-est de Bakhmout –, dont les Russes revendiquaient la prise depuis une semaine (nouvelle fenêtre).

Selon un sergent, qui répond au nom de guerre d'Alkor, la bataille a été rude, car les Ukrainiens étaient moins nombreux.

Nous tirons, encore et encore, mais, après cinq minutes, une nouvelle vague de 20 ennemis nous arrive dessus, dit-il. Leur nombre est énorme. Ils utilisent leurs soldats comme de la chair à canon.

Selon l'Institute for the Study of War, la Russie semble multiplier les offensives sur la ligne de front pour disperser les forces ukrainiennes afin de créer les conditions d'une opération offensive décisive.

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